mardi 9 juillet 2019

Carré d’art-Musée d’art contemporain (Grand Arles Express 2019)


Carré d’art-Musée d’art contemporain
Dans le cadre des Rencontres photographiques d’Arles (Grand Arles Express 2019)


Expositions : au 2ème étage du musée : « 30 ans après. Art collection Telekom » avec Petra Feriancová (1977), Ion Grigorescu (1945), Aneta Grzeszykowska (1974), Igor Grubić (1969), Petrit Halilaj (1979), Šejla Kamerić (1976), (1982), Vlado Martek (1951), Ciprian Mureşan (1977), Vlad Nancă (1979), Paulina Olowska (1976), Dan Perjovschi (1961), Agnieszka Polska (1985) (du 11 juin au 10 novembre 2019).                                                                                                                                                                 
À la galerie Foster-Hall, Daniel Andujar avec « Leaders » (du 28 mai au 3 novembre 2019).

À la Chapelle des Jésuites : Ugo Rondinone avec « Thanx 4 Nothing » (du 11 juin au 29 août 2019)




   Une présence esthétique à côté d’Arles
  

Carré d’art présente au second étage, une sélection d’œuvres de la collection Art Telekom, créée en 2010. Elle repose sur la défense d’artistes provenant de ce que l’on nommait il y a 30 ans justement, l’Europe de l’Est (mais à l’Est de qui ?). Plutôt que de disposer d’un lieu spécifique, cette institution aide les artistes retenus à participer à diverses expositions à travers le monde. Petra Feriancová expose 112 photographies de pigeons provenant des archives de son grand-père. Elles se trouvaient exposées en 2012 au pavillon tchèque et slovaque de la Biennale de Venise où elle représentait la Slovaquie. Le questionnement va de la passion pour le volatile jusqu’à l’obsession d’atteindre le pigeon parfait. Au travers des ratages se dessine une étrange recherche génétique, ici bien anodine, mais qui fait songer aux folies issues de la littérature fantastique jusqu’aux errements d’aujourd’hui. Igor Grubić, de nationalité croate, mène un travail actionniste dont les résultats photographiques explorent la mémoire d’une certaine Yougoslavie disparue. Le rouge conserve plusieurs sens, allant de l’oppression à la libération en fonction de l’analyse sémantique proposée. Citons le travail très emblématique de cette commémoration des trente ans avec Šejla Kamerić qui se met en scène cachée derrière ses gants blancs, parée de bijoux. Sa photo symbolise ainsi le clinquant de l’époque et les promesses d’un libéralisme préoccupé uniquement d’économie qui aurait oublié son versant politique. Une œuvre très puissante visuellement. Et toutes les autres dont la grande installation de la tchèque Eva Kot’átková, sur les peurs de l’enfance et les contraintes éducatives.
  À la galerie Foster-Hall, au rez-de-chaussée, Daniel Andujar présente « Leaders », un énorme pêle-mêle de reproductions de leaders politiques et de publicités les utilisant placardés sur des murs éphémères. La juxtaposition de ces images trouvées dans les médias reflète furieusement le mélange des genres politiques et commerciaux dans un vacarme visuel. Qui est qui ? Et qui fait quoi ? Les inversions possibles laissent le spectateur épuisé dans un climat de dérision et d’inquiétude. Tout devient équivalent à tout dans une débauche de communication dénoncée par l’artiste.
  Enfin, à la Chapelle des Jésuites, en collaboration avec l’École des Beaux-Arts de Nîmes, passe une vidéo d’Ugo Rondinone intitulée « Thanx 4 Nothing » avec le grand John Giorno en représentation. Reprenant un texte écrit pour ses 70 ans (Giorno est né en 1936), Rondinone va en réaliser une œuvre d’art complète à partir de la performance initiale ; pieds nus, en smoking noir devenant parfois blanc, le compagnon de route de la Beat Generation évoque les souvenirs des grands artistes côtoyés, des êtres chers, d’un monde englouti. Il s’agit à la fois de laisser une trace de Giorno poète, mais aussi acteur de son propre texte. Incantatoire, nostalgique, dramatique il en ressort quelque chose d’extrêmement poignant, du dernier salut du poète à un monde devenu étranger. « Pieds nus sur la terre sacrée » ou pieds nus sur la terre de poésie ?
                                                                                                                                 Christian Skimao

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