mercredi 11 octobre 2023

Exposition collective "Ce que disent les plantes", Grenier à sel, Avignon, 2023.

 Exposition Ce que disent les plantes

Avec Donatien Aubert, Karl Blossfeldt, Betty Bui, Miguel Chevalier, Thierry Cohen, Jean Comandon, Valère Costes, Jean-Henri Fabre, Jérémy Griffaud, Fabrice Hyber, Benjamin Just, laurent Pernot, Sabrina Ratté, Max Reichmann, aurère vettier

Grenier à sel, Avignon

Du 7 Octobre au 22 décembre 2023

 

 

Laurent Pernot, Our endless love, (2021), Avignon 2023.

                                   

                                 

                      Offrez des plantes !

 

 

 Le dialogue qui s’établit avec les plantes passe aussi par les nouvelles technologies. Profitant de la célébration nationale du bicentenaire de la naissance du grand naturaliste Jean-Henri Fabre (182-1915), la fondation propose une approche à la fois historique et contemporaine, hybride et dynamisante, du végétal à travers de multiples déclinaisons.

 

  Dans l’entrée une œuvre de Laurent Pernot, Our endless love, propose des fleurs figées dans la neige artificielle tandis que le titre éponyme scintille sur la vitre du caisson en plexiglas. Cette déclaration glacée mais qui demeure éternelle montre l’ambiguïté du propos tout en réclamant grandement notre attention. À l’intérieur, la grande création numérique de Miguel Chevalier, Meta-Nature IA, convoque la création d’un jardin luxuriant (luxurieux ?) de plantes virtuelles, sans cesse renouvelées, l’œuvre se dédoublant au sol en une sorte d’approche environnementale. La technologie utilisée se sert aussi de référents floraux célèbres comme ceux du Douanier Rousseau ou d’Arcimboldo.

 

  Dans le cadre des références plus anciennes se trouvent les extraordinaires photographies végétales de Karl Blossfeld (1865-1932), le film de Jean Comandon (1877-1970), La croissance des végétaux qui joue sur la technique de l’accéléré ainsi que celui de Max Reichmann (1884 -1958) avec Le miracle des fleurs. Des planches originales de Jean-Henri Fabre nous attendent sur une table légèrement éclairée. L’Atlas racinaire, daté de 1960, réalisé sous la direction de Lore Kutschera, regroupe 1000 dessins scientifiques qui dévoilent ce qui vit caché, dans le sol, les racines. Cette réalisation, tracée à l’encre, à la fois scientifique et esthétique demeure exceptionnelle. En contrepoint la vidéo de François Hyber, La Vallée, explique la naissance du projet de sa forêt aux 100.000 essences différentes sur les anciennes terres agricoles de son enfance, rachetées par ses soins où se trouvent aussi ses ateliers. De même Thierry Cohen propose un montage photographique « improbable » avec deux photographies entrelacées sous la dénomination Carbon Catcher # 20.

 

Miguel Chevalier, Meta-Nature IA, 2023, Avignon, 2023.

  Des artistes d’une génération plus jeune, présentent des travaux très intéressants. Un somptueux travail de Sabrina Ratté, Floralia, interroge notre conscience et celle des écosystèmes en train d’évoluer sous nos yeux. Le côté magique de l’ensemble, soutenu par une réflexion scientifique emporte l’adhésion. L’installation très parlante de Benjamin Just sur la forêt résiliente met en scène le drame permanent de la déforestation. Sept petites souches en bois s’animent suivant un mouvement mis en place par l’artiste à chaque disparition d’arbres, semblable à un repentir permanent soutenu par une pensée théorique. L’ambitieuse approche de Donatien Aubert avec ses Chrysalides de métal et de plexiglas, diffusant des sons à l’approche des visiteurs, semblent issues d’une poétique-fiction. L’étonnante représentation d’espèces disparues au travers de photos et d’une réalisation en impression 3 D, figée dans un cube de plexiglas, marie la fin d’un monde avec l’essor d’une esthétique. Jérémy Griffaud propose un voyage en réalité virtuelle avec The Origin of Things où nous nous trouvons immergé dans une narration composée d’aquarelles. La transformation du vivant passe par une sorte de paysage enchanté qui mêle onirisme et inquiétude dans une fluidité remarquable. Remarquons la finesse du travail d’aurèce vettier (en minuscules), nom formé à l’aide d’un algorithme par Paul Moginot. S’emparant du dessin et de la puissance de calcul des machines il y incorpore un regard très cultivé où des dessins mystérieux rejoignent des branches élancées réalisées en bronze. Une approche organique mise en scène grâce à une réflexion mathématique.

 

Donatien Aubert, Chrsyalides (vue partielle), (2020), Avignon 2023.

  L’ensemble de la monstration offre ainsi un incontournable « bouquet » de pensées, sensations et réflexions multiples à propos du vert vivant. À suivre …

 

                                                                                                                                                      Christian Skimao

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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