jeudi 7 octobre 2021

« SOL ! La biennale du territoire. #1 Un pas de côté. » Montpellier, 2021.

 

Exposition « SOL ! La biennale du territoire. #1 Un pas de côté. »

MOCO. La Panacée, Montpellier                                                                                                                                            

Du 2 octobre 2021 au 9 janvier 2022.

BECQUEMIN & SAGOT Aldo BIASCAMANO Fabien BOITARD Elsa BRES Charlotte CARAGLIU Julien CASSIGNOL Lise CHEVALIER Anne-Lise COSTE Agathe DAVID Daniel DEZEUZE Elisa FANTOZZI Margaux FONTAINE Adrien FREGOSI Pablo GARCIA Joëlle GAY Marie HAVEL Gérard LATTIER Mohamed LEKLETI Emilie LOSCH Audrey MARTIN Ganaëlle MAURY Clément PHILIPPE Aurélie PIAU Anne PONS Guillaume POULAIN Pierre TILMAN Natsuko UCHINO Pierre UNAL-BRUNET Gaétan VAGUELSY Claude VIALLAT Carmelo ZAGARI


Elisa FANTOZZI Envie d’être en vie, 2007 Moulage et tirage en résine d'un autoportrait, peinture acrylique et vernis 130 x 100 x 70cm Courtesy de l’artiste© Adagp, Paris, 2021

 

  

Solidaires ou solitaires

 

  Pas facile de mettre en place une Biennale sur un territoire défini (de Sète à Alès et de Nîmes à Béziers) avec des pratiques artistiques fort diverses et des artistes de différentes générations. L’hétérogénéité tiendra donc lieu de fil conducteur à ce premier contingent de 31 artistes. Cette première édition (reconductible) se concentre sur un phénomène de « décentrement » d’où le sous-titre « Un pas de côté ». Cependant gardons en mémoire que la traversée du funambule demeure un exercice difficile et que le faux pas toujours guette.

  Une œuvre d’Elisa Fantozzi, Envie d’être en vie (2007) pourrait servir de symbole. Une représentation de l’artiste, son double, trône magistralement sur le toit du bâtiment. Elle prend l’air, les yeux tournés vers l’azur, en un équilibre précaire, libre. Si l’ensemble de la monstration repose sur une division en trois parties : « Symbiose et totems » pour le rapport à la nature ; « Nous sommes tous des légendes » avec le rapport à l’Histoire ; enfin « Bisous baston » pour le rapport à la société, on peut aussi vagabonder entre les productions.

  Les artistes historiques comme Daniel Dezeuze et Claude Viallat ont opté pour un travail de bricolage conceptuel. Des armes de poing et des canons de table légendaires, de la fin des années 1980 pour le premier tandis que le second a opté pour des assemblages récents de bois et de cordes, en un malicieux clin d’œil. Pierre Tilman joue avec les lettres comme les lettres se jouent de lui, des figurines enfantines venant se mêler aux idées. Enfin Gérard Lattier, qui vit et travaille à Poulx, expose son approche narrative au travers de tableaux enluminés qui content bien des épisodes de la vie réelle (ou imaginée).

  Un bon nombre de jeunes artistes participent à cette Biennale. D’abord des femmes, bien décidées à marquer leur époque, comme Audrey Martin avec des séries très pensées et très élégantes comme Métamorphismes, So far away et From rocks to dust qui questionnent la fragilité des choses et la préciosité feinte d’une pensée tendant vers un absolu. Du côté de la vidéo et des installations, Emmanuelle Becquemin et Stéphanie Sageot (Becquemin & Sageot) revisitent l’Antiquité au travers de Montpellier. Leur Road-movie peplum : deux sirènes chez les Argonautes apparaît très décapant, franchement drôle et percutant. La vieille pierre contemporaine se fracasse sur l’inexistence de ses ruines. Elsa Brès nous présente le film Les Sangliers, une fracassante lecture de la lutte des classes et des luttes de chasse, sur fond d’alliance entre monde animal sauvage et sorcières. Deux mentions spéciales pour la grande installation de fragiles sculptures de Joëlle Gay (Pionnières et Levées) et le parcours des Cinq sentiers d’Emilie Losch. La grande force poétique des deux œuvres repose sur un geste maîtrisé et un sens très élaboré de la mise en scène. Sans oublier l’énigmatique peinture de Margaux Fontaine et la série Nostalgisme de Marie Havel, en plus de son tapis de jeux rebelle.

Vues d'exposition "Sol !"© Pauline Rosen-Cros

                                         

  De la peinture-peinture avec Gaëtan Vaguelsy et sa grande toile Les Rois Mages qui reprend les codes anciens (dont certains drapés) tout en la situant dans une actualité à la fois sociologique et commerciale, l’humour en plus. Fabien Boitard, toujours fidèle à sa narration post-expressionniste présente la série Grimace et l’étonnant portrait d’un Puissant, où la cravate découpée du modèle vient perturber notre approche frontale. Une grande installation interactive et radioactive de Clément Philippe qui travaille sur les failles du monde industriel tandis que Pablo Garcia parsème de messages divers toute la manifestation avec des plaques interfunéraires.

 Fabien Boitard "Sol ! "© Pauline Rosen-Cros

 

 Et nous présentons nos excuses aux oublié(e)s …


                                                                                                                      Christian Skimao

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