jeudi 8 février 2018

Jean-Michel Meurice (Musée Fabre) 2018


Exposition « Jean-Michel Meurice : parcours 1956-2018 »
Musée Fabre, Montpellier
Du 29 janvier au 29 avril 2018





Pénélope // 1973, teinture et acrylique sur toile, 600 x 250 cm, dépôt de l’artiste, 2017
© Musée Fabre de Montpellier Méditerranée Métropole - photographie Frédéric Jaulmes


                                             
              Corps à corps entre la peinture


  Jean-Michel Meurice est un artiste atypique, ce qui ne veut rien dire à moins que cet adjectif ne le place parmi les véritables artistes. Il est vrai que la constitution de son œuvre jongle avec le cinéma et la peinture autour de la notion permanente du questionnement. Dans cette exposition didactique, une quarantaine de toiles, classées par période, permettent de mieux appréhender les recherches de l’artiste.

  Travaillant sur des œuvres sur papier vers 1961, Meurice a exposé à 28 ans à la galerie Jean Fournier avec Simon Hantaï. Né en 1938 à Lille, il appartient à la génération de Supports-Surfaces dont il partage un certain nombre de préoccupations comme sa volonté de se libérer des contraintes du châssis, tout en n’ayant pas appartenu officiellement au groupe. L’artiste a souvent oscillé entre une supposée abstraction lyrique et l’emploi de matériaux non-nobles. On citera les films d’aluminium en 1965 ou les vinyls en 1969. On peut parler d’un retour à la peinture par le biais de couleurs audacieuses, qualifiables aujourd’hui de « flashy », en larges plans horizontaux qui dynamisent l’espace tout en le saturant. Teintures et peintures au pinceau se disputent la toile en un rythme soutenu.

  Dans les années 1980-1990, Meurice se passionne pour l’art islamique à la faveur d’un voyage en Andalousie effectué à la fin des années 1970. Il est amusant de constater que ce choc esthétique a déjà été ressenti par bien des artistes français contemporains comme François Morellet, par exemple. Dans le cadre de cette réinterprétation, des empreintes viennent alors prendre place, avec une grande justesse, dans ses nouvelles compositions.

  Enfin, à partir des années 2000, Meurice s’intéresse aux ipomées, fleurs sensuelles qui distillent sur la toile un émerveillement certain mais toujours intriguant. On évoquera une recherche plus spirituelle, mais qui n’a sans doute jamais quitté l’artiste qui déclarait dans un entretien à Catherine Francblin, en 2017, dans la revue art press : « L’engagement profond de la peinture est uniquement dans la peinture elle-même. C’est un médium entre soi et le cosmos, et non pas entre soi et la société. »

  Les contraires se complètent dans cette œuvre qui a toujours voulu trouver le lien plutôt que la séparation. La courbe se marie à la droite en une réflexion plastique. La gestuelle de l’artiste rejoint l’art du portrait du cinéaste. Le corps de l’artiste soutient le corps de la peinture, comme dans « Pénélope » (1973) où la rigueur se fait danse immobile. 

                                                                                                                   Christian Skimao
           


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