Mo.Co. Hôtel des collections
13, rue de la République à Montpellier
Exposition « 00s. Collection Cranford : les années 2000 »
Kai Althoff, Francis Alÿs, John
Baldessari, Louise Bourgeois, Louise Bourgeois & Tracey Emin, Glenn Brown, Monster
Chetwynd, Phil Collins, Abraham Cruzvillegas, Edith Dekyndt, Isa Genzken, Wade
Guyton, Guyton\Walker, Rachel Harrison, Mona Hatoum, Thomas Hirschhorn &
Marcus Steinweg, Damien Hirst, Sergej Jensen, Mike Kelley, Karen Kilimnik,
Michael Krebber, Glenn Ligon, Sarah Lucas, Albert Oehlen, Olafur Eliasson,
Gabriel Orozco, Damian Ortega, Raymond Pettibon, Ken Price, Sigmar Polke, Walid
Raad / The Atlas Group, Gerhard Richter, Ugo Rondinone, Edward Ruscha, Thomas
Schütte, Cindy Sherman, Josh Smith, Wolfgang Tillmans, Rirkrit Tiravanija,
Rosemarie Trockel, Kelley Walker, Jeff Wall, Rebecca Warren, Franz West,
Christopher Wool
Du 24 octobre 2020 au 31 janvier 2021
Récentes
nostalgies
La collection Cranford, nom commercial en
l’occurrence, a été créée par Freddy et Muriel Salem. Elle se trouve à Londres,
gérée actuellement par la curatrice belge Anne Pontegnie, ouverte au public, et
joue un rôle important dans l’émergence de jeunes talents et des nombreuses
relations entretenues avec d’autres institutions. Nous ne verrons à Montpellier
qu’une partie de cette collection, soit 80 œuvres de 46 artistes. La période
allant de 2000 à 2010 ouvre le 21ème siècle avec sa peur
millénariste, la réalité du terrorisme mondialisé à partir de 2001 et
l’emballement des nouveautés technologiques autour du web et des réseaux
sociaux. Cette mise en relation du réel et de l’art ne fonctionne pas comme un
simple reflet, mais comme une mise en perspective, avec le nécessaire pas de
côté des artistes qui hument l’air du temps.
Beaucoup de grands noms de l’art ponctuent cette didactique mais jouissive monstration. Sélectionnons quelques artistes qui ponctuent cette décade aventureuse. Des peintres comme Albert Oehlen avec Schmilzender (« Fusion ») qui utilise l’ordinateur comme source d’inspiration et nos peurs atomiques comme référent. Karen Kilimnik revisite personnages historiques et stars de l’actualité en tracés vivaces. Kelley Walker (une œuvre de 2008, sans titre, présente sur la couverture du livret d’accompagnement) utilise des images de briques, scannées puis traitées en sérigraphie ; ainsi qu’un autre travail, qui s’étend sur une vaste surface, très complexe, réalisé à partir d’images de la publicité. Sans oublier Christopher Wool avec ses grandes compositions noyées sous des couches de peinture blanche ou Spartacus Chetwind avec ses étranges Bat opera (« L’opéra des chauves-souris »). Une mention spéciale pour une série de quatre peintures de Sigmar Polke, sans titre, datées de 2007, sises au dernier étage du sous-sol, dans l’ancien bunker. Utilisant le fond noir du tissu du support, l’artiste a introduit des composants chimiques qui vont changer peu à peu, la nature de l’œuvre. L’ensemble opte pour un genre fantastique, mâtiné de références à la peinture germanique d’autrefois. Un classicisme narquois et pourtant abstrait qui glisse vers des brumes immémoriales, nous laisse réfléchir à la vanité du temps qui passe.
Dans la catégorie volumes et installations, on
trouve aussi des incontournables comme Louise Bourgeois avec Maison de
2002, de la série des Cells. Elle a influencé des artistes comme Sarah
Lucas, présente ici avec une installation sexuelle trash nommée Fuck Destiny
(« Baiser le destin ») qui illustre un viol possible ou encore une
réalisation commune avec Tracey Emin. Damien Hirst toujours présent avec une fameuse
vitrine, Someting and Nothing, où des poissons tiennent la vedette,
certains dans le formol, d’autres sous forme de squelettes. Isa Genzken et son Orang-Utan
(reproduit sur la couverture du catalogue), grosse sculpture plus ou moins
kitsch qui s’inscrit dans la tradition des « singeries » du 18ème
siècle, mais avec des matériaux contemporains et décalés. Une composition de Mona
Hatoum, très puissante, de deux mètres de haut, Graver Divide (« Division
de la râpe ») qui symbolise la frontière à ne pas dépasser entre deux
catégories humaines, sous peine de finir en fine poudre. Enfin deux sculptures en
bronze de Rebecca Warren, aux formes exubérantes, occupent somptueusement
l’espace.
Une belle sélection de dessins de Raymond Pettibon, des portraits inattendus d’une grande finesse de Thomas Schütte et en conclusion très provisoire, une clown de Cindy Sherman (Untitled #419) de 2004, fortement sexuée avec des faux seins, grotesque et effrayante, mettant en lumière une partie de nos névroses. On peut se demander jusqu’où l’esprit des Salem irrigue le lieu actuel, en tout cas très vite se ressent la sensation d’une transplantation réussie. Ne resterait-il alors plus qu’à habiter vraiment à l’Hôtel Montcalm ? Christian Skimao
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