Médiathèque d’Uzès
41 Le Portalet, Uzès
Exposition Michel Cadière « Alcide
chimère »
Avec la participation des éditions
Venus d’ailleurs
Dessins, estampes, livres d’artiste
Du 16 janvier au 27 février 2021
Une singularité très
cultivée
Cette exposition de Michel Cadière, presque
une rétrospective, présente les multiples facettes de son travail. De nombreux
ouvrages publiés par les éditions Venus d’ailleurs (Yoan Armand Gil et Aurélie
Aura) mais aussi des tirages très rares comme Caligari avec Florent
Toniello pour le « Livre pauvre » dont s’occupe Daniel Leuwers. Des
dessins de diverses époques ponctuent la salle ainsi que certaines réalisations
en couleurs. Une pièce extraordinaire, comprenant l’intégralité des tarots de
l’artiste, longue de 10 mètres, se trouve exposée sur une table, reprenant la
structure en rouleau d’une Torah, mais apocryphe et nommée Taro Rota Tora.
L’ésotérisme le dispute au surréalisme, la rigueur au délire, l’expansion à la
compression.
On évoque souvent le
parcours de ce créateur en évoquant son statut d’autodidacte, terme souvent mal
interprété, qui ne séduit guère en France, pays de clercs, où l’absence de
diplôme en art ne peut se faire oublier que par des prix faramineux obtenus sur
le marché éponyme. Michel Cadière est surtout un véritable artiste qui tisse
des liens partout où il dessine. On ne dira jamais assez les très nombreuses
références qui irriguent son œuvre (de Brueghel le Jeune à Escher en passant
par Gustave Doré, pour aller vite), et que nous ne citerons pas davantage, car
elles se trouvent présentes dans le très clairvoyant texte de notre regrettée
consœur, Joëlle Busca, au titre si éminemment poétique Des mines posées sur
des lames. Sans oublier l’importante rencontre avec Yves Reynier à Nîmes
qui lui a ouvert de nouveaux horizons plus contemporains.
Posons-nous plutôt des questions à propos de cette
graphomanie galopante, cette occupation du papier qui traduit à la fois la peur
du vide et la volonté d’imposer un réseau personnel qui repousse les limites de
l’espace. En effet, sur cette scène du théâtre d’un monde, de son monde, ou
bien du monde, un microcosme devient macrocosme par la seule volonté du
créateur d’en remplir tous les interstices. Il se déroule ainsi une aventure …
singulière qui nous remet en mémoire la dénomination de Sète, « l’île
singulière », utilisée par Paul Valéry, où exerçait un certain Pierre
François, peintre et décorateur, qui lui aussi laissait proliférer ses travaux
sur tous supports et surfaces. Comme une mise en parallèle de deux démarches,
assez différentes l’une de l’autre mais qui possèdent des points de connivence.
Michel Cadière, artiste nîmois, les pieds dans les ruines romaines, la tête dans les étoiles, nous prouve que l’universel se trouve à portée de crayon.
Christian
Skimao
Michel Cadière "Taro Rota Tora", éditions Venus d'ailleurs. |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire