mardi 17 octobre 2017

Supports/Surfaces (Carré d'art Nîmes)

Exposition « Supports/Surfaces : Les origines 1966-1970 »
Carré d’art-Musée d’art contemporain
Place de la Maison Carrée, Nîmes
Du 13 octobre au 31décembre 2017





                                              
                               Accouchements

  De cette période historique et héroïque de Supports/Surfaces, dernière avant-garde française, qui comprenait les douze artistes suivants : André-Pierre Arnal, Vincent Bioulès, Louis Cane, Marc Devade, Daniel Dezeuze, Noël Dolla, Toni Grand, Bernard Pagès, Jean-Pierre Pincemin, Patrick Saytour, André Valensi et Claude Viallat, revient un parfum de révolte et de remise en cause.

  Le titre de l’article m’a été suggéré par Arnal et l’ensemble de cette monstration m’interpelle dans le cadre d’un questionnement personnel, éminemment proustien. Ce qui donne à cet écrit un éclairage en demi-teinte. Si l’on essaye de revoir ce qu’a été ce mouvement ─ éphémère comme tout mouvement plastique ─ il s’inscrit dans une déconstruction de l’objet tableau et la remise en cause des acquis d’une certaine tradition française, liée à la seconde école de Paris. La chronologie voulue par Romain Mathieu, commissaire de l’exposition, permet des points d’ancrage historiques, mais sans parvenir à nous entraîner dans l’enthousiasme de la jeunesse. Car ces artistes ont été jeunes et certains le demeureront toujours.
  L’exposition Impact en 1966, moment d’élaboration avec d’autres créateurs comme Buraglio, Buren, Parmentier et Rouan appartient aux commencements. Celle de Coaraze, en 1970, montre une occupation de l’espace public de ce petit village des hauteurs de Nice. Il s’agit dès lors de quitter ─ temporairement ─ l’espace clôt des galeries et des musées pour se projeter dans un in situ paysager. L’importance des questions théoriques de ces années post 68 a toujours été avec le recul un enjeu essentiel dont la quasi-théologie nous échappe parfois aujourd’hui. L’importance du structuralisme et du marxisme semble appartenir à un passé révolu.
  Une des œuvres iconiques de Supports/Surfaces demeure celle de Daniel Dezeuze, avec son châssis simplement recouvert d’une feuille de plastique et posé au sol (1967). Tout se trouve montré et dit en un raccourci saisissant entre l’ancien et le nouveau monde. Élément d’une grande simplicité, évitant toute fioriture, plongeant le regardeur dans un questionnement efficace, cette réalisation sans concession ouvre tous les possibles.
  Certes, il a aussi existé des liens avec le Nouveau Réalisme, par le biais de la ville de Nice et des confrontations plastiques entre artistes des deux mouvements. Louis Cane et ses tampons s’opposent ou complètent ceux d’Arman. Claude Viallat s’y est aussi trouvé un certain temps. Nous voyons à travers ses expérimentations toute une recherche qui va des bois flottés aux filets et l’empreinte fameuse qui occupe la toile libre. La pratique du dessin demeure une activité mise en veilleuse durant ces années d’intense réflexion. Pourtant Viallat, comme Bioulès ou Dezeuze, n’ont cessé de le pratiquer avec une grande virtuosité, quitte à attendre des temps moins politiques pour l’exposer plus sereinement.
    Il reste encore beaucoup à faire encore pour redonner une visibilité à Supports/Surfaces au niveau international donc américain. Le choix de privilégier l’Arte Povera dans l’histoire de l’art mondial ne relève pas de l’anodin, mais d’un choix idéologique voulu par le marché et ses académies informelles. Comme quoi le présent se trouve irrigué par le passé. Une nostalgie qui aurait alors un parfum d’avenir.                                                                                                                                                                                                                                                               Christian Skimao


1 commentaire:

Pointopoint a dit…

Merci Christian
Et dès que j'eus reconnu le goût du morceau de madeleine trempé dans le tilleul que me donnait ma tante (quoique je ne susse pas encore et dusse remettre à bien plus tard de découvrir pourquoi ce souvenir m'eut rendu si heureux), aussitôt la vieille maison grise sur la rue, où était sa chambre, vint comme un décor de théâtre s'appliquer au petit pavillon, donnant sur le jardin, qu'on avait construit pour mes parents sur ses derrières (ce pan tronqué que seul j'avais revu jusque là) ; et avec la maison, la ville, depuis le matin jusqu'au soir et par tous les temps, la Place où on m'envoyait avant déjeuner, les rues où j'allais faire des courses, les chemins qu'on prenait si le temps était beau. Sic M.P.