mardi 17 avril 2018

Désir d'archéologie (Carré d'art-Musée d'art contemporain Nîmes)

Exposition « Un désir d’archéologie (Perspectives sur le futur) »
Avec Baris Dogrusöaz, Asier Mendizabal, Thu Van Tran, Clemens Von Wedemeyer
Project Room
Carré d’art-Musée d’art contemporain
Place de la Maison Carrée, Nîmes
Du 12 avril au 4 novembre 2018

Et le nouvel accrochage de la collection permanente du Musée.




The Beginning. Living Figures dying, 2013 Installation vidéo HD. 18’ Vue de l’installation à KOW, Berlin, 2015. Photo Ladislav Zajac Courtesy KOW, Berlin & Galerie Jocelyn Wolff, Paris © C. von Wedemeyer 




                                              Un futur antique


 
 L’exposition joue avec la thématique de l’archéologie, pendant contemporain d’une recherche plastique, menée en parallèle avec la future ouverture du Musée de la Romanité en juin de cette année. Quatre artistes proposent ainsi quatre approches différentes mais complémentaires.

  De prime abord, la plus parlante est celle de Clemens Von Wedemeyer, qui joue avec les stéréotypes du cinéma et de sa représentation du monde antique. Utilisant de nombreux extraits de films anciens et optant pour un remontage à la fois séquentiel et évolutif, son installation « The Beginning. Living Figures Diying. » frappe par le besoin de reconnaître, de comparer et de classer, ce qui s’avère bien vite impossible. D’où cette délicieuse frustration face à la sculpture grecque et romaine qui s’ajoute à une sorte de nostalgie cinéphile.

  Toujours dans les réalisations animées, « Europos Dura Project » -A relational excavation » de Baris Dogrusöz propose une projection sur deux châssis tendus faisant office d’écran. Cette cité, Europos Doura, sise en Syrie, a existé au 3ème siècle avant J-C et durant 500 ans a été un lieu intense d’échanges commerciaux et culturels. Assiégée par les Perses et ensevelie par le sable, elle réapparaît pour les archéologues. L’artiste, travaillant à la façon d’un chercheur, nous met en scène et en images une sorte de Pompéi plus orientale où la résistance joue avec l’oubli en un parallèle troublant avec les destructions actuelles dans le même pays.

  Asier Mendizabal questionne le musée et sa présentation idéologique des objets et des restes humains en s’appuyant sur les écrits théoriques de Paul Rivet qui au début du 20ème siècle a conduit une expédition nommée Deuxième mission géodésique française en Équateur. La présentation des crânes et des vases laisse voir un point de vue esthétique et idéologique de l’époque. En les contournant et les déplaçant, il change les points de vue et introduit une critique certaine de cette approche datée. Mais où nous plaçons-nous aujourd’hui face à cette altérité ?

  Avec une série de photos intitulée « Les pieds de la République », Thu Van Tran a retrouvé un monument daté de 1920 à la gloire de l’épopée coloniale. Placée initialement au Palais des colonies à la porte de Vincennes, la statue a été déménagée au jardin tropical de Nogent-sur-Marne où elle sert de support anonyme aux jeux des enfants. Décrépitude de l’Empire et réappropriation ou non du passé offrent une réjouissante et questionnante perspective. Une seconde œuvre nommée « Notre mélancolie », se trouve composée de moules en plâtre de dix-neuf lettres et deux ponctuations qui ont permis de matérialiser un poème en quatre vers de Fernando Pessoa. Des prothèses en cire étayent les lettres présentes en creux. Au texte répond l’absence et paradoxalement ces fossiles annoncent la présence.

                                           Christian Skimao


OMER FAST - Continuity, 2012, vidéo HD, couleur, son, durée : 40' en boucle. Dépôt du Centre national des arts plastiques. Inv.: FNAC 2014-0467. Photo courtesy GB Agency/Phillip Wölke. © Omer Fast. 





  Le nouvel accrochage de 2018 intitulé « Collection des archipels » présente 22 artistes dont une œuvre de Patrick Saytour, une vidéo d’Omer Fast « Continuity », la série des diagrammes de Suzanne Treister, les fragments reproduits de la Statue de la Liberté de Danh Vo,…  pour ne citer que ceux-ci. Le titre général utilise les réflexions théoriques et poétiques d’Édouard Glissant dans son ouvrage Tout Monde.





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