mercredi 12 juin 2019

ZAT 2019 et La Panacée-Mo.Co. (Montpellier)


ZAT 2019 (Zone artistique temporaire 2019 « 100 artistes dans la ville ») du 8 juin au 28 juillet 2019
et
La Panacée -Mo.Co. Exposition « La rue. Où le monde se crée. » du 8 juin au 18 août 2019




                                                 HUGE


 La mise en place de cette édition de Zone artistique temporaire version 2019, sous la houlette de Nicolas Bourriaud, éparpillée dans toute la ville de Montpellier et jusqu’à Sète, s’inscrit dans une occupation ludique de l’espace public, tout en rendant hommage à l’historique exposition de 1970 au nom éponyme, organisée par ABC Productions (Alkéma, Azémard, Bioulès et Clément). Autres temps, autres moyens et autres perceptions se mettent en place au travers de 50 ans d’histoire des arts, comme une réminiscence des sensibilités.

  Pour revenir à notre actualité, remarquons l’extrême diversité des interventions allant de trois commandes pérennes à des œuvres éphémères tant animées que fixes, des performances ou d’autres réalisations qui jouent avec l’interconnexion et la transversalité. L’essentiel est que le public, ce regardeur incontournable, circule au travers des réalisations, les explore et en tire une jouissance personnelle ou un rejet toujours possible. La monstration en zone ouverte fonctionne ainsi, avec ses bonnes et mauvaises surprises. Une intense médiation culturelle, à la carte, permettra néanmoins d’éviter trop de malentendus.

  Des noms connus et moins connus ont été sollicités et il ne s’agit pas ici d’établir une hiérarchie. Citons donc Mona Hatoum et son « Jardin suspendu », Melik Ohanian dans le quartier des Beaux-Arts ou Jeanne Susplugas avec « Disco Ball » dans la Chapelle de la Miséricorde ; ou encore Fabrice Hyber avec « Préau » à l’École des Beaux-Arts et Pierre Joseph sur la place Sainte-Anne. De nombreux collectifs sont apparus ces dernières années dans les arts et optent pour une approche plurielle comme le Collectif In Extremis ou le Collectif Bonjour ! Un artiste historique, Noël Dolla, ancien membre de Supports-Surfaces, ayant participé à la manifestation première, a réactivé sa création « Reconstruction spatiale n° 16 » constituée de boules de polystyrène vertes, blanches, rouges et noires tendues dans l’espace. Hicham Berrada, rue Maguelone, propose un intéressant travail sur deux vitrines où se déploient des sculptures évolutives au fort potentiel de technologie poétique. Un peu plus loin, de l’autre côté, au Monoprix, Clémentine Mélois continue sa proposition de détournement de titres de livres avec malice, intelligence et humour. Côté performance, Ève Laroche-Joubert présente à Sète, sur le parvis du théâtre Molière « Un jeu d’Enfant ». Et toutes les autres réalisations à découvrir…

  Trois constructions faites pour durer, que l’on nommera du nom générique de sculptures, prennent place dans trois endroits de Montpellier. Place Roger-Salengro, Abdelkader Benchamma a créé « Cosma », un travail au sol où des plaques de marbre de Rabat s’épanouissent avec des peintures. Ces empreintes visuelles se réfèrent au cosmatesque, un art du pavement qui porte aussi des valeurs spirituelles et alchimiques. Lili Reynaud-Dewar, artiste éclectique, s’est représentée assise sur le sol, corps moulé et argenté, participant paradoxalement par sa fixité à l’incessante circulation des piétons et des véhicules sur cette bourdonnante Place de Strasbourg. Enfin Dominique Figarella, peintre, continue son expérimentation de la trace, de la couleur et du texte avec une citation d’André Leroi-Gourhan qui nous annonce la fin de notre monde, sous le Pont de Sète ; il existe un parfum d’aventure et d’angoisse à chercher, trouver et lire cette inclassable « peinture » murale.




   À La Panacée, prend place une exposition internationale de 60 œuvres intitulée « La rue. Où le monde se crée. » Venant du MAXXI (Musée national des arts du 21ème siècle) de Rome, Hou Hanru en assure le commissariat. Elle se déroule dans des locaux un peu étroits pour une telle profusion mais avec un sens certain de la mise en scène. Comme souvent cette effervescence donne le tournis, les réalisations se trouvant classées en fonction de thèmes tandis que s’estompe parfois la singularité de chacune. La vidéo y tient une place prépondérante, mise en abyme d’un monde qui joue et se joue de lui-même avec des artistes chinois comme Li Liao, Li Binyan, Lin Yilin, Zhou Tao ou encore Yang Zhenzhong, sans oublier notre star française Adel Abdessemed. Une mention spéciale pour Éric Baudelaire avec son film reprenant à quatre reprises les gestes d’un colleur d’affiches dans le métro. La rue sert de cadre à des expériences quotidiennes, mais aussi à des possibilités nouvelles pour l’art en train de se réaliser. Des dimensions narratives plus classiques questionnent la politique avec 20 petites peintures de Vatamanu & Tudor ou la bande dessinée à grande échelle de Liu Quingyuan avec « The streets of the story ». Bref, du bon, du beau, du bordel… pour parodier la publicité géniale, et autrefois présente sur les murs, d’un célèbre apéritif quelque peu oublié.                
                                                                                                                                    Christian Skimao
           
 

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