lundi 2 novembre 2020

Exposition Tarik Kiswanson "Mirrorbody", Carré d'art-Musée d'art contemporain, Nîmes, 2020

 

Exposition Tarik Kiswanson « Mirrorbody »

Carré d’art-Musée d’art contemporain

Place de la Maison Carrée, Nîmes

Du 30 octobre 2020 au 7 mars 2021

 

 

Tarik Kiswanson, "Father Form", 2017 Acier poli, 95 cm x 95 cm x 450 cm Collection Lafayette Anticipations Photo : Gunter Lepkowski. Courtesy de l’artiste & carlier I gebauer  



Questions sur soi, sur l’autre 

 

 

Cette exposition, en apparence très minimale, nécessite une attention toute particulière dans son approche afin de ne point commettre trop d’erreurs d’interprétation. En effet, la beauté formelle des réalisations ne doit pas cacher la narration sous-jacente voulue par l’artiste. Dans la première salle, se trouvent trois volumes en acier poli, les Vestibules. Chacun fonctionne à la fois de l’extérieur et de l’intérieur, ils se laissent apprivoiser ou non par des interactions physiques et génèrent alors de nouvelles images fragmentées. Une performance nommée The Ear That Hears Me, devait se dérouler, réalisée par des préadolescents, mais le report pour cause de confinement nous laisse dans l’impossibilité d’en dire davantage.

  Tarik Kiswanson porte une grande attention aux enfants et les fait donc intervenir directement et indirectement dans son travail. Dans la série Passing, il poursuit son exploration des liens entre des vêtements du passé et ceux d’aujourd’hui grâce à des radiographies d’une grande force. L’habit traditionnel, analysé à la Fondation Tiraz en Jordanie, et celle du « streetwear » actuel des banlieues mondialisées se télescopent. D’une approche simplement branchée, faisons table rase pour aboutir à une possible continuité, tout en se posant des questions ouvertes. La transmission s’immisce dans des atours improbables, remis en scène.

 Un film comme Out of Place, montre un enfant assis sur une chaise dans une salle de classe qui tombe en arrière au ralenti. Grâce à une caméra très sophistiquée, les images donnent un sentiment de drame, mais aussi de plénitude. L’action, courte, s’étire paradoxalement dans le temps et convoque le spectateur à voir autre chose qu’un simple accident. Une simple chute devient œuvre d’art, si les paramètres de sa réalisation offrent une opportunité à chacune et chacun pour penser et ressentir.

 Des œuvres sur papier, réalisées à la poudre de fusain, comme The Window ou Open Window ouvrent sur un espace visuel, quelque peu flou ou tremblé, très représentatif des thématiques de l’artiste qui intervient également dans de très nombreux champs opératoires. L’émergence d’un nouvel être, à la fois différent et semblable évoque la notion même de renaissance. L’histoire pose ses jalons, néanmoins la possibilité d’une ou plusieurs bifurcations demeure essentielle. Un principe d’incertitude, non pas figé, mais extrêmement dynamique, fait le pari d’un avenir alternatif. La dernière salle présente une nouvelle série d’œuvres oblongues, sorte de « cocons », d’une très grande puissance tant plastique qu’imaginative. Notre destinée vient imperceptiblement de changer…

                                                                                                                     Christian Skimao


Tarik Kiswanson, "Passing", 2020 Jet d'encre sur tissu en coton et broderie, 220 cm x 130 cm x 4 cm Photo : Gunter Lepkowski. Courtesy de l’artiste & carlier I gebauer 

1 commentaire:

Unknown a dit…

remarquable article, documenté et pétri de sensibilité. francesca caruana