mardi 22 mars 2022

Exposition « TRANS(M)ISSIONS L’expérience du partage », MOCO,Montpellier,2022.

 

Exposition « TRANS(M)ISSIONS  L’expérience du partage »

Avec 6 anciens étudiants de l’Esba de Montpellier ; Aysegul AltunayGeoffrey BadelPaul DuboisOlivia Hespel-ObregonSam Krack et Noémi Lancelot ; 3 projets avec des artistes confirmés comme Jean-Luc Vilmouth (Atelier-monde), Mathilde Monnier (Exercice permanent) et Gruppo Petrolio ( Lili Reynaud Dewar)

Mo.Co. Hôtel des collections, Montpellier

Du 19 mars au 15 mai 2022

 

 

Jean-Luc Vilmouth. Installation Bar Séduire, 1997-2004.MOCO Hôtel des Collections, 2022.


 

                                    Comme une course de relais                                                

 

  Que transmet-on véritablement dans le cadre d’un enseignement artistique, philosophique, littéraire, ou autre ? De quelles expériences parlons-nous et comment celui/celle qui crée fait passer « ce quelque chose » à son élève qui relève à la fois d’une imitation (involontaire ?) mais aussi d’une contestation. Enfin comment en rendre compte dans le cas d’une monstration comme celle de l’Hôtel des collections ? Celle-ci fonctionne comme un mille-feuille, en strates, optant pour une juxtaposition de projets plutôt qu’une véritable circulation.

  Dans la strate historique, l’hommage à Jean-Luc Vilmouth qui nous a quittés en 2015, ne manque pas de force, avec l’installation Bar Séduire (1997-2004). Il en existe plusieurs modèles dont le but est de créer un espace de rencontre, autour d’un dispositif de tables, lampes, tabourets, écrans qui installent le visiteur dans l’espace et dans le temps. Chaque visiteur peut s’arrêter devant chaque écran où des acteurs de toute origine s’adressent à lui en racontant des choses intimes. L’existence d’un certain malaise le dispute à l’excitation d’une offre qui ouvre vers de curieuses rencontres, entre voyeurisme et participation. D’autres œuvres se situent sur les murs et le sol, mettant en lumière une carrière commencée dans la sculpture, des textes manifestes en néon, une reproduction réduite de son atelier avec des ouvrages appréciés par lui, comme l’Éloge de l’ombre de Tanizaki et son rapport avec le Japon avec un workshop réunissant ses étudiants en action entre Paris et Tokyo. Enfin l’importance de la nature et de sa présence indispensable dans la dernière partie de son œuvre.

  En strate expérimentale, Gruppo Petrolio, long film en neuf épisodes, réalisé par des  collectifs temporaires composés d’étudiants de la HEAD de Genève puis de l’Esba de Montpellier, réunis autour de Lili Reynaud Dewar et du dernier ouvrage inachevé de Pasolini intitulé Petrolio (Pétrole). Ce dernier s’inscrit dans une dénonciation des activités obscures de certains dirigeants italiens et de l’assassinat d’Enrico Mattei. La mise en place d’une narration actuelle sur la remise en cause de l’ordre social et sexuel s’inscrit dans cette filiation du grand poète cinéaste. Là aussi, des écrans diffusent dans la pénombre des fragments de l’ensemble.

  Avec une strate chorégraphique, les relations existant entre Mathilde Monnier, ancienne directrice du Centre Chorégraphique national de Montpellier de 1994 à 2013, et ses danseurs et danseuses. De nombreuses vidéos tentent d’y insuffler la vie mais l’absence de corps réels en mouvement (heureusement quatre dates d’interventions se trouvent programmées) laisse l’endroit quelque peu orphelin.

Geoffroy Badel. Vue partielle de son installation. MOCO Hôtel des Collections, 2022.


  En glaçage prometteur, poursuivant la métaphore pâtissière, les anciens étudiants de l’École de Montpellier, désormais artistes qui ouvrent en réalité l’exposition (salles du haut). Geoffroy Badel, et son environnement à la fois narratif et fantastique où des moulages de doigts s’animent subrepticement avec des draps anciens tendus et teintés avec certains ingrédients liés à la confection de la thériaque (composition miraculeuse connue depuis l’Antiquité). Ensuite l’excellent travail de Paul Dubois avec ses photos où son corps, modérateur d’échelle, semble happé par de grands rochers. Il propose en outre une sculpture évolutive, nommée Sculpture primitive (2022) où des coins de bois enfoncés préalablement puis mouillés feront éclater la pierre. Et l’étonnant Alphabet canin d’Olivia Hespel-Obregon qui perturbe nos références humaines par trop établies.

                                                                                                                                Christian Skimao

 

 

 

 

Aucun commentaire: