vendredi 20 octobre 2023

Exposition collective "SOL/La Biennale du Territoire # 2. Soleil Triste." MO.CO Panacée, Montpellier, 2023.

 Exposition collective SOL ! La Biennale du territoire # 2. Soleil Triste. 

MO.CO. Panacée, Montpellier

Du 14 octobre 2023 au 28 janvier 2024.

 

Lou Masduraud, WET MEN, MO.CO Panacée, 2023.

                                       Post coïtum ...

 

 

  Une exposition très éclectique dont le point de départ narratif serait la rencontre, en 1776, du marquis de Sade, à la recherche de domestiques pour son château de La Coste, avec une certaine Catherine Trillet qui deviendra la Justine de son livre Justine ou les Malheurs de la vertu, publié en 1791. Un dessein bien sombre et bien aventureux dans lequel s’insère la sélection réalisée par Anya Harrison qui en assure le commissariat.

 

  Des œuvres très intéressantes, comme celle de Lou Masduraud, avec son installation WET MEN qui interroge l’espace des vestiaires et des douches pour dockers. L’écoulement permanent de l’eau crée à la fois une sensation immédiate et une lecture métaphorique. La notion de sueur le dispute à celle de propreté en un déplacement des sens tant politique que sexuel. La grande sculpture issue du folklore japonais de Chloé Viton, Hématie, The Birth of Oni Baba, frappe par sa dimension, sa couleur pourpre et la possibilité d’en faire jaillir des accessoires nécessaires à un événement de type performance. La magie de l’art se mesure à la magie des esprits en un hommage à une figure de la puissance féminine. Autre grand volume, Merci St Narvali de Joy Charpentier qui réinterprète Sainte Sara en fonction du genre et des transgressions voulues par l’artiste qui questionne la notion de sexualité différente dans le milieu gitan, où il a été élevé. Dans cet esprit revendicatif, un dessin mural réalisé avec différentes couches de henné par Marion Mauric fait apparaître en négatif la phrase « L’amour n’est pas un crime », écrite en arabe. Cette référence aux femmes marocaines de la communauté LGBT se double d’une dénonciation de l’article 489 du code pénal marocain punissant l’homosexualité.

 

  Enna Chaton revisite le divin Marquis avec le film A l’intérieur, le collier de perles, réalisé avec Stéphane/Claire Despax. Elle propose des mises en scène de pratiques sexuelles, jouées par des volontaires recruté(e)s pour l’occasion, sorte de clubs de rencontres inventés et davantage si affinités. Paul Maheke, un peu à l’écart, dans un coin dédié, présente une installation vidéo au titre très poétique, When the bodies dissoved into the ether, the orb sang notes of the heavens (Lorsque les corps sont dissous dans l’éther, l’orbe a chanté les notes des cieux). L’artiste danse et son image brouillée finit par se dédoubler dans une sorte d’état gazeux.

 

Chloé Viton, Hématie, The Birth of Oni Baba, Montpellier, MO.CO Panacée, 2023.

  Johan Creten et Jean-Michel Othoniel ponctuent l’exposition avec trop peu d’œuvres, tandis que les nombreux travaux des Crumb (le fondateur Robert, sa femme, décédée, Aline Kominsky-Crumb, et leur fille Sophie) semblent presque trop présents. Une petite série fort plaisante de Robert Combas intitulée Dessins dans la lumière du soir représente des scènes graveleuses avec beaucoup d’appétence, tout en détournant avec brio des figures historiques françaises. Enfin une mention spéciale pour Sylvain Fraysse qui traque et tronque les images pornographiques sur le réseau « Chaturbate » par la gravure, annulant ainsi leur pouvoir de jouissance répétitive.

  On peut avoir le sentiment de se perdre dans ce parcours un peu éclaté et nos sens, interdits, prennent parfois la tangente. Finissons sur une envolée lyrique avec la démarche de Sofia Lautrec qui traque la matérialité de l’écriture. Des récipients disposés dans différentes salles, se trouvent réalisés par un souffleur de verre qui récite un poème pendant qu’il accomplit son acte de création. Le vide se remplit de mots tandis que le plein contient le souffle du texte.

 

                                                                                                                                                         Christian Skimao

 

 

 

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