samedi 20 octobre 2018

Picture Industry : Une histoire provisoire de l’image technique, 1844 – 2018 LUMA, Les Forges, Parc des Ateliers, Arles


 Picture Industry : Une histoire provisoire de l’image technique, 1844 – 2018

LUMA, Les Forges, Parc des Ateliers, Arles
Du 14 octobre 2018 au 6 janvier 2019



Fritz Kahn, detail de Der Mensch als Industriepalast, 1926 Avec l’aimable autorisation de Kosmos Verlag 

Des rafales d’images


  Une exposition foisonnante au titre assez brut qui couvre cent cinquante ans d’histoire au travers de nombreux secteurs de l’image, allant des fondateurs de l’image fixe (William Henry Fox Talbot) à l’animée (les frères Lumière) en passant à la fois par la technique et l’artistique. Le commissariat se trouve assuré par Walead Beshty, penseur et artiste né à Londres, qui propose une vision mouvante et évolutive de ce type de monstration. Pour mémoire il avait déjà présenté en, 2016 à la Luma, une grande ébauche sous le titre de Systematically Open ? Nouvelles formes de production de l’image contemporaine.

   Plus de trois cents œuvres et objets d’environ cent contributeurs (d’Eadweard Muybridge à Jean-Luc Moulène) prennent place dans les locaux, avec des photographies, des médias, de la peinture, du dessin, de la vidéo, des collages, des installations, des films, ainsi que des livres et des magazines. Un matériel extrêmement copieux qui peut faire perdre la tête à certains spectateurs. En effet, les relations existant entre ces œuvres ouvrent-elles de nouvelles perspectives ou bien laissent-elles place à une sorte de sidération ? Cette question, d’apparence anodine, se situe au cœur d’une perception active ou passive.

  Dans le cadre d’une approche élargie reposant sur une historicité ondoyante, Walead Beshty travaille sur un concept souvent utilisé par lui (cf. son intervention comme artiste avec sa fameuse série « FedEx » où ses envois de boîtes en verre ou en cuivre, au format officiel du transporteur, se trouvaient exposées avec les stigmates liés au transport), celui de l’interaction. Les concepts de base : historicité (du 19ème au 21ème siècle), modernité et contemporanéité, se trouvent présents physiquement avec des œuvres mais se dissolvent volontairement dans une nouvelle approche reposant sur une conceptualisation très forte. On voit ainsi un lien informel se constituer entre les réalisations d’August Sander et LaToya Ruby Frazier, pour ne citer que ces deux exemples, qui s’inscrit dans l’essence même de la monstration.

  En reprenant la citation de Mac Luhan, « The medium is the message », on pourrait envisager une possible approche. Mais l’ensemble de ce dispositif hybride (didactique, intellectuel et artistique) ne peut actuellement se cantonner à cette approche. L’ancienne  différenciation entre médias « chauds » et médias « froids » offrait autrefois une grille de lecture, bien datée aujourd’hui. Si la noosphère a désormais changé la donne, l’esprit souffle toujours dans les images.

                                                                                                                                    Christian Skimao

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