Exposition « Un désir d’archéologie
(Perspectives sur le futur) »
Avec Baris Dogrusöaz, Asier Mendizabal, Thu Van Tran,
Clemens Von Wedemeyer
Project Room
Carré d’art-Musée d’art contemporain
Place de la Maison Carrée, Nîmes
Du 12 avril au 4 novembre 2018
Et le nouvel accrochage de la collection
permanente du Musée.
Un
futur antique
L’exposition joue avec la
thématique de l’archéologie, pendant contemporain d’une recherche plastique, menée
en parallèle avec la future ouverture du Musée de la Romanité en juin de cette
année. Quatre artistes proposent ainsi quatre approches différentes mais
complémentaires.
De prime
abord, la plus parlante est celle de Clemens Von Wedemeyer, qui joue avec les
stéréotypes du cinéma et de sa représentation du monde antique. Utilisant de
nombreux extraits de films anciens et optant pour un remontage à la fois
séquentiel et évolutif, son installation « The Beginning. Living Figures Diying. »
frappe par le besoin de reconnaître, de comparer et de classer, ce qui s’avère
bien vite impossible. D’où cette délicieuse frustration face à la sculpture grecque
et romaine qui s’ajoute à une sorte de nostalgie cinéphile.
Toujours dans
les réalisations animées, « Europos Dura Project » -A relational
excavation » de Baris Dogrusöz propose une projection sur deux châssis
tendus faisant office d’écran. Cette cité, Europos Doura, sise en Syrie, a
existé au 3ème siècle avant J-C et durant 500 ans a été un lieu
intense d’échanges commerciaux et culturels. Assiégée par les Perses et ensevelie
par le sable, elle réapparaît pour les archéologues. L’artiste, travaillant à
la façon d’un chercheur, nous met en scène et en images une sorte de Pompéi
plus orientale où la résistance joue avec l’oubli en un parallèle troublant
avec les destructions actuelles dans le même pays.
Asier
Mendizabal questionne le musée et sa présentation idéologique des objets et des
restes humains en s’appuyant sur les écrits théoriques de Paul Rivet qui au
début du 20ème siècle a conduit une expédition nommée Deuxième
mission géodésique française en Équateur. La présentation des crânes et des
vases laisse voir un point de vue esthétique et idéologique de l’époque. En les
contournant et les déplaçant, il change les points de vue et introduit une
critique certaine de cette approche datée. Mais où nous plaçons-nous
aujourd’hui face à cette altérité ?
Avec une
série de photos intitulée « Les pieds de la République », Thu Van
Tran a retrouvé un monument daté de 1920 à la gloire de l’épopée coloniale.
Placée initialement au Palais des colonies à la porte de Vincennes, la statue a
été déménagée au jardin tropical de Nogent-sur-Marne où elle sert de support anonyme
aux jeux des enfants. Décrépitude de l’Empire et réappropriation ou non du
passé offrent une réjouissante et questionnante perspective. Une seconde œuvre
nommée « Notre mélancolie », se trouve composée de moules en plâtre
de dix-neuf lettres et deux ponctuations qui ont permis de matérialiser un
poème en quatre vers de Fernando Pessoa. Des prothèses en cire étayent les
lettres présentes en creux. Au texte répond l’absence et paradoxalement ces
fossiles annoncent la présence.
Christian Skimao
OMER FAST - Continuity, 2012, vidéo HD, couleur, son, durée : 40' en boucle. Dépôt du Centre national des arts plastiques. Inv.: FNAC 2014-0467. Photo courtesy GB Agency/Phillip Wölke. © Omer Fast. |
Le nouvel
accrochage de 2018 intitulé « Collection des archipels » présente 22
artistes dont une œuvre de Patrick Saytour, une vidéo d’Omer Fast
« Continuity », la série des diagrammes de Suzanne Treister, les
fragments reproduits de la Statue de la Liberté de Danh Vo,… pour ne citer que ceux-ci. Le titre général utilise
les réflexions théoriques et poétiques d’Édouard Glissant dans son ouvrage Tout Monde.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire