Exposition personnelle Intelligences ambiantes de Samir Mougas
CACN (Centre d’Art Contemporain de
Nîmes)
Du 16 septembre 2023 au 24 février
2024
Samir Mougas, Avatar I, 2023. Exposition CACN, Nîmes. |
Intelligences
Services
Cette
exposition convoque de nombreux concepts et les illustre au travers de volumes
inattendus. Ainsi, Samir Mougas utilise l’intelligence artificielle comme un
outil de recherche, en formulant des requêtes de ce type « A technologic
food distribution machine with an articuled arm distributing blue sauce » qui
deviennent ensuite le titre de ses œuvres. Sa série de machines à fournir potentiellement
de la nourriture s’inscrit dans une recherche aléatoire où la réalisation
conduit, non pas à une machine technologique, mais à une représentation très
simplifiée et artisanale de l’objet. L’idée s’habille donc paradoxalement de
vernis, de peinture acrylique, de résine acrylique également, de polystyrène et
de bois. Des sortes de prototypes parés de couleurs vives ou ternes égrènent
leurs potentialités.
Peut-on alors poser la question triviale :
intelligence artificielle versus intelligence humaine ? Pas vraiment, car l’artiste
utilise ses connaissances pour obtenir des combinatoires et les définir en
fonction de problématiques artistiques contemporaines. En fait l’IA qui nous
entoure de partout se trouve représentée physiquement par une impression offset
contrecollée qui se répand sur les murs du Centre d’Art sous la dénomination d’Ambiant
Intelligence. Ce papier peint « intelligent » n’est donc qu’une version
tangible et enveloppante au service de sa création.
La notion d’hybridation, si souvent citée
actuellement, se trouve présente dès l’entrée avec Avatar I, sculpture mélangeant
allègrement une sorte de saucisse avec un masque de ski, l’ensemble évoquant une
idole issue de la science-fiction peinte en gris métallisé, oscillant entre
surprise et dérision. Cette reprise implicite de la fameuse phrase de Lautréamont
à propos de la « rencontre fortuite sur une table de dissection d’une
machine à coudre et d’un parapluie » ne nous amène pas du côté d’un post-surréalisme
souvent réactivé aujourd’hui, mais vers une approche spéculative plus conceptuelle.
D’autres réalisations cohabitent avec ses machines « alimentaires » :
des peintures élaborées suivant des schémas préétablis et dans un espace dévolu
se trouvent trois grès émaillés posés sur une table d’exposition spécialement
réalisée, avec un éclairage provenant d’une lampe également construite par
l’artiste en acier inoxydable thermolaqué. En un renversement dialectique assez
surprenant, on découvre que Samir Mougas qui « commande » aux algorithmes,
adore travailler à la main. Une mise en abyme particulièrement intense
s’épanouit ainsi tout au long de cette monstration.
Christian
Skimao
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