dimanche 20 mars 2022

Exposition Mazaccio & Drowilal "Laisse à désirer" CACN, Nîmes, 2022.

 

Exposition Mazaccio & Drowilal

Laisse à désirer

CACN, Place Roger Bastide, Nîmes

Du 11 mars au 4 juin 2022

 

 

Mazaccio & Drowilal, New Museum/Luma/Goldman Sachs/WAGE, 2018



             Une non-duplicité duplicative

 

  « Mazaccio & Drowilal », dynamique duo, se compose de deux artistes, Élise Mazac et Robert Drowilal, qui proposent une approche très générationnelle face au déferlement d’images liées aux représentations de la pop culture, des stars, sportifs, événements, animaux, films, etc. provenant du web et d’ailleurs. Il s’agit pour eux de trouver une réponse ne s’inscrivant pas dans une contestation frontale, mais d’opérer un subtil (ou moins subtil) détournement. Si ce qui est représenté se trouve en passe de devenir ce qui existe, la création d’un nouvel avatar qualifiable d’artistique brouille la donne.

 

  Sous le titre de « Laisse à désirer », se retrouve la double injonction du désir avec ce qu’il possède encore de nouveauté, mais aussi la remarque scolaire malsonnante, liée au rendu d’un devoir. Leur art se construit pourtant avec précision dans un monde de l’à-peu-près. Travaillant souvent sur la notion du double et sa réappropriation, le CACN expose une décennie de leurs créations, certaines mises en scène sur des fonds de couleur un peu mièvre, reprenant le fameux leitmotiv « Before » et « After » des marchands d’illusion du web, promettant de rajeunir ou de perdre des kilos, comme par magie et par Photoshop interposé. En prenant par exemple Cezanne Zero (2021), de la série Iconology, on trouve un collage ou plutôt un « collimage » sur porte isoplane reprenant à la fois une illustration d’un jeu vidéo, une reproduction de Cézanne, des traits de peinture aérosol, des sangles, etc. La partie de présentation arrière, parée de teintes diaphanes est une plaque d’acier avec les mentions « Now/Then ». Il existe bien sûr une narration d’ensemble où nous revenons à une trivialité significative de la lutte (des classes ?) entre les fruits frais (bien que présents dans une nature morte) et une barquette de frites provenant d’une chaîne de restauration rapide. Finalement, l’art de la malbouffe nous entraîne vers l’art de Cézanne en une mise en abyme vertigineuse.

 

Mazaccio & Drowilal, Cezanne Zero, 2021

  Une critique implicite du monde comme il va se met en place, avec par exemple des portraits de chiens et de chats, un peu trop vrais, aux yeux rougis, semblables à ceux des photos ratées prises par des amateurs. Créateur et créatrice se mettent également en scène dans des clichés glamour ou non, flirtant souvent avec le ridicule, semblables à modèles innocents livré aux regards dévoyés des autres. La starisation de certains individus liés à leur intense monétisation se trouve présente dans bien des domaines avec une prédilection pour le football et le milieu artistique. Ainsi deux œuvres encadrées, de la série Gold Sponsor (2018) reprenant à la fois le fétichisme du supporter et celui du collectionneur, se déclinent respectivement avec l’équipe TATE pour Drowilal soutenue par Sotheby’s et Deutsche Bank et l’équipe LUMA Foundation  avec WAGE et Goldman Sachs pour Mazac. Où donc se situe la frontière entre réel et fiction ? Dans l’affliction ou la friction ? En tout cas, chez eux, l’esprit de finesse se cache « Avant » et « Après ».

 

                                                                                                                          Christian Skimao

 

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