jeudi 2 septembre 2021

Exposition « Circumnavigation jusqu’à épuisement » Clarissa Tossin La Kunsthalle (Centre d’art contemporain), Mulhouse,2021

 

Exposition « Circumnavigation jusqu’à épuisement »

Clarissa Tossin

La Kunsthalle (Centre d’art contemporain) de Mulhouse

Du 1er juillet au 31 octobre 2021

 

Vue globale mais partielle de l'exposition de Clarissa Tossin avec Death by Heat Wawe au sol

 

         Comme une « AMAZON »

 

 

  Les temps écologiques génèrent des actions artistiques. Ou bien les actions artistiques préparent les temps écologiques. Clarissa Tossin, artiste brésilienne vivant à Los Angeles nous propose un parcours esthétique à partir d’une catastrophe en cours. Une série d’œuvres complémentaires constitue sa réflexion autour de l’Amazonie et de sa déclinaison sémantique et formelle avec le géant du commerce Amazon. Légèrement anxiogène mais très parlante, une œuvre se trouve entièrement réalisée avec des cartons d’expédition Amazon découpés appelée Disorientation Towards Collapse [Heavy]. Le travail lent et minutieux qui aboutit à un tressage offre donc un contraste avec la volonté du géant de l’e-commerce d’aller toujours plus vite. Une autre série d’œuvres utilise également des tissages réalisés avec des morceaux de boîtes d’expéditions d’Amazon jointes à des images de la Terre, de la Lune et de Mars prises par un satellite de la NASA, offrant une réalité nouvelle au regardeur. La possibilité de se placer d’un point de vue autre change la nature de l’objet de base (Circumnavigation Towards Exhaustion : Power Grid). Sa transformation conduit dès lors à un questionnement global sur la nature éphémère des choses. Avec New Planet, l’artiste réalise à la fois une création traditionnelle née d’un savoir-faire ancestral et paradoxalement porteur d’une interrogation contemporaine sur les dommages liés à l’exploitation sur Terre et dans le futur sur Mars.

 

  Une pièce maîtresse prend place au centre de la salle principale, nommée Death by Heat Wave (Acer pseudoplatanus, Mulhouse Forest), réalisée avec un érable sycomore mort, coupé dans une forêt près de Mulhouse, recouvert d’un moulage en silicone. Elle s’étend avec force dans une horizontalité où se mêlent sentiment du désastre et puissance plastique. Il faut tourner autour avec lenteur et s’imprégner de l’étrange peau supplémentaire qui recouvre l’arbre mort (linceul ou gangue plastique ?) Enfin, exposée sur un des murs, une série de masques mortuaires moulés sur le propre visage de la créatrice, Becoming Mineral, s’inscrit dans le futur de la disparition et dans la réapparition au travers de l’argile. La terre devient œuvre d’art, celle-ci redevenant terre à la fin de son cycle. Une pensée bouddhique sous-tend peut-être ces masques étonnants qui possèdent également une aura questionnante.

 

  Clarissa Tossin joue sur de nombreux registres, s’évertuant à rendre accessibles à toutes et à tous son message. Les interconnexions didactiques fonctionnent parfaitement soutenues par une étonnante puissance formelle. Le désastre écologique annoncé se trouvera-t-il évité ou non ? Tout demeure encore possible sinon nous pourrons aussi envisager de « finir en beauté".

                                                                                                                                                                   Christian Skimao

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