mardi 5 avril 2022

Exposition Quentin Lefranc, collection Lambert, Avignon, 2022.

Exposition Quentin Lefranc

Et pour finir, tout recommencer

{Rendez-vous, Sous-sol}, Collection Lambert, Avignon

Du 29 février au 22 mai 2022

 

 

Quentin Lefranc, Les pieds sur terre, Collection Lambert, 2022.

                                                

                         Figures volumétriques

 

 

  Les travaux de Quentin Lefranc interrogent notre perception du monde tout en laissant une place à l’étrangeté de certaines situations par trop établies. Son approche de la sculpture s’inscrit certes dans une approche très rigoureuse mais où se décline la présence de la nature et de l’échelle humaine. Un fonctionnement qui propose une relecture des enjeux d’un passé proche (l’art minimal et l’art conceptuel ) à l’aune d’une contemporanéité en cours. 


Quentin Lefranc, Vitruvio, Collection Lambert, 2022.



 Avec Vitruvio ( 2021) se met en place un travail qui se réfère d’un côté à l’Homme de Vitruve, célèbre dessin de Leonardo Da Vinci, mais aussi d’une réflexion sur le corps de l’artiste enserré et enserrant les cerceaux qui composent l’œuvre. La relation subtile existant entre la projection de sa pensée, la réalisation questionnante de l’œuvre avec ses cercles d’acier, sa mise en place dans un espace défini, et la présence d’une photographie montrant Lefranc aux prises avec ses mensurations incluses dans et avec l’œuvre offre un sens nouveau. En effet, l’introduction d’un document annexe mais qui en réalité ne l’est guère, présente une complexité en devenir. Ainsi en va-t-il des tracés à la craie qui permettent de nouvelles et potentielles trajectoires de sa réalisation. On peut aussi songer à la problématique du « modulor » de Le Corbusier, notion construite avec la contraction des termes module et nombre d’or, notion privilégiant le corps humain comme échelle d’intervention.


  Évoquant un « territoire de la sculpture », l’artiste propose la série Giardino (2021) où des structures grillagées contiennent des plantes vertes. En réponse et en complément vient Dos au paysage, toile photographique avec une représentation de nature et un supposé banc en bois. Là encore nous nous trouvons dans un faux-semblant qui opte pour une mise en abyme. Un grand moment de trouble avec Bivouac (2020) qui propose un espace de tentes non fonctionnelles dont le côté cube intrigue fortement. Les structures attendues se dérobent avec une grande malice. Ainsi fonctionne Huis clos où des châssis de peintre en aluminium encadrent des miroirs réfléchissants, création d’une sorte de dédale. La seule échappée se trouve dans la petite cour intérieure de la Collection où l’installation Les pieds sur terre (2018-19) composée de bancs de métal plaqués de verre laisse apparaître les variations des cieux. Un geste poétique d’une grande liberté jointe à un formalisme intellectuel sans faille. Si Quentin Lefranc apparaît comme un artiste sérieux (trop sérieux ?), il possède un véritable talent à qui voudra regarder ses œuvres mouvantes qui souvent deviennent émouvantes.

 

                                                                                                                               Christian Skimao

                                                                                                            


Aucun commentaire: