LUMA,
Les Forges, Parc des Ateliers, Arles
Du
14 octobre 2018 au 6 janvier 2019
Fritz Kahn, detail de Der Mensch als Industriepalast, 1926 Avec l’aimable autorisation de Kosmos Verlag |
Des
rafales d’images
Une exposition foisonnante au titre assez
brut qui couvre cent cinquante ans d’histoire au travers de nombreux secteurs
de l’image, allant des fondateurs de l’image fixe (William Henry Fox Talbot) à
l’animée (les frères Lumière) en passant à la fois par la technique et
l’artistique. Le commissariat se trouve assuré par Walead Beshty, penseur et
artiste né à Londres, qui propose une vision mouvante et évolutive de ce type
de monstration. Pour mémoire il avait déjà présenté en, 2016 à la Luma, une
grande ébauche sous le titre de Systematically
Open ? Nouvelles formes de production de l’image contemporaine.
Plus de trois cents œuvres et objets
d’environ cent contributeurs (d’Eadweard Muybridge à Jean-Luc Moulène) prennent
place dans les locaux, avec des photographies, des médias, de la peinture, du
dessin, de la vidéo, des collages, des installations, des films, ainsi que des
livres et des magazines. Un matériel extrêmement copieux qui peut faire perdre
la tête à certains spectateurs. En effet, les relations existant entre ces
œuvres ouvrent-elles de nouvelles perspectives ou bien laissent-elles place à
une sorte de sidération ? Cette question, d’apparence anodine, se situe au
cœur d’une perception active ou passive.
Dans le
cadre d’une approche élargie reposant sur une historicité ondoyante, Walead
Beshty travaille sur un concept souvent utilisé par lui (cf. son intervention
comme artiste avec sa fameuse série « FedEx » où ses envois de boîtes
en verre ou en cuivre, au format officiel du transporteur, se trouvaient exposées
avec les stigmates liés au transport), celui de l’interaction. Les
concepts de base : historicité (du 19ème au 21ème
siècle), modernité et contemporanéité, se trouvent présents physiquement avec
des œuvres mais se dissolvent volontairement dans une nouvelle approche reposant
sur une conceptualisation très forte. On voit ainsi un lien informel se
constituer entre les réalisations d’August Sander et LaToya Ruby Frazier, pour
ne citer que ces deux exemples, qui s’inscrit dans l’essence même de la
monstration.
En reprenant la citation de Mac Luhan,
« The medium is the message », on pourrait envisager une possible approche.
Mais l’ensemble de ce dispositif hybride (didactique, intellectuel et
artistique) ne peut actuellement se cantonner à cette approche. L’ancienne différenciation entre médias
« chauds » et médias « froids » offrait autrefois une
grille de lecture, bien datée aujourd’hui. Si la noosphère a désormais changé
la donne, l’esprit souffle toujours dans les images.
Christian Skimao
Christian Skimao
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