mercredi 7 octobre 2020

"La collection Erling Kagge." Fondation Vincent van Gogh, Arles, 2020-2021.

 

Exposition "Ma cartographie: la collection Erling Kagge"

Fondation Vincent van Gogh, Arles

Du 3 octobre 2020 au 28 mars 2021

 

 


 

 

          Explorateur des pôles contemporains

 

  Une partie de la collection d’Erling Klagge, explorateur norvégien, avocat et collectionneur de 800 œuvres prend place dans les locaux de la Fondation Van Gogh. Cette approche s’inscrit dans un mouvement assez général de présentation de collections privées en institutions. Néanmoins ici le maître mot demeure l’éclectisme, en témoigne un passionnant entretien entre Klagge et Bice Curiger qui met en avant des notions comme la modestie, l’art de vivre, la connaissance et une authentique passion.

  Tel un phare destiné à nous guider, une pièce d’Olafur Eliasson intitulée Striped Eye Lamp « Lampe-œil à rayures ») de 2005, irradie toute la pièce où elle se trouve, à l’entrée, proposant un environnement subtilement coloré et impalpable. On trouve une autre construction du même artiste, au premier étage, intitulée The Kaleidoscope City (« La ville kaléidoscope ») où des filtres colorés enserrés dans une construction en bois changent les points de vue. Une fois encore le côté mouvant de l’ensemble semble bien rendre compte de la nécessaire ouverture d’esprit de celui qui regarde. Une très imposante installation de Jim Lambie mélange les impressions optiques au sol tout en les relayant au plafond avec un jeu de miroir. Cet univers quelque peu psychédélique et op-art s’explique par son autre passion la musique. Ainsi, au milieu se trouve Sonic Reducer, bloc de béton contenant des pochettes de disques. La légèreté et la lourdeur s’opposent avant de se fondre dans une vision très pop.

  La peinture se trouve aussi présente, sous diverses approches. Eliza Douglas avec une grande toile Nothing but Fog de 2017 que l’on retrouve sur le carton d’annonce de la Fondation. La question de la virtuosité en peinture passe souvent par la composition des mains ; l’artiste élude le problème en passant commande à des spécialistes de cette partie du corps, se réservant la partie abstraite. Il en résulte un mouvement de forte focalisation contrebalancé par la nonchalance voulue des tracés. Elle travaille souvent avec Anne Imhoff qui présente également ici des œuvres personnelles. En contrepoint, des travaux de Josh Smith qui peint comme il respire, c’est-à-dire tout le temps. Une huile sur panneau, Untitled (OSLO 06), de 2013, présente un palmier sur fond de couleurs criardes. Cette saturation visuelle traduit son aptitude à s’emparer des poncifs et à revisiter toute l’histoire de l’art, toutes tendances bonnes à se trouver réinterprétées, mais avec sincérité

  Bien d’autres artistes très connus se trouvent exposés comme Wolfgang Tillmans, Rirkrit Tiravanija, Lawrence Weiner, Carten Höller, Fischli et Weiss, Diane Arbus,… sans oublier un dessin de notre Fabrice Hyber national, Hypnotic, de 2003, entre violence de la composition et humour du propos. Terminons provisoirement sur une photographie de Klara Liden, Self portrait with the Keys to the City (« Autoportrait avec les clés de la ville ») de 2005, où l’artiste pose en entrouvrant son imperméable contenant tout l’attirail du cambrioleur. Pirouette finale pour s’interroger sur la clef d’entrée de cette monstration. Comment pénétrer à l’intérieur de la tête du collectionneur Erling Kagge ? Par effraction, peut-être ?                  

                                                                                                                                Christian Skimao

 

 

Olafur Eliasson, Striped Eye Lamp [Lampe-œil à rayures], 2005. Verre filtre coloré, fil, ampoule 60 W et trépied, 305 × 90 × 90 cm © Olafur Eliasson

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