mercredi 11 juillet 2018

LUMA Arles Parc des Ateliers, La Grande Halle



LUMA Arles
Parc des Ateliers, La Grande Halle
Expositions :
- « PIXEL FOREST » de Pipilotti Rist
- « APEX » d’Arthur Jaffa
- « SUCH A MORNING » d’Amar Kanwar
- « Une histoire avec Vincent » de Lily Gavin
Du 2 juillet au 4 novembre 2018

"Pixel Forest", Pipilotti Rist, Luma Arles, 2018.




              Bouquet d’expositions


  L’immersion, caractérise cette réalisation de Pipilotti Rist intitulée « Pixel Forest ». En effet, 3000 Led se trouvent suspendus le long de câbles dans des coquilles de résine toutes faites main. Cette verticalité vibrionnante prend place dans un caisson en bois dont les murs possèdent un fond bleu propre aux prises de vue cinématographiques sans décor préétabli. L’artiste propose au spectateur un voyage d’une trentaine de minutes soutenu par les musiques d’Anders Guggisberg et de Heinz Rohrer qui ponctuent les clignotements des lumières. Outre la technicité mise en branle, mais qui ne serait rien sans la valeur poétique de cet environnement, on peut aussi y voir une métaphore du fonctionnement du cerveau au travers de la transmission des stimuli lumineux. Cette plongée dans un crâne possède à la fois une grande beauté plastique et un profond sens de la découverte. L’artiste irrigue nos sens et nous laisse libre de circuler dans une virtualité pourtant bien matérielle. Si nos sens demeurent en éveil, la rêverie active qui se dégage de l’ensemble nous entraîne vers un fantastique plein de charme.

  A contrario, « Apex » d’Arthur Jafa fonctionne sur un rythme saccadé : 841 images se trouvent projetées en 492 secondes, créant un choc visuel et auditif. Ce projet qui travaille à la défense de la culture noire avec des apparitions de toutes sortes et de toutes époques, se veut à la fois mémoriel et militant. La violence archivée trouve sa pleine mesure dans la recherche d’une esthétique de l’urgence. Les rencontres improbables dilatent les pupilles. Brutal ? Porteur d’une rage certaine ? Collage impossible ? Une approche éprouvante qui met les nerfs à rude épreuve, mais comme certains événements du réel.

  Un long film méditatif de 85 minutes intitulé « Such a morning », nous narre une approche du monde vue par Amar Kanwar. Il se divise en deux parties, la première narrant l’installation d’un professeur de mathématiques et poète dans un wagon désaffecté près d’une jungle luxuriante. La deuxième évoque la présence d’une femme armée d’un fusil tandis qu’au bout d’un laps de temps, des ouvriers surgis de nulle part démontent sa maison. Enfin, apparaissent des lettres rédigées par le professeur qui nous emmènent vers une dimension onirique. Où allons-nous et qui sommes-nous ? Par le biais de cette histoire d’une simplicité apparente se posent beaucoup de questions complexes sur le devenir de l’humain et de sa conception du monde.

  Revenons à la photographie et Vincent van Gogh. Dans le cadre d’Arles et de ses environs, l’acteur Willem Dafoe joue le rôle du grand peintre. La démarche de Lily Gavin consiste à créer une fiction se déroulant en 1888 où une jeune artiste aurait pu prendre des photos du maître, mais aussi de la société de son temps. « Une histoire avec Vincent » interroge sur la possibilité de remonter le temps et de rendre plausible un passé qui n’existe pas véritablement ou du moins que l’on connaît par bribes. S’efforçant de combler les vides, l’artiste crée une nouvelle légende s’ancrant dans un réel disparu. Une démarche très intéressante qui offre un cadre nostalgique teinté de fraîcheur à une vie devenue mythique.                                                                                                                                   
                                                                                                                                                                     Christian Skimao


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