mardi 24 octobre 2017

Jean Prouvé-Architecte des Jours Meilleurs LUMA Arles

LUMA Arles
Exposition « Jean Prouvé-Architecte des Jours Meilleurs »
Parc des Ateliers et Grande Halle
Du 21 octobre 2017 au printemps 2018



Jean Prouvé, Ecole provisoire de Villejuif, 1957. Parc des Ateliers, LUMA Arles. Photo Victor Picon.


     Une esthétique sociale et solidaire                 


  Réalisée en collaboration avec la galerie Patrick Seguin à Paris, cette présentation de douze constructions (maisons individuelles, écoles, bâtiments utilitaires, etc.) met en lumière le travail formidable de Jean Prouvé, couvrant ici la période allant de 1939 à 1969. Ce dernier, né en 1901 à Paris, est le fils de Victor Prouvé, peintre, ayant appartenu à l’Ecole de Nancy, en participant à l’aventure des arts décoratifs de son temps. Cette filiation importante aiguillonne le jeune Prouvé, obligé de se tourner vers la ferronnerie pour des motifs pécuniaires avant de se lancer dans une recherche plus industrielle, sise entre l’ingénieur et l’architecte. Fréquentant de grands architectes comme Jeanneret ou Le Corbusier, il occupera le rôle de « constructeur », terminologie nouvelle, partie prenante de la modernité des années 30 et qui s’épanouira dans le monde de l’après-guerre. 

  Cette recherche fonctionnaliste se trouvera donc confrontée à la nécessité de la reconstruction avec la volonté de mettre à la disposition du plus grand nombre des structures peu coûteuses et très rapidement montables ; un design de l’habitat qui prend en compte la dimension sociale de l’architecture. Partant de l’utilisation d’une charpente métallique de base (portique central), le reste de la maison se met en place, de façon rapide, à la manière d’un Meccano. La solidité de l’ensemble le dispute à la légèreté générale des matériaux. Il ne s’agit pas de s’ancrer dans le sol, mais de reposer sur lui. Une riche documentation, claire et didactique, mise en scène par Matthieu Humery, occupe également une partie de la Grande Halle.

  Le problème de la conservation des structures trouve alors sa solution puisque l’on peut démonter l’ensemble, numéroter les diverses parties et faire circuler le tout au gré des monstrations. Montage et démontage appartiennent de facto à la circulation, offrant un statut hybride pour les réalisations nomades de Jean Prouvé. S’il n’a pas été un inconnu de son temps, certains architectes ont sans doute minimisé son rôle puisqu’il n’appartenait pas à cette confrérie. La notion d’industrialisation du bâti s’oppose au côté unique du chef-d’œuvre architectural. Il a pourtant œuvré avec un grand nombre d’entre eux, parmi les plus célèbres du 20ème siècle.

 Néanmoins, au fil des années, son nom apparaît dans un milieu de connaisseurs et sa participation active à de nombreuses constructions se trouve reconnue avant sa disparition à Nancy en 1984. La passion mise par Patrick Seguin à le défendre, à retrouver son travail et à le restaurer participe pleinement de cet effort. Un élégant et sobre catalogue se trouve publié chez Phaidon qui reprend le titre de l’exposition avec deux textes éclairants de Philippe Trétiak et Mark Wigley.

                         Christian Skimao
          

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