Exposition Quentin Lefranc
Et pour finir, tout recommencer
{Rendez-vous, Sous-sol}, Collection Lambert, Avignon
Du 29 février au 22 mai 2022
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Quentin Lefranc, Les pieds sur terre, Collection Lambert, 2022. |
Figures
volumétriques
Les travaux de Quentin Lefranc interrogent notre perception du monde tout en laissant une place à l’étrangeté de certaines situations par trop établies. Son approche de la sculpture s’inscrit certes dans une approche très rigoureuse mais où se décline la présence de la nature et de l’échelle humaine. Un fonctionnement qui propose une relecture des enjeux d’un passé proche (l’art minimal et l’art conceptuel ) à l’aune d’une contemporanéité en cours.
Quentin Lefranc, Vitruvio, Collection Lambert, 2022. |
Avec Vitruvio ( 2021) se met en
place un travail qui se réfère d’un côté à l’Homme de Vitruve, célèbre
dessin de Leonardo Da Vinci, mais aussi d’une réflexion sur le corps de
l’artiste enserré et enserrant les cerceaux qui composent l’œuvre. La relation
subtile existant entre la projection de sa pensée, la réalisation questionnante
de l’œuvre avec ses cercles d’acier, sa mise en place dans un espace défini, et
la présence d’une photographie montrant Lefranc aux prises avec ses
mensurations incluses dans et avec l’œuvre offre un sens nouveau. En effet,
l’introduction d’un document annexe mais qui en réalité ne l’est guère, présente
une complexité en devenir. Ainsi en va-t-il des tracés à la craie qui
permettent de nouvelles et potentielles trajectoires de sa réalisation. On peut
aussi songer à la problématique du « modulor » de Le Corbusier, notion
construite avec la contraction des termes module et nombre d’or, notion
privilégiant le corps humain comme échelle d’intervention.
Évoquant un « territoire de la
sculpture », l’artiste propose la série Giardino (2021) où des
structures grillagées contiennent des plantes vertes. En réponse et en
complément vient Dos au paysage, toile photographique avec une
représentation de nature et un supposé banc en bois. Là encore nous nous
trouvons dans un faux-semblant qui opte pour une mise en abyme. Un grand moment
de trouble avec Bivouac (2020) qui propose un espace de tentes non
fonctionnelles dont le côté cube intrigue fortement. Les structures attendues
se dérobent avec une grande malice. Ainsi fonctionne Huis clos où des châssis
de peintre en aluminium encadrent des miroirs réfléchissants, création d’une
sorte de dédale. La seule échappée se trouve dans la petite cour intérieure de
la Collection où l’installation Les pieds sur terre (2018-19) composée de
bancs de métal plaqués de verre laisse apparaître les variations des cieux. Un
geste poétique d’une grande liberté jointe à un formalisme intellectuel sans
faille. Si Quentin Lefranc apparaît comme un artiste sérieux (trop
sérieux ?), il possède un véritable talent à qui voudra regarder ses
œuvres mouvantes qui souvent deviennent émouvantes.
Christian Skimao
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