Exposition
« TRANS(M)ISSIONS L’expérience du partage »
Avec 6 anciens étudiants de
l’Esba de Montpellier ; Aysegul Altunay, Geoffrey Badel, Paul Dubois, Olivia Hespel-Obregon, Sam Krack et Noémi Lancelot ;
3 projets avec des artistes confirmés comme Jean-Luc
Vilmouth (Atelier-monde), Mathilde Monnier (Exercice permanent) et Gruppo
Petrolio ( Lili Reynaud Dewar)
Mo.Co.
Hôtel des collections, Montpellier
Du 19
mars au 15 mai 2022
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Jean-Luc Vilmouth. Installation Bar Séduire, 1997-2004.MOCO Hôtel des Collections, 2022. |
Que transmet-on véritablement dans le cadre d’un enseignement artistique, philosophique, littéraire, ou autre ? De quelles expériences parlons-nous et comment celui/celle qui crée fait passer « ce quelque chose » à son élève qui relève à la fois d’une imitation (involontaire ?) mais aussi d’une contestation. Enfin comment en rendre compte dans le cas d’une monstration comme celle de l’Hôtel des collections ? Celle-ci fonctionne comme un mille-feuille, en strates, optant pour une juxtaposition de projets plutôt qu’une véritable circulation.
Dans la strate historique, l’hommage à
Jean-Luc Vilmouth qui nous a quittés en 2015, ne manque pas de force, avec
l’installation Bar Séduire (1997-2004). Il en existe plusieurs modèles
dont le but est de créer un espace de rencontre,
autour d’un dispositif de tables, lampes, tabourets, écrans qui installent le
visiteur dans l’espace et dans le temps. Chaque visiteur peut s’arrêter devant
chaque écran où des acteurs de toute origine s’adressent à lui en racontant des
choses intimes. L’existence d’un certain malaise le dispute à
l’excitation d’une offre qui ouvre vers de curieuses rencontres, entre voyeurisme
et participation. D’autres œuvres se situent sur les murs et le sol, mettant en
lumière une carrière commencée dans la sculpture, des textes manifestes en
néon, une reproduction réduite de son atelier avec des ouvrages appréciés par
lui, comme l’Éloge de l’ombre de Tanizaki et son rapport avec le Japon
avec un workshop réunissant ses étudiants en action entre Paris et Tokyo. Enfin
l’importance de la nature et de sa présence indispensable dans la dernière
partie de son œuvre.
En strate expérimentale, Gruppo Petrolio,
long film en neuf épisodes, réalisé par des collectifs temporaires composés d’étudiants de
la HEAD de Genève puis de l’Esba de Montpellier, réunis autour de Lili Reynaud
Dewar et du dernier ouvrage inachevé de Pasolini intitulé Petrolio (Pétrole).
Ce dernier s’inscrit dans une dénonciation des activités obscures de certains
dirigeants italiens et de l’assassinat d’Enrico Mattei. La mise en place d’une
narration actuelle sur la remise en cause de l’ordre social et sexuel s’inscrit
dans cette filiation du grand poète cinéaste. Là aussi, des écrans diffusent
dans la pénombre des fragments de l’ensemble.
Avec une strate chorégraphique, les relations
existant entre Mathilde Monnier, ancienne directrice du Centre Chorégraphique
national de Montpellier de 1994 à 2013, et ses danseurs et danseuses. De
nombreuses vidéos tentent d’y insuffler la vie mais l’absence de corps réels en
mouvement (heureusement quatre dates d’interventions se trouvent programmées) laisse
l’endroit quelque peu orphelin.
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Geoffroy Badel. Vue partielle de son installation. MOCO Hôtel des Collections, 2022. |
En glaçage prometteur, poursuivant la
métaphore pâtissière, les anciens étudiants de l’École de Montpellier, désormais
artistes qui ouvrent en réalité l’exposition (salles du haut). Geoffroy Badel, et
son environnement à la fois narratif et fantastique où des moulages de doigts
s’animent subrepticement avec des draps anciens tendus et teintés avec certains
ingrédients liés à la confection de la thériaque (composition miraculeuse
connue depuis l’Antiquité). Ensuite l’excellent travail de Paul Dubois avec ses
photos où son corps, modérateur d’échelle, semble happé par de grands rochers.
Il propose en outre une sculpture évolutive, nommée Sculpture primitive
(2022) où des coins de bois enfoncés préalablement puis mouillés feront éclater
la pierre. Et l’étonnant Alphabet canin d’Olivia Hespel-Obregon
qui perturbe nos références humaines par trop établies.
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