Exposition
Wolfgang Tillmans
« Qu’est-ce
qui est différent ? »
Carré
d’art-Musée d’art contemporain
Place
de la Maison Carrée, Nîmes
Du
4 mai au 16 septembre 2018
"Paper drop Oranienplatz, c. "2017 Wolfgang Tillmans. Courtesy Galerie Chantal Crousel et Galerie Buchholz, |
Faux-vrai ou vrai-faux ?
Pour une fois, débutons avec le catalogue de
l’exposition qui reprend en français une parution d’où provient le titre de
l’exposition. Wolfgang Tillmans a été invité comme rédacteur en chef par
l’Association des arts et de la culture de l’économie allemande (« Kulturkreis
der Deutschen Wirtschaft ») qui s’occupe d’un important projet annuel de
théorie (« Jahresring »). Voilà une publication qui semble, en effet,
bien éloignée des problématiques de l’art contemporain et pourtant elle permet
à l’artiste d’évoquer ses points de vue avec des invités sur des problématiques
relevant conjointement des domaines éthiques, esthétiques, sociologiques, et
même politiques.
Au niveau des œuvres présentées, le choix a
porté sur des productions récentes comme « Vapeur » de 2017, mais
aussi de plus anciennes, comme « Springer » de 1987. Les images
proviennent de magazines, de clichés réalisés par l’artiste et aussi de la
source inépuisable que représente internet. Au niveau des portraits existent de
nombreuses œuvres qui interrogent le monde sur les relations, soit amoureuses,
soit sociales, mais aussi sur les difficultés subies par les minorités tant
sexuelles qu’ethniques. Le sexe n’est pas toujours si libérateur car le regard
de l’Autre peut changer la nature profonde de chaque image, la dénaturer en
quelque sorte.
Si l’interprétation demeure une source de
malentendus, l’artiste a développé depuis 2005 les « Truth study center ».
Il s’agit de tables où sont présentées des photocopies d’information erronées
provenant de la presse mondiale avec des textes théoriques. Ces compositions
permettent une collision entre le monde politique et l’univers photographique
personnel. La frontière devient de plus en plus mince entre un réel supposé,
son analyse et sa potentielle représentation. Rien ne sert de courir après les
lubies de l’époque, seule compte l’analyse
Retour à une vision plus esthétisante avec la
somptueuse série « Paper drop Oranienplatz » de 2017 qui achève le
parcours muséal à Nîmes. Le rapport existant entre la feuille de papier qui
donne la forme de la goutte ainsi que la référence géographique de cette place
berlinoise de Kreuzberg où de nombreux réfugiés ont séjourné, nous ouvre des horizons
nouveaux. Tous les possibles se trouvent présents et absents à la fois, cachés
ou révélés.
Le travail plastique et politique au sens
large de Wolfgang Tillmans questionne les fondements même de notre système de
perception. À l’heure des « fake news » érigés comme vérité, se pose
la question du sens critique. Sa disparition (Mais existait-il davantage
autrefois ? On peut en douter au regard des idéologies du 20ème
siècle) conjuguée avec la notion de « Backfire effect » (« Retour
de flamme ») qui définit une attitude psychologique selon laquelle un
individu reste convaincu de la véracité d’une affirmation malgré le fait
qu’elle soit totalement fausse, propose de nouvelles manipulations. Et le
jugement de l’Histoire dans tout ça ? Cristian
Skimao
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