dimanche 23 août 2020

Exposition « La complicité », Fondation van Gogh, Arles,2020.

 

Exposition « La complicité »

ROBERTO DONETTA (1865-1932) rencontre Natsuko Uchino, Rose Lowder, Cyprien Gaillard et des ex-voto provençaux avec des interventions florales de Marie Varenne et « Square Saint-Pierre au coucher du soleil « (1887) de Vincent van Gogh

Fondation Vincent van Gogh

35ter, rue du docteur Fanton, Arles

Du 27 juin au 13 septembre 2020

 

 

Roberto Donetta, Mise en scène d'un groupe d’hommes devant un bâtiment, 1900-1932/1993 Tirage argentique sur papier baryté, virage au sulfure de sodium, 30 × 40 cm. Musée d’Art de la Suisse italienne, Lugano. Collection du Tessin


La graine et le Tessin


 

  Une exposition de photographies en noir et blanc de Roberto Donetta (1865-1932), constitue le cœur de cette nouvelle exposition. Marchand de graines, il va prendre de nombreux clichés de la vie quotidienne dans le Tessin, cette zone italianisante de Suisse, en cette fin du 19ème siècle et au début du 20ème. On y voit paysans et ouvriers au travail, des religieuses qui posent et de nombreux faits et gestes d’une vie âpre et difficile. Parcourant ces régions, il met aussi en scène ses modèles du jour, non pas comme un visiteur étranger, mais comme un habitant du coin, doté d’un certain humour. Bien sûr, son histoire personnelle finit mal, comme il se doit dans les contes moraux, puisque son activité artistique ne lui rapporte rien, et qu’il ne consacre pas assez de temps à son métier de vendeur. Ses 5000 plaques de verre, non datées, miraculeusement sauvées des outrages du temps, se trouvent conservées à la Casa Rotonda, sa maison devenue musée, et font l’objet depuis 1990 d’une analyse critique et universitaire. Ce qui a été semé finissant heureusement par germer.

  Des artistes contemporains dialoguent avec ces agencements socio-esthétiques. Le remarquable travail de Rose Lowder qui compose et décompose des paysages grâce à des variations chromatiques et de vitesse à partir de films en 16 mm. Une expérience parfois hallucinante au sens propre du terme qui interroge fortement sur la notion de « réalité » et de la perception sensorielle d’un univers qui semblait banal. On verra également des compositions florales de Marie Varenne et des agencements d’argile de Natsuko Uchino. Enfin deux têtes excavatrices de Cyprien Gaillard qui jouent avec leur force évocatrice et l’introduction questionnante de pierres semi-précieuses à leur sommet ; installation narrative et politique qui reprend, aujourd’hui, les problématiques d’un land-art devenu historique.

  Il est certain que cette exposition fonctionne comme un écho à la précédente «…et labora » au niveau de l’approche structurelle. Si les œuvres photographiques semblent cousines, il ne s’agit pas d’un hasard, mais d’un effet de concordance. Les visiteurs, masqués, déambulent, participant activement à l’élaboration de nouveaux tracés muséaux.

                                                                                                                                Christian Skimao

 

 

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