mercredi 24 janvier 2024

Exposition Mitja Tusek, Ceysson & Bénétière, Domaine de Panery, 2024

 

Exposition Mitja Tusek  ici, ailleurs

Ceysson & Bénétière au Domaine de Panery ( près d’Uzès)

Du 19 janvier au 20 février 2024

 

 

Mitja Tusek, Fact checking, 2016

 

                                         Pièges

 

 

 Il est des rencontres fortuites qui ouvrent le regard sur un ailleurs caché. Ainsi Michel Duport, artiste bien connu, qui passait voir les « forêts » de Mitja Tusek a évoqué devant moi cette notion de piège. En effet, les toiles de l’artiste d’envergure internationale, d’origine slovène et de nationalité suisse proposent un résultat visuel où ses écrasés de peinture constituent une idée de forêt ou plus précisément encore un piège abstrait ou s’égare une idée figurative. Que voyons-nous véritablement ? Et que fantasmons-nous inconsciemment ?

 

  Mitja Tusek travaille de façon sérielle avec un monde de couleurs où les repères s’effacent et où le regard finit par se perdre, car il n’y a ni horizon, ni ligne de fuite. L’extrême matérialité de sa production se trouve confortée par l’utilisation de découpes de papier bulle (film bulle, plus exactement), les mêmes qui servent à l’emballage des œuvres d’art, imprégnées de peinture puis pressées plus ou moins fortement sur la toile. Cet étrange mouvement crée des empreintes que l’on retrouve dans le résultat final de l’œuvre, introduisant dès lors une sorte de blocage par rapport à une appréciation trop naturaliste. Ces variantes vertes, bleues et brunes créent en apparence un espace illusionniste pour celui ou celle qui regarde. Mais il ne s’agit pas ici du but voulu par l’artiste qui s’inscrit dans une peinture beaucoup plus conceptuelle.

 

  Certaines œuvres n’utilisent pas ce processus lié au papier bulle, comme The wind blow high et The wind blow low (2019) qui composent un diptyque s’inscrivant dans l’histoire de l’art. Peut-on évoquer les peintures de l’Ecole de Barbizon, mais passées à la moulinette d’une réflexion intellectuelle sur l’apparence des choses ? Ou encore les paysages de Courbet où le vert apparaît parfois dans son artificialité même ? Les titres nous éloignent d’ailleurs de toute référence naturelle ou élégiaque et laissent planer un grand doute. Une narration se met en place, en fonction des questionnements picturaux et philosophiques de l’artiste, mais où le sens change en fonction de l’appréciation de chacune et de chacun. Si les archétypes ont la vie dure, l’art se cache souvent dans les détails.

 

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                                                                                                                                                    Christian Skimao

 

 

 

 

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