LUMA
Arles
Parc
des Ateliers, La Grande Halle
Expositions :
-
« PIXEL FOREST » de Pipilotti Rist
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« APEX » d’Arthur Jaffa
-
« SUCH A MORNING » d’Amar Kanwar
-
« Une histoire avec Vincent » de Lily Gavin
Du
2 juillet au 4 novembre 2018
Bouquet d’expositions
L’immersion, caractérise cette
réalisation de Pipilotti Rist intitulée « Pixel Forest ». En effet, 3000
Led se trouvent suspendus le long de câbles dans des coquilles de résine toutes
faites main. Cette verticalité vibrionnante prend place dans un caisson en bois
dont les murs possèdent un fond bleu propre aux prises de vue
cinématographiques sans décor préétabli. L’artiste propose au spectateur un
voyage d’une trentaine de minutes soutenu par les musiques d’Anders Guggisberg
et de Heinz Rohrer qui ponctuent les clignotements des lumières. Outre la
technicité mise en branle, mais qui ne serait rien sans la valeur poétique de
cet environnement, on peut aussi y voir une métaphore du fonctionnement du
cerveau au travers de la transmission des stimuli lumineux. Cette plongée dans
un crâne possède à la fois une grande beauté plastique et un profond sens de la
découverte. L’artiste irrigue nos sens et nous laisse libre de circuler dans
une virtualité pourtant bien matérielle. Si nos sens demeurent en éveil, la
rêverie active qui se dégage de l’ensemble nous entraîne vers un fantastique
plein de charme.
A contrario, « Apex » d’Arthur Jafa
fonctionne sur un rythme saccadé : 841 images se trouvent projetées en 492
secondes, créant un choc visuel et auditif. Ce projet qui travaille à la
défense de la culture noire avec des apparitions de toutes sortes et de toutes
époques, se veut à la fois mémoriel et militant. La violence archivée trouve sa
pleine mesure dans la recherche d’une esthétique de l’urgence. Les rencontres
improbables dilatent les pupilles. Brutal ? Porteur d’une rage
certaine ? Collage impossible ? Une approche éprouvante qui met les
nerfs à rude épreuve, mais comme certains événements du réel.
Un long film méditatif de 85 minutes intitulé
« Such a morning », nous narre une approche du monde vue par Amar
Kanwar. Il se divise en deux parties, la première narrant l’installation d’un
professeur de mathématiques et poète dans un wagon désaffecté près d’une jungle
luxuriante. La deuxième évoque la présence d’une femme armée d’un fusil tandis
qu’au bout d’un laps de temps, des ouvriers surgis de nulle part démontent sa
maison. Enfin, apparaissent des lettres rédigées par le professeur qui nous
emmènent vers une dimension onirique. Où allons-nous et qui sommes-nous ? Par
le biais de cette histoire d’une simplicité apparente se posent beaucoup de
questions complexes sur le devenir de l’humain et de sa conception du monde.
Revenons à la photographie et Vincent van
Gogh. Dans le cadre d’Arles et de ses environs, l’acteur Willem Dafoe joue le
rôle du grand peintre. La démarche de Lily Gavin consiste à créer une fiction
se déroulant en 1888 où une jeune artiste aurait pu prendre des photos du
maître, mais aussi de la société de son temps. « Une histoire avec
Vincent » interroge sur la possibilité de remonter le temps et de rendre
plausible un passé qui n’existe pas véritablement ou du moins que l’on connaît
par bribes. S’efforçant de combler les vides, l’artiste crée une nouvelle
légende s’ancrant dans un réel disparu. Une démarche très intéressante qui
offre un cadre nostalgique teinté de fraîcheur à une vie devenue mythique.
Christian Skimao
Christian Skimao
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