Exposition
VALIE EXPORT « Expanded arts ».
Pavillon
populaire, espace d’art photographique de la Ville de Montpellier
Du
23 octobre 2019 au 12 janvier 2020
Déconstruire une représentation du monde
VALIE EXPORT, nom d’action de Waltraud Lehner, née en 1940 à Linz,
artiste autrichienne de renommée internationale, demeure pour toujours
associée aux féministes radicales des années 1970. Politique et actionniste,
elle est la formidable performeuse de Aktionshose : Genital
Panic (1969) avec son sexe apparaissant dans son pantalon découpé, mitraillette
brandie et cheveux en pétard, dont témoignent les puissantes photographies en
noir et blanc de l’époque. Il existe cependant tout un travail plus discret
mais très abouti sur ses travaux d’analyse d’images que l’on voit ici, ainsi
qu’une grande installation centrale nommée Fragmente der Bilder einer Berührung. Une exposition de
qualité, mais qui ne s’offre pas simplement au regardeur ; il lui sera
demandé une active participation, comme d’ailleurs l’artiste l’a toujours voulu
dans ses réalisations. Saluons aussi le commissariat de Brigitte Huck qui mêle une
approche didactique et une grande force poétique.
Ping-pong ouvre l’exposition et propose au visiteur de se confronter
à un partenaire virtuel, un moniteur. L’œuvre date de 1968 et bien sûr use des
technologies de l’époque. Son sous-titre « film à jouer - un film de
fiction » donne les clés pour une compréhension certaine et amusante, mais
les questions posées demeurent actuelles : qui joue avec qui ? Qui
joue avec quoi ? Qui joue à quoi ? Video
Body Tape (1970) analyse les
recherches sur le corps et ses fonctions. Cette vidéo de 4 minutes utilise une
plaque de verre qui remplace l’écran : mains, pieds, etc. pressés
correspondent à des actions comme le toucher, le marcher, etc. et les
spectateurs peuvent aussi agir avec certaines parties de leur corps.
Interaction et dissolution des ego. La photographie de Adjungierte
Dislokationen (1973) sert d’affiche à l’exposition montpelliéraine. Elle
présente la créatrice avec deux caméras, une sur la poitrine, l’autre dans le dos
et le résultat filmique montre l’espace sous une forme nouvelle, en fonction de
ses divers mouvements.
Des
documents explicatifs sous vitrine permettent de recomposer le parcours
artistique pendant que de nombreuses photographies conceptuelles analysent par
découpages et montages le temps et sa perception. Tout se trouve à déconstruire
pour repartir sur des bases différentes comme Zug II (1972) où les
images d’un train, comme son titre l’indique, participent à l’élaboration d’un
regard transversal. Enfin l’imposante installation de 1994 annoncée en
introduction : 18 cylindres (24 à l’origine) remplis d’eau, de lait et
d’huile accueillent des ampoules qui entrent et sortent. Même si la métaphore
sexuelle est évidente, bien que la forme même de l’ampoule soit plus ambiguë
qu’il n’y parait ; même si la référence cinématographique des 24 images
par seconde nous parle, s’invite la majesté d’un dispositif célibataire s’inscrivant dans un monde déjà évanoui.
Christian Skimao
Christian Skimao
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VALIE EXPORT, Fragmente der Bilder einer Berührung (1994), installation Pavillon populaire, Montpellier 2019. |
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