Exposition « Supports/Surfaces :
Les origines 1966-1970 »
Carré d’art-Musée d’art
contemporain
Place de la Maison
Carrée, Nîmes
Du 13 octobre au
31décembre 2017
Accouchements
De
cette période historique et héroïque de Supports/Surfaces, dernière avant-garde
française, qui comprenait les douze artistes suivants : André-Pierre
Arnal, Vincent Bioulès, Louis Cane, Marc Devade, Daniel Dezeuze, Noël Dolla,
Toni Grand, Bernard Pagès, Jean-Pierre Pincemin, Patrick Saytour, André Valensi
et Claude Viallat, revient un parfum de révolte et de remise en cause.
Le titre de l’article m’a été suggéré par Arnal
et l’ensemble de cette monstration m’interpelle dans le cadre d’un
questionnement personnel, éminemment proustien. Ce qui donne à cet écrit un
éclairage en demi-teinte. Si l’on essaye de revoir ce qu’a été ce mouvement ─ éphémère
comme tout mouvement plastique ─ il s’inscrit dans une déconstruction de
l’objet tableau et la remise en cause des acquis d’une certaine tradition
française, liée à la seconde école de Paris. La chronologie voulue par Romain
Mathieu, commissaire de l’exposition, permet des points d’ancrage historiques, mais
sans parvenir à nous entraîner dans l’enthousiasme de la jeunesse. Car ces
artistes ont été jeunes et certains le demeureront toujours.
L’exposition Impact en 1966, moment d’élaboration avec d’autres créateurs comme
Buraglio, Buren, Parmentier et Rouan appartient aux commencements. Celle de
Coaraze, en 1970, montre une occupation de l’espace public de ce petit village
des hauteurs de Nice. Il s’agit dès lors de quitter ─ temporairement ─ l’espace
clôt des galeries et des musées pour se projeter dans un in situ paysager.
L’importance des questions théoriques de ces années post 68 a toujours été avec
le recul un enjeu essentiel dont la quasi-théologie nous échappe parfois
aujourd’hui. L’importance du structuralisme et du marxisme semble appartenir à un
passé révolu.
Une des œuvres iconiques de Supports/Surfaces
demeure celle de Daniel Dezeuze, avec son châssis simplement recouvert d’une
feuille de plastique et posé au sol (1967). Tout se trouve montré et dit en un
raccourci saisissant entre l’ancien et le nouveau monde. Élément d’une grande
simplicité, évitant toute fioriture, plongeant le regardeur dans un
questionnement efficace, cette réalisation sans concession ouvre tous les
possibles.
Certes, il a aussi existé des liens avec le Nouveau
Réalisme, par le biais de la ville de Nice et des confrontations plastiques
entre artistes des deux mouvements. Louis Cane et ses tampons s’opposent ou
complètent ceux d’Arman. Claude Viallat s’y est aussi trouvé un certain temps. Nous
voyons à travers ses expérimentations toute une recherche qui va des bois flottés
aux filets et l’empreinte fameuse qui occupe la toile libre. La pratique du
dessin demeure une activité mise en veilleuse durant ces années d’intense
réflexion. Pourtant Viallat, comme Bioulès ou Dezeuze, n’ont cessé de le
pratiquer avec une grande virtuosité, quitte à attendre des temps moins
politiques pour l’exposer plus sereinement.
Il
reste encore beaucoup à faire encore pour redonner une visibilité à Supports/Surfaces
au niveau international donc américain. Le choix de privilégier l’Arte Povera
dans l’histoire de l’art mondial ne relève pas de l’anodin, mais d’un choix
idéologique voulu par le marché et ses académies informelles. Comme quoi le
présent se trouve irrigué par le passé. Une nostalgie qui aurait alors un
parfum d’avenir. Christian
Skimao
1 commentaire:
Merci Christian
Et dès que j'eus reconnu le goût du morceau de madeleine trempé dans le tilleul que me donnait ma tante (quoique je ne susse pas encore et dusse remettre à bien plus tard de découvrir pourquoi ce souvenir m'eut rendu si heureux), aussitôt la vieille maison grise sur la rue, où était sa chambre, vint comme un décor de théâtre s'appliquer au petit pavillon, donnant sur le jardin, qu'on avait construit pour mes parents sur ses derrières (ce pan tronqué que seul j'avais revu jusque là) ; et avec la maison, la ville, depuis le matin jusqu'au soir et par tous les temps, la Place où on m'envoyait avant déjeuner, les rues où j'allais faire des courses, les chemins qu'on prenait si le temps était beau. Sic M.P.
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