Exposition « La complicité »
ROBERTO
DONETTA (1865-1932) rencontre Natsuko Uchino, Rose Lowder, Cyprien Gaillard et
des ex-voto provençaux avec des interventions florales de Marie Varenne et « Square
Saint-Pierre au coucher du soleil « (1887) de Vincent van Gogh
Fondation Vincent van Gogh
35ter, rue du docteur Fanton, Arles
Du 27 juin au 13 septembre 2020
La graine et le Tessin
Une exposition de photographies en noir et
blanc de Roberto Donetta (1865-1932), constitue le cœur de cette nouvelle
exposition. Marchand de graines, il va prendre de nombreux clichés de la vie
quotidienne dans le Tessin, cette zone italianisante de Suisse, en cette fin du
19ème siècle et au début du 20ème. On y voit paysans et
ouvriers au travail, des religieuses qui posent et de nombreux faits et gestes
d’une vie âpre et difficile. Parcourant ces régions, il met aussi en scène ses
modèles du jour, non pas comme un visiteur étranger, mais comme un habitant du
coin, doté d’un certain humour. Bien sûr, son histoire personnelle finit mal,
comme il se doit dans les contes moraux, puisque son activité artistique ne lui
rapporte rien, et qu’il ne consacre pas assez de temps à son métier de vendeur.
Ses 5000 plaques de verre, non datées, miraculeusement sauvées des outrages du
temps, se trouvent conservées à la Casa Rotonda, sa maison devenue musée, et
font l’objet depuis 1990 d’une analyse critique et universitaire. Ce qui a été
semé finissant heureusement par germer.
Des artistes contemporains dialoguent avec
ces agencements socio-esthétiques. Le remarquable travail de Rose Lowder qui
compose et décompose des paysages grâce à des variations chromatiques et de
vitesse à partir de films en 16 mm. Une expérience parfois hallucinante au
sens propre du terme qui interroge fortement sur la notion de
« réalité » et de la perception sensorielle d’un univers qui semblait
banal. On verra également des compositions florales de Marie Varenne et des
agencements d’argile de Natsuko Uchino. Enfin deux têtes excavatrices de
Cyprien Gaillard qui jouent avec leur force évocatrice et l’introduction
questionnante de pierres semi-précieuses à leur sommet ; installation
narrative et politique qui reprend, aujourd’hui, les problématiques d’un
land-art devenu historique.
Il est certain que cette exposition fonctionne comme un écho à la précédente «…et labora » au niveau de l’approche structurelle. Si les œuvres photographiques semblent cousines, il ne s’agit pas d’un hasard, mais d’un effet de concordance. Les visiteurs, masqués, déambulent, participant activement à l’élaboration de nouveaux tracés muséaux.
Christian Skimao
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire