ZAT 2019 (Zone
artistique temporaire 2019 « 100 artistes dans la ville ») du 8 juin
au 28 juillet 2019
et
La Panacée
-Mo.Co. Exposition « La rue. Où le monde se crée. » du 8 juin au
18 août 2019
HUGE
La mise en place de cette édition de Zone
artistique temporaire version 2019, sous la houlette de Nicolas Bourriaud,
éparpillée dans toute la ville de Montpellier et jusqu’à Sète, s’inscrit dans
une occupation ludique de l’espace public, tout en rendant hommage à
l’historique exposition de 1970 au nom éponyme, organisée par ABC Productions
(Alkéma, Azémard, Bioulès et Clément). Autres temps, autres moyens et autres
perceptions se mettent en place au travers de 50 ans d’histoire des arts, comme
une réminiscence des sensibilités.
Pour revenir à notre actualité, remarquons
l’extrême diversité des interventions allant de trois commandes pérennes à des
œuvres éphémères tant animées que fixes, des performances ou d’autres
réalisations qui jouent avec l’interconnexion et la transversalité. L’essentiel
est que le public, ce regardeur incontournable, circule au travers des réalisations,
les explore et en tire une jouissance personnelle ou un rejet toujours
possible. La monstration en zone ouverte fonctionne ainsi, avec ses bonnes et
mauvaises surprises. Une intense médiation culturelle, à la carte, permettra
néanmoins d’éviter trop de malentendus.
Des noms connus et moins connus ont été
sollicités et il ne s’agit pas ici d’établir une hiérarchie. Citons donc Mona
Hatoum et son « Jardin suspendu », Melik Ohanian dans le quartier des
Beaux-Arts ou Jeanne Susplugas avec « Disco Ball » dans la Chapelle
de la Miséricorde ; ou encore Fabrice Hyber avec « Préau » à l’École
des Beaux-Arts et Pierre Joseph sur la place Sainte-Anne. De nombreux
collectifs sont apparus ces dernières années dans les arts et optent pour une
approche plurielle comme le Collectif In Extremis ou le Collectif Bonjour !
Un artiste historique, Noël Dolla, ancien membre de Supports-Surfaces, ayant
participé à la manifestation première, a réactivé sa création
« Reconstruction spatiale n° 16 » constituée de boules de polystyrène
vertes, blanches, rouges et noires tendues dans l’espace. Hicham Berrada, rue
Maguelone, propose un intéressant travail sur deux vitrines où se déploient des
sculptures évolutives au fort potentiel de technologie poétique. Un peu plus
loin, de l’autre côté, au Monoprix, Clémentine Mélois continue sa proposition
de détournement de titres de livres avec malice, intelligence et humour. Côté
performance, Ève Laroche-Joubert présente à Sète, sur le parvis du théâtre
Molière « Un jeu d’Enfant ». Et toutes les autres réalisations à
découvrir…
Trois constructions faites pour durer, que
l’on nommera du nom générique de sculptures, prennent place dans trois endroits
de Montpellier. Place Roger-Salengro, Abdelkader Benchamma a créé
« Cosma », un travail au sol où des plaques de marbre de Rabat s’épanouissent
avec des peintures. Ces empreintes visuelles se réfèrent au cosmatesque, un art
du pavement qui porte aussi des valeurs spirituelles et alchimiques. Lili
Reynaud-Dewar, artiste éclectique, s’est représentée assise sur le sol, corps
moulé et argenté, participant paradoxalement par sa fixité à l’incessante
circulation des piétons et des véhicules sur cette bourdonnante Place de
Strasbourg. Enfin Dominique Figarella, peintre, continue son expérimentation de
la trace, de la couleur et du texte avec une citation d’André Leroi-Gourhan qui
nous annonce la fin de notre monde, sous le Pont de Sète ; il existe un
parfum d’aventure et d’angoisse à chercher, trouver et lire cette inclassable
« peinture » murale.
À La Panacée, prend place une exposition internationale
de 60 œuvres intitulée « La rue. Où le monde se crée. » Venant du
MAXXI (Musée national des arts du 21ème siècle) de Rome, Hou Hanru
en assure le commissariat. Elle se déroule dans des locaux un peu étroits pour
une telle profusion mais avec un sens certain de la mise en scène. Comme
souvent cette effervescence donne le tournis, les réalisations se trouvant
classées en fonction de thèmes tandis que s’estompe parfois la singularité de
chacune. La vidéo y tient une place prépondérante, mise en abyme d’un monde qui
joue et se joue de lui-même avec des artistes chinois comme Li Liao, Li Binyan,
Lin Yilin, Zhou Tao ou encore Yang Zhenzhong, sans oublier notre star française
Adel Abdessemed. Une mention spéciale pour Éric Baudelaire avec son film
reprenant à quatre reprises les gestes d’un colleur d’affiches dans le métro. La
rue sert de cadre à des expériences quotidiennes, mais aussi à des possibilités
nouvelles pour l’art en train de se réaliser. Des dimensions narratives plus
classiques questionnent la politique avec 20 petites peintures de Vatamanu
& Tudor ou la bande dessinée à grande échelle de Liu Quingyuan avec
« The streets of the story ». Bref, du bon, du beau, du bordel… pour
parodier la publicité géniale, et autrefois présente sur les murs, d’un célèbre
apéritif quelque peu oublié.
Christian Skimao
Christian Skimao
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