lundi 23 avril 2018

« Soleil chaud, soleil tardif. Les Modernes indomptés » et « Paul Nash. Éléments lumineux » Fondation Vincent van Gogh, Arles


Expositions « Soleil chaud, soleil tardif. Les Modernes indomptés »
et « Paul Nash. Éléments lumineux »
Fondation Vincent van Gogh
35ter, rue du docteur Fanton, Arles
Du 21 avril au 28 octobre 2018


Coup de chaud esthétique



  Double exposition avec « Soleil chaud, soleil tardif » qui s’inscrit dans le grand projet « Picasso-Méditerranée » d’une part, et la première exposition importante des œuvres de Paul Nash en France.


Picasso-Tête d'homme au chapeaudepaille,1971© Succession Picasso.


  En revenant sur la première, au sous-titre extrêmement évocateur, « Les Modernes indomptés », Bice Curiger a mis en relation des œuvres d’époques différentes dont les liens se tissent au soleil des émotions. Un mélange détonant d’influences placées sous le signe de Van Gogh et qui irrigue la modernité. Travaillant également sur le concept d’œuvre tardive, elle convie des travaux de Picasso de la dernière période, très libres, qui furent fort mal accueillis lors de leur présentation dans les années 1970 à l’exposition d’Avignon. Puissance du jugement de l’histoire puisqu’ils se trouvent aujourd’hui totalement compris et admirés. Des peintures de Giorgio De Chirico, reprenant celles de ses débuts, posant la question de l’originalité et de la contemporanéité. L’énigme de sa démarche demeure totalement intacte. Des rapports formels s’établissent avec Sigmar Polke, ce qui est plus surprenant tandis que les superbes toiles de Joan Mitchell s’épanouissent pleinement dans les salles. Calder se trouve présent avec des œuvres sur papier d’une grande sensibilité où des motifs un peu enfantins offrent au regard une gaîté inattendue. En contrepoint, le travail très ciselé d’Etel Adnan lui répond tandis que des extraits de texte de L’Apocalypse arabe nous entraînent dans les méandres de la guerre civile libanaise. Mort et Soleil. Deux plongées dans le temps, au 19ème siècle tout d’abord avec Adolphe Monticelli, né à Marseille, qu’admirait Vincent van Gogh ; au 20ème siècle avec le polymorphe Sun Ra, compositeur et musicien américain, mais aussi dessinateur et réalisant des performances de style afrofuturiste. Des films, documents d’époque, et autres raretés ponctuent ce grand moment de la rencontre du beat et d’une mythologie égyptienne revisitée.



Paul Nash -Eclipse of the Sunflower, 1945



    Simon Grant a réalisé le commissariat de la seconde consacrée au peintre britannique Paul Nash (1889-1946). En partie placée sous le signe solaire et terrien par excellence du tournesol, les brumes de l’Angleterre se dissiperont-elles au soleil des modernités ? L’approche picturale de cet artiste demeure assez complexe, mélangeant les styles et les influences de son époque. À la fois très impliqué dans les deux conflits mondiaux de son temps, il a été artiste officiel de guerre, tout en poursuivant une recherche teintée d’un fort mysticisme. Le rapport entretenu avec les avant-gardes de son temps apparaît comme assez symptomatique d’une approche anglaise qui n’a pas participé véritablement aux enjeux modernistes, exception faite avec le Vorticisme et l’influence du Surréalisme, comme la France ou l’Allemagne, du moins jusqu’aux années 1950 avec l’émergence du Pop’Art. Michael Bracewell évoque le « modernisme visionnaire anglais » à son égard, sorte de rêverie spatiale mâtinée de références mythologiques, complétée par une glissade du côté d’un certain fantastique. Son intérêt pour les paysages et les formes de la nature (comme les champignons) se double d’une volonté de s’abstraire du réalisme sans véritablement faire de l’abstraction. L’admiration portée à Jean Lurçat pourrait ainsi offrir une piste dans la découverte de cette inclassable personnalité.

Christian Skimao


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