Exposition Figures Seules
Avec Brigitte Aubignac, Ymane
Chabi-Gara, Marc Desgrandchamps, Tim Eitel et Djamel Tatah
Espace MA
Fondation Lee Ufan, Arles
Du 1er juillet au 24 septembre 2023
Tim Eitel, Cercle ouvert, huile sur toile, 2017. |
Pour cette première exposition temporaire
dans l’espace « MA », dont Phlippe Dagen assure le commissariat, nous
nous trouvons devant une sorte d’énigme, entre l’abondance et l’absence de
figures dans la totalité de la Fondation. Cette monstration paradoxale, se glisse
dans cet interstice (« ma ») du deuxième étage afin de décliner le thème accablant
de la solitude à notre époque.
La sociologie éclaire parfois, la philosophie questionne souvent, la peinture, quant à elle propose une représentation à la fois savante et complexe. La première toile qui nous accueille se trouve accrochée en dehors du lieu, dans l’escalier y conduisant. Une toile remarquable de Tim Eitel nommée Cercle ouvert, présentant un homme, vu de dos, en train de s’en aller dans une double structure géométrique. L’importance du contraste entre les deux offre un espace scénique qui montre le manque grâce à la virtuosité de l’artiste. Djamel Tatah travaille également sur la mise en scène de ses actants qui souvent se réfère à la notion brechtienne de distanciation. Ses silhouettes en devenir, avec ou sans avenir, circulent dans une matérialité colorée qui laisse entrevoir toute la vacuité du monde.
Deux créatrices choisissent une sorte de remplissage visuel, également déstabilisant. Ymane Chabi-Gara choisit de peindre sur contreplaqué des « hikikomori » (jeunes hommes ou jeunes femmes qui vivent cloîtré(e)s dans leur logis en refusant toute interaction sociale extérieure). Usant des coloris vifs, jouant avec la saturation de l’espace, elle renoue avec certaines représentations de la Figuration Narrative. Pour Brigitte Aubignac, le côté trash de ses peintures comme 3h30 insomnie verte, montre, affalée sur un canapé une jeune femme en train de dormir, rêvant ou cauchemardant, avec un masque de sommeil. Picturalement proche d’un expressionnisme naturaliste, elle nous propose une aventure perceptive d’un état entre deux mondes.
Enfin, l’inclassable Marc Desgrandchamps et
ses transparences nous questionnent sur le devenir de la figure. Sommes-nous en
présence de paysages traversés par des formes ou de formes traversées par des
paysages ? La porosité extrême du travail pictural oblige à un
questionnement métaphysique puisque la fusion entre les deux donne naissance à une
composition hybride.
Solitude ou solitudes, demeure la perspective picturale d’un constat.
Christian Skimao
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