Exposition collective SOL ! La Biennale du territoire # 2. Soleil Triste.
MO.CO. Panacée,
Montpellier
Du 14 octobre
2023 au 28 janvier 2024.
Lou Masduraud, WET MEN, MO.CO Panacée, 2023. |
Post coïtum ...
Une exposition très éclectique
dont le point de départ narratif serait la rencontre, en 1776, du marquis de
Sade, à la recherche de domestiques pour son château de La Coste, avec une
certaine Catherine Trillet qui deviendra la Justine de son livre Justine ou
les Malheurs de la vertu, publié en 1791. Un dessein bien sombre et bien aventureux
dans lequel s’insère la sélection réalisée par Anya Harrison qui en assure le
commissariat.
Des œuvres très intéressantes, comme celle de
Lou Masduraud, avec son installation WET MEN qui interroge l’espace des
vestiaires et des douches pour dockers. L’écoulement permanent de l’eau crée à
la fois une sensation immédiate et une lecture métaphorique. La notion de sueur
le dispute à celle de propreté en un déplacement des sens tant politique que
sexuel. La grande sculpture issue du folklore japonais de Chloé Viton, Hématie,
The Birth of Oni Baba, frappe par sa dimension, sa couleur pourpre et la
possibilité d’en faire jaillir des accessoires nécessaires à un événement de
type performance. La magie de l’art se mesure à la magie des esprits en un
hommage à une figure de la puissance féminine. Autre grand volume, Merci St
Narvali de Joy Charpentier qui réinterprète Sainte Sara en fonction du
genre et des transgressions voulues par l’artiste qui questionne la notion de
sexualité différente dans le milieu gitan, où il a été élevé. Dans cet esprit revendicatif,
un dessin mural réalisé avec différentes couches de henné par Marion Mauric fait
apparaître en négatif la phrase « L’amour n’est pas un crime »,
écrite en arabe. Cette référence aux femmes marocaines de la communauté LGBT se
double d’une dénonciation de l’article 489 du code pénal marocain punissant
l’homosexualité.
Enna Chaton revisite le divin Marquis avec le
film A l’intérieur, le collier de perles, réalisé avec Stéphane/Claire
Despax. Elle propose des mises en scène de pratiques sexuelles, jouées par des
volontaires recruté(e)s pour l’occasion, sorte de clubs de rencontres inventés et
davantage si affinités. Paul Maheke, un peu à l’écart, dans un coin dédié,
présente une installation vidéo au titre très poétique, When the bodies
dissoved into the ether, the orb sang notes of the heavens (Lorsque les
corps sont dissous dans l’éther, l’orbe a chanté les notes des cieux).
L’artiste danse et son image brouillée finit par se dédoubler dans une sorte
d’état gazeux.
Chloé Viton, Hématie, The Birth of Oni Baba, Montpellier, MO.CO Panacée, 2023. |
Johan Creten et Jean-Michel Othoniel ponctuent
l’exposition avec trop peu d’œuvres, tandis que les nombreux travaux des
Crumb (le fondateur Robert, sa femme, décédée, Aline Kominsky-Crumb, et leur
fille Sophie) semblent presque trop présents. Une petite série fort plaisante
de Robert Combas intitulée Dessins dans la lumière du soir représente
des scènes graveleuses avec beaucoup d’appétence, tout en détournant avec brio
des figures historiques françaises. Enfin une mention spéciale pour Sylvain
Fraysse qui traque et tronque les images pornographiques sur le réseau « Chaturbate »
par la gravure, annulant ainsi leur pouvoir de jouissance répétitive.
On peut avoir le sentiment de se perdre dans
ce parcours un peu éclaté et nos sens, interdits, prennent parfois la tangente.
Finissons sur une envolée lyrique avec la démarche de Sofia Lautrec qui traque
la matérialité de l’écriture. Des récipients disposés dans différentes
salles, se trouvent réalisés par un souffleur de verre qui récite un poème
pendant qu’il accomplit son acte de création. Le vide se remplit de mots tandis
que le plein contient le souffle du texte.
Christian Skimao
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