LUMA
Arles
Exposition
« Jean Prouvé-Architecte des Jours Meilleurs »
Parc
des Ateliers et Grande Halle
Du
21 octobre 2017 au printemps 2018
Jean Prouvé, Ecole provisoire de Villejuif, 1957. Parc des Ateliers, LUMA Arles. Photo Victor Picon. |
Une esthétique sociale et
solidaire
Réalisée en collaboration avec la galerie
Patrick Seguin à Paris, cette présentation de douze constructions (maisons
individuelles, écoles, bâtiments utilitaires, etc.) met en lumière le travail formidable
de Jean Prouvé, couvrant ici la période allant de 1939 à 1969. Ce dernier, né
en 1901 à Paris, est le fils de Victor Prouvé, peintre, ayant appartenu à l’Ecole
de Nancy, en participant à l’aventure des arts décoratifs de son temps. Cette
filiation importante aiguillonne le jeune Prouvé, obligé de se tourner vers la
ferronnerie pour des motifs pécuniaires avant de se lancer dans une recherche
plus industrielle, sise entre l’ingénieur et l’architecte. Fréquentant de
grands architectes comme Jeanneret ou Le Corbusier, il occupera le rôle de
« constructeur », terminologie nouvelle, partie prenante de la modernité
des années 30 et qui s’épanouira dans le monde de l’après-guerre.
Cette recherche fonctionnaliste se trouvera
donc confrontée à la nécessité de la reconstruction avec la volonté de mettre à
la disposition du plus grand nombre des structures peu coûteuses et très
rapidement montables ; un design de l’habitat qui prend en compte la
dimension sociale de l’architecture. Partant de l’utilisation d’une charpente
métallique de base (portique central), le reste de la maison se met en place,
de façon rapide, à la manière d’un Meccano. La solidité de l’ensemble le
dispute à la légèreté générale des matériaux. Il ne s’agit pas de s’ancrer dans
le sol, mais de reposer sur lui. Une riche documentation, claire et didactique,
mise en scène par Matthieu Humery, occupe également une partie de la Grande
Halle.
Le problème de la conservation des structures
trouve alors sa solution puisque l’on peut démonter l’ensemble, numéroter les
diverses parties et faire circuler le tout au gré des monstrations. Montage et
démontage appartiennent de facto à la circulation, offrant un statut hybride pour
les réalisations nomades de Jean Prouvé. S’il n’a pas été un inconnu de son
temps, certains architectes ont sans doute minimisé son rôle puisqu’il
n’appartenait pas à cette confrérie. La notion d’industrialisation du bâti
s’oppose au côté unique du chef-d’œuvre architectural. Il a pourtant œuvré avec
un grand nombre d’entre eux, parmi les plus célèbres du 20ème
siècle.
Néanmoins, au fil des années, son nom apparaît
dans un milieu de connaisseurs et sa participation active à de nombreuses
constructions se trouve reconnue avant sa disparition à Nancy en 1984. La
passion mise par Patrick Seguin à le défendre, à retrouver son travail et à le
restaurer participe pleinement de cet effort. Un élégant et sobre catalogue se
trouve publié chez Phaidon qui reprend le titre de l’exposition avec deux
textes éclairants de Philippe Trétiak et Mark Wigley.
Christian Skimao
Christian Skimao
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