Exposition Germaine Richier Une rétrospective
Musée
Fabre, Montpellier
Du 12
juillet au 5 novembre 2023
Germaine Richier avec La Fourmi au Salon de Mai, 1955 Germaine Richier (b/w photo), Richier, Germaine (1904-59) / © Michel Sima / Bridgeman Images |
Volumes en devenir
Germaine Richier demeure, faut-il le
rappeler, une très grande sculptrice française. Son œuvre parle pour elle avec
une force et une inventivité sans pareille. Sa disparition en 1959 nous a privé
d’une vision toujours en devenir. Cette rétrospective attendue, réalisée
conjointement avec le Centre Pompidou à Paris (du 1er mars au 12
juin 2003) présente une sélection de 200 œuvres allant des volumes aux dessins
en passant par les gravures et les peintures.
Le musée Fabre propose un parcours très
didactique mais très nécessaire pour la situer dans son époque et montrer
comment elle contourne les normes classiques en se lançant dans l’inconnu. Lors
de ses débuts dans la statuaire, elle se réfère au modèle vivant, passant du Loretto
(1934) à L’Ouragane (1948-49), sans oublier de nombreux bustes, qu’elle
nomme ses « gammes ». Elle met en place un nouveau système
référentiel dans le traitement du bronze, avec des trouées et des reliefs et
une rugosité qui tend vers la défiguration. La prise en compte d’un tout
organique renoue avec une sorte de « boue » primordiale d’où
viendraient, métaphoriquement (?), ses statues. L’Ouragane semble en
effet apparaître comme une déesse mère archaïque, version inversée des fades Vénus
du 19ème siècle, portant en elle la puissance démiurgique des
éléments, comme en témoigne la photographie de Brassaï de 1951-52.
Le rapport à la nature s’accentue, provenant
de ses souvenirs d’enfance dans la garrigue à Castelnau-le-Lez où elle a passé
son enfance. De même les bas-reliefs du cloître Saint-Trophime à Arles jouent
un rôle déterminant dans son envie de volume. Ses hybridations prennent corps
avec La Chauve-souris (1946), Le Cheval à six têtes (1954-56) ou La
Montagne (1955-56). L’influence du surréalisme se conjugue avec l’utilisation
de matériaux non nobles provenant d’une activité de cueillette (bois flottés,
coquillages) et de récupération (briques abandonnées, morceaux de céramique,
outils de l’atelier) et d’un bronze naturel nettoyé. La brillance de l’ensemble
fonctionne sur un jeu de tensions et de cassures uniques. Les contraires se
rencontrent et s’assemblent pour aboutir à la création d’un genre fantastique.
En 1946, avec la création de L’Araignée I
apparaît la série dite des « sculptures à fil ». Un réseau complexe
se met en place, reposant à la fois sur des calculs techniques, mais aussi sur
la création d’un maillage qui crée de nouvelles correspondances. Cette approche
matérielle et intellectuelle nous fait changer de dimension comme avec Le
Griffu (1952). On comprend aujourd’hui ce que cette démarche avait de
novateur, pouvant prendre place dans notre univers contemporain aux dimensions
multiples.
Affaiblie par la maladie, Germaine Richier,
va néanmoins continuer son œuvre. Les Guerriers, sculptures de petit
format, possèdent une force incroyable liée à leur stylisation et au côté acéré
de certaines parties de leur corps. Ils sont l’essence de l’arme dans leur matérialité même.
Enfin, viennent les dernières pièces d’un jeu d’échecs, L’Échiquier, grand
(1959) en céramique et en couleurs avec le roi, la reine, le cavalier, le fou,
la tour. Les pions n’existent pas. L’inachèvement
demeure une composante d’une réalisation poignante et superbe. À la fin, c’est la
Dame qui gagne !
Christian
Skimao
Germaine Richier, vue partielle de l'exposition, musée Fabre, 2023 |
Dernière minute : un projet ambitieux
porté par Montpellier Métropole et le musée Fabre, dans le cadre du réaménagement
écologique de l’Esplanade Charles-de-Gaulle. Il s’agit de l’installation, à
financement participatif, d’un nouveau tirage d’une grande sculpture de
Germaine Richier, de plus de 3 mètres de haut, La Spirale (1957),
inspirée de La Vrille, petite (1956), d’après un coquillage trouvé sur
la plage.
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