lundi 25 janvier 2021

Exposition Michel Cadière « Alcide chimère », Médiathèque d’Uzès, 2021

 

Médiathèque d’Uzès

41 Le Portalet, Uzès

Exposition Michel Cadière « Alcide chimère »

Avec la participation des éditions Venus d’ailleurs

Dessins, estampes, livres d’artiste

Du 16 janvier au 27 février 2021

 


 

                              Une singularité très cultivée  

 

  Cette exposition de Michel Cadière, presque une rétrospective, présente les multiples facettes de son travail. De nombreux ouvrages publiés par les éditions Venus d’ailleurs (Yoan Armand Gil et Aurélie Aura) mais aussi des tirages très rares comme Caligari avec Florent Toniello pour le « Livre pauvre » dont s’occupe Daniel Leuwers. Des dessins de diverses époques ponctuent la salle ainsi que certaines réalisations en couleurs. Une pièce extraordinaire, comprenant l’intégralité des tarots de l’artiste, longue de 10 mètres, se trouve exposée sur une table, reprenant la structure en rouleau d’une Torah, mais apocryphe et nommée Taro Rota Tora. L’ésotérisme le dispute au surréalisme, la rigueur au délire, l’expansion à la compression.

 

  On évoque souvent le parcours de ce créateur en évoquant son statut d’autodidacte, terme souvent mal interprété, qui ne séduit guère en France, pays de clercs, où l’absence de diplôme en art ne peut se faire oublier que par des prix faramineux obtenus sur le marché éponyme. Michel Cadière est surtout un véritable artiste qui tisse des liens partout où il dessine. On ne dira jamais assez les très nombreuses références qui irriguent son œuvre (de Brueghel le Jeune à Escher en passant par Gustave Doré, pour aller vite), et que nous ne citerons pas davantage, car elles se trouvent présentes dans le très clairvoyant texte de notre regrettée consœur, Joëlle Busca, au titre si éminemment poétique Des mines posées sur des lames. Sans oublier l’importante rencontre avec Yves Reynier à Nîmes qui lui a ouvert de nouveaux horizons plus contemporains.

 

  Posons-nous plutôt des questions à propos de cette graphomanie galopante, cette occupation du papier qui traduit à la fois la peur du vide et la volonté d’imposer un réseau personnel qui repousse les limites de l’espace. En effet, sur cette scène du théâtre d’un monde, de son monde, ou bien du monde, un microcosme devient macrocosme par la seule volonté du créateur d’en remplir tous les interstices. Il se déroule ainsi une aventure … singulière qui nous remet en mémoire la dénomination de Sète, « l’île singulière », utilisée par Paul Valéry, où exerçait un certain Pierre François, peintre et décorateur, qui lui aussi laissait proliférer ses travaux sur tous supports et surfaces. Comme une mise en parallèle de deux démarches, assez différentes l’une de l’autre mais qui possèdent des points de connivence.

 

  Michel Cadière, artiste nîmois, les pieds dans les ruines romaines, la tête dans les étoiles, nous prouve que l’universel se trouve à portée de crayon.

                                                                                                                             Christian Skimao


Michel Cadière "Taro Rota Tora", éditions Venus d'ailleurs.


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