Carré
d’art-Musée d’art contemporain
Dans
le cadre des Rencontres photographiques d’Arles (Grand Arles Express 2019)
Expositions : au 2ème
étage du musée : « 30 ans après. Art collection Telekom » avec Petra Feriancová (1977), Ion Grigorescu
(1945), Aneta Grzeszykowska (1974), Igor Grubić (1969), Petrit Halilaj (1979),
Šejla Kamerić (1976), (1982), Vlado Martek (1951), Ciprian Mureşan (1977), Vlad
Nancă (1979), Paulina Olowska (1976), Dan Perjovschi (1961), Agnieszka Polska
(1985) (du 11 juin au 10 novembre 2019).
À la
galerie Foster-Hall, Daniel Andujar avec « Leaders » (du
28 mai au 3 novembre 2019).
À la Chapelle des Jésuites : Ugo Rondinone avec « Thanx 4 Nothing » (du 11 juin au 29 août 2019)
Une présence esthétique à côté d’Arles
Carré d’art présente au
second étage, une sélection d’œuvres de la collection Art Telekom, créée en 2010.
Elle repose sur la défense d’artistes provenant de ce que l’on nommait il y a
30 ans justement, l’Europe de l’Est (mais à l’Est de qui ?). Plutôt que de
disposer d’un lieu spécifique, cette institution aide les artistes retenus à
participer à diverses expositions à travers le monde. Petra Feriancová expose 112 photographies de pigeons
provenant des archives de son grand-père. Elles se trouvaient exposées en 2012
au pavillon tchèque et slovaque de la Biennale de Venise où elle représentait la
Slovaquie. Le questionnement va de la passion pour le volatile jusqu’à
l’obsession d’atteindre le pigeon parfait. Au travers des ratages se dessine une
étrange recherche génétique, ici bien anodine, mais qui fait songer aux folies
issues de la littérature fantastique jusqu’aux errements d’aujourd’hui. Igor
Grubić, de nationalité croate, mène un travail actionniste dont les résultats
photographiques explorent la mémoire d’une certaine Yougoslavie disparue. Le
rouge conserve plusieurs sens, allant de l’oppression à la libération en
fonction de l’analyse sémantique proposée. Citons le travail très emblématique de
cette commémoration des trente ans avec Šejla Kamerić qui se met en scène
cachée derrière ses gants blancs, parée de bijoux. Sa photo symbolise ainsi le
clinquant de l’époque et les promesses d’un libéralisme préoccupé uniquement d’économie
qui aurait oublié son versant politique. Une œuvre très puissante visuellement.
Et toutes les autres dont la grande installation de la tchèque Eva Kot’átková,
sur les peurs de l’enfance et les contraintes éducatives.
À la galerie Foster-Hall, au
rez-de-chaussée, Daniel Andujar présente
« Leaders », un énorme pêle-mêle de reproductions de leaders
politiques et de publicités les utilisant placardés sur des murs éphémères. La
juxtaposition de ces images trouvées dans les médias reflète furieusement le
mélange des genres politiques et commerciaux dans un vacarme visuel. Qui
est qui ? Et qui fait quoi ? Les inversions possibles laissent le
spectateur épuisé dans un climat de dérision et d’inquiétude. Tout devient
équivalent à tout dans une débauche de communication dénoncée par l’artiste.
Enfin, à la Chapelle des Jésuites, en
collaboration avec l’École des Beaux-Arts de Nîmes, passe une vidéo d’Ugo
Rondinone intitulée « Thanx 4 Nothing » avec le grand John Giorno en
représentation. Reprenant un texte écrit pour ses 70 ans (Giorno est né en
1936), Rondinone va en réaliser une œuvre d’art complète à partir de la performance
initiale ; pieds nus, en smoking noir devenant parfois blanc, le compagnon
de route de la Beat Generation évoque les souvenirs des grands artistes
côtoyés, des êtres chers, d’un monde englouti. Il s’agit à la fois de laisser
une trace de Giorno poète, mais aussi acteur de son propre texte. Incantatoire,
nostalgique, dramatique il en ressort quelque chose d’extrêmement poignant, du
dernier salut du poète à un monde devenu étranger. « Pieds nus sur la
terre sacrée » ou pieds nus sur la terre de poésie ?
Christian Skimao
Christian Skimao
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