mardi 19 septembre 2023

Exposition Intelligences ambiantes de Samir Mougas, CACN, 2023.

Exposition personnelle Intelligences ambiantes de Samir Mougas

CACN (Centre d’Art Contemporain de Nîmes)

Du 16 septembre 2023 au 24 février 2024

 

 

 

Samir Mougas, Avatar I, 2023. Exposition CACN, Nîmes.

 

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  Cette exposition convoque de nombreux concepts et les illustre au travers de volumes inattendus. Ainsi, Samir Mougas utilise l’intelligence artificielle comme un outil de recherche, en formulant des requêtes de ce type « A technologic food distribution machine with an articuled arm distributing blue sauce » qui deviennent ensuite le titre de ses œuvres. Sa série de machines à fournir potentiellement de la nourriture s’inscrit dans une recherche aléatoire où la réalisation conduit, non pas à une machine technologique, mais à une représentation très simplifiée et artisanale de l’objet. L’idée s’habille donc paradoxalement de vernis, de peinture acrylique, de résine acrylique également, de polystyrène et de bois. Des sortes de prototypes parés de couleurs vives ou ternes égrènent leurs potentialités.

 

  Peut-on alors poser la question triviale : intelligence artificielle versus intelligence humaine ? Pas vraiment, car l’artiste utilise ses connaissances pour obtenir des combinatoires et les définir en fonction de problématiques artistiques contemporaines. En fait l’IA qui nous entoure de partout se trouve représentée physiquement par une impression offset contrecollée qui se répand sur les murs du Centre d’Art sous la dénomination d’Ambiant Intelligence. Ce papier peint « intelligent » n’est donc qu’une version tangible et enveloppante au service de sa création.

 

  La notion d’hybridation, si souvent citée actuellement, se trouve présente dès l’entrée avec Avatar I, sculpture mélangeant allègrement une sorte de saucisse avec un masque de ski, l’ensemble évoquant une idole issue de la science-fiction peinte en gris métallisé, oscillant entre surprise et dérision. Cette reprise implicite de la fameuse phrase de Lautréamont à propos de la « rencontre fortuite sur une table de dissection d’une machine à coudre et d’un parapluie » ne nous amène pas du côté d’un post-surréalisme souvent réactivé aujourd’hui, mais vers une approche spéculative plus conceptuelle. D’autres réalisations cohabitent avec ses machines « alimentaires » : des peintures élaborées suivant des schémas préétablis et dans un espace dévolu se trouvent trois grès émaillés posés sur une table d’exposition spécialement réalisée, avec un éclairage provenant d’une lampe également construite par l’artiste en acier inoxydable thermolaqué. En un renversement dialectique assez surprenant, on découvre que Samir Mougas qui « commande » aux algorithmes, adore travailler à la main. Une mise en abyme particulièrement intense s’épanouit ainsi tout au long de cette monstration.

 

                                                                                                                                                    Christian Skimao

 

 

 

 

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