Exposition
« Jean-Michel Meurice : parcours 1956-2018 »
Musée
Fabre, Montpellier
Du
29 janvier au 29 avril 2018
Pénélope
// 1973,
teinture et acrylique sur toile, 600 x 250 cm, dépôt de l’artiste, 2017
© Musée Fabre de
Montpellier Méditerranée Métropole - photographie Frédéric Jaulmes
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Corps à
corps entre la peinture
Jean-Michel Meurice est un artiste atypique, ce
qui ne veut rien dire à moins que cet adjectif ne le place parmi les véritables
artistes. Il est vrai que la constitution de son œuvre jongle avec le cinéma et
la peinture autour de la notion permanente du questionnement. Dans cette
exposition didactique, une quarantaine de toiles, classées par période, permettent
de mieux appréhender les recherches de l’artiste.
Travaillant sur des œuvres sur papier vers 1961,
Meurice a exposé à 28 ans à la galerie Jean Fournier avec Simon Hantaï. Né en
1938 à Lille, il appartient à la génération de Supports-Surfaces dont il
partage un certain nombre de préoccupations comme sa volonté de se libérer des
contraintes du châssis, tout en n’ayant pas appartenu officiellement au groupe.
L’artiste a souvent oscillé entre une supposée abstraction lyrique et l’emploi
de matériaux non-nobles. On citera les films d’aluminium en 1965 ou les vinyls
en 1969. On peut parler d’un retour à la peinture par le biais de couleurs
audacieuses, qualifiables aujourd’hui de « flashy », en larges plans
horizontaux qui dynamisent l’espace tout en le saturant. Teintures et peintures
au pinceau se disputent la toile en un rythme soutenu.
Dans les années 1980-1990, Meurice se
passionne pour l’art islamique à la faveur d’un voyage en Andalousie effectué à
la fin des années 1970. Il est amusant de constater que ce choc esthétique a
déjà été ressenti par bien des artistes français contemporains comme François
Morellet, par exemple. Dans le cadre de cette réinterprétation, des empreintes
viennent alors prendre place, avec une grande justesse, dans ses nouvelles compositions.
Enfin, à partir des années 2000, Meurice s’intéresse
aux ipomées, fleurs sensuelles qui distillent sur la toile un émerveillement
certain mais toujours intriguant. On évoquera une recherche plus spirituelle, mais
qui n’a sans doute jamais quitté l’artiste qui déclarait dans un entretien à
Catherine Francblin, en 2017, dans la revue art
press : « L’engagement profond de
la peinture est uniquement dans la peinture elle-même. C’est un médium entre
soi et le cosmos, et non pas entre soi et la société. »
Les contraires se
complètent dans cette œuvre qui a toujours voulu trouver le lien plutôt que la
séparation. La courbe se marie à la droite en une réflexion plastique. La
gestuelle de l’artiste rejoint l’art du portrait du cinéaste. Le corps de
l’artiste soutient le corps de la peinture, comme dans « Pénélope »
(1973) où la rigueur se fait danse immobile.
Christian Skimao
Christian Skimao
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