Trois expositions monographiques :
Caroline Achaintre, Estrid Lutz, Ambera Wellmann
Mo.Co La Panacée. 14, rue de l’Ecole de pharmacie, Montpellier
Du 5 octobre 2019 au 5 janvier 2020
Caroline Achaintre. "Glover", 2018. |
Une, deux, trois
Trois expositions monographiques de jeunes
artistes prennent place dans les locaux de La Panacée. En suivant le sens de la
visite, on découvre d’abord les toiles d’Ambera Wellmann. Les corps peints se
mélangent dans une indifférenciation voulue avec de vives couleurs. Mais de qui
s’agit-il vraiment ? L’effacement fait partie intégrante de sa démarche, flou offrant une transgression complète de la notion de genre. Un classique du
désir, mais soutenu par un regard féminin change donc le cap des fantasmes. L’onirisme
« queer » déferle, picturalement soutenu par de grandes références
picturales comme Francis Bacon ou Goya. Ce ne sera plus jamais un Picasso
minotaure en érection, mais une jouissance multiple en ondulation avec les
invariants des corps mêlés, tendres ou violents, serpentins ou colorés,
dépendants ou indépendants.
Changement de cap avec Estrid Lutz qui
séjourne au Mexique depuis 2017, à Puerto Escondido. Au travers d’une
installation qui parfois plonge dans la nuit, elle met en scène des
luminescences au travers de grandes compositions irisées. Utilisant paradoxalement
des matériaux industriels (polycarbonate, fibre de verre, résine époxy, Kevlar,
etc.) associés à des pigments, elle
tente de rendre compte des mouvements des vagues et de la nature. Des dessins
réalisés à l’encre hydrochromique changent de couleur lorsqu’ils sont aspergés
d’eau. La résidence artistique de Montpellier lui a fait découvrir un centre de
réalité virtuelle qui a fortement influencé sa production actuelle. Les forces
physiques prennent langue avec les forces spirituelles en un éblouissant
ballet.
Une approche autre avec les aquarelles,
céramiques et tapisseries de Caroline Achaintre. Cette artiste se définit comme
sculptrice, travaille avec des techniques qualifiées de traditionnelles, mais
en les inscrivant dans un théâtre personnel de la représentation. En effet, son
approche plastique passe par une connaissance du métier nécessaire à la
réalisation de chaque artefact, sans intermédiaire ni assistant. Ainsi les
céramiques réalisées sont faites par elles, comme les étranges et étonnantes
tapisseries qui reprennent les codes traditionnels en les détournant.
L’importance de la notion du « faire », les références à
l’expressionnisme, aux arts premiers mais aussi aux cultures urbaines, offrent
un panorama redevenu nouveau à l’époque du tout virtuel. Il ne s’agit pas de se
contenter de la simple perception du résultat, mais plutôt de prendre en compte
la conception même des formes et leur détournement.
Complémentarité des travaux, langueur acérée
des propositions, pensées mouvantes, permettent d’ouvrir nos regards à ces
approches contemporaines et pourtant inscrites dans une tradition revisitée. Questionnements salutaires ... Christian
Skimao
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