mercredi 11 juillet 2018

THE GREAT EXHIBITION,1971-2016, Gilbert & George » Du 2 juillet 2018 au 6 janvier 2019 LUMA Arles


LUMA Arles
Parc des Ateliers, La Mécanique Générale
« THE GREAT EXHIBITION,1971-2016, Gilbert &George »
Du 2 juillet 2018 au 6 janvier 2019


« THE GREAT EXHIBITION,1971-2016, Gilbert & George » Parc des Atelies. La Mécanique Générale. LUMA Arles, 2018.



                      Une cathédrale d’images


  Le terme de cathédrale ne correspond pas complètement à l’approche esthétique de nos artistes si l’on tient compte de la dimension populaire de leur art. On y verra plutôt une référence au caractère monumental de cette monstration, la déambulation tenant lieu de célébration. Il s’agit de mettre en lumière au travers de 80 œuvres d’un parcours exceptionnel commencé à la fin des années 1960 (un lointain 20ème siècle) et qui se poursuit jusqu’à aujourd’hui (un bon commencement du 21ème siècle). Les choses ont-elles vraiment changé ? En grande partie, oui, puisque la dimension parfois choquante de certaines de leurs œuvres n’a plus de raison d’être (bien que de nouvelles censures réapparaissent) car leur regard porté sur la vie, la mort, la peur, le sexe, l’argent, le communautarisme, la religion, etc. demeure délicieusement détonnant.

  Si leurs premières « Living sculptures » demeurent historiquement toujours passionnantes, la photographie va prendre à partir de 1971 une place prépondérante. Partant de petites compositions en noir et blanc, Gilbert & George vont se diriger vers de grandes constructions visuelles où les photographies se trouvent les unes à côté des autres, sous la forme de rectangles ou de carrés tandis que l’encadrement en noir de chacune fait songer aux séparations d’un vitrail. D’où la référence à la cathédrale dans le titre de l’article. Ces vitraux profanes jouent avec des couleurs stridentes, des images explicites de sexes, des textes contestataires et une remise en cause de la société anglaise et de son évolution.

 Si Gilbert & George continuent de se faire solliciter tous azimuts, c’est sans doute que leur « art pour tous » remplit une fonction sociologique de proximité car nos sculptures vivantes deviennent des icônes, non pas figées dans un rapport sacré au monde mais virevoltantes et pleines de malice. L’interaction entre un monde rempli d’idoles interchangeables et des icônes très accessibles comme eux joue avec les codes de la célébrité. Le corps souple de leurs « grandes machines » (en réempruntant ce terme à la peinture du 19ème siècle) sert aussi à mettre en lumière la vraie vie. Si la dimension poétique apparaît avec force dans leurs œuvres, leur marquage énigmatique remplit une fonction d’exorcisme : sculpter le verbe.
                                                                                                                             Christian Skimao


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