Exposition
De vertical, devenir horizontal, étale.
(Emmanuelle
Huynh et Jocelyn Cottencin
Exposition
Suspension/Stillness
(Etel
Adnan, Trisha Donnely, Lili Dujourie, Suzan Frecon, Charlotte Posenenske
Carré
d’art-Musée d’art contemporain, 2ème étage, Nîmes.
Du 7 décembre
2021 au 13 mars 2022.
Voyages, voyages ...
A taxi driver, an architect and the High Line, 2016 - Vue de l’installation, Nîmes,2021. |
Exposition De vertical, devenir horizontal, étale.
De New York sur Loire à Saint-Nazaire sur Hudson, ou plutôt l’inverse, Emmanuelle Huynh et Jocelyn Cottencin construisent des actions dansées, pensées et scénarisées qui aboutissent à des films. A taxi driver, an architect and the High Line (2016) explore une certaine idée de New York, au travers d’une vision fantasmée par nous tous. Le corps sert de révélateur à des regards nouveaux et troublants dans un espace où on ne l’attend guère. Il s’insère dans la réalité quotidienne en marquant sa présence par son décalage même. Parfois remarqué, parfois ignoré, il semble être l’enveloppe d’un inconscient plastique. Ce film apparaît comme une trilogie avec trois protagonistes : un chauffeur de taxi (évidemment), un architecte et la « High Line » (parc linéaire suspendu de 2,3 km dans Manhattan). Les histoires s’enchevêtrent avec les paysages créant dès lors des décors mentaux propices à l’exploration. L’intime et le public prennent ainsi place, de façon renouvelée, dans une ville de New York, qui demeure toujours la plus grande scène de théâtre du monde.
Avec Nous venons de trop loin pour oublier qui nous sommes (2019), nous nous retrouvons en miroir, de l’autre côté de l’Atlantique, en France, à Saint-Nazaire. Au travers de portraits humains, se profile une ville portuaire à la fois réelle et héroïque. Apparaissent à nos yeux éberlués des pas de danse dans des structures métalliques où l’effort du corps artistique le dispute à l’effort du corps constructeur. Cheville ouvrière d’un monde industriel, Huyn déconstruit, en solo ou en duo avec Cottencin, le cadre trop normé de ces lourdes constructions qui iront voguer sur les mers. Au détour d’un chantier, ou d’une vue sur la nature périurbaine, accompagné d’une bande-son parfois tonitruante se glisse la poésie perdue des transatlantiques. Une structure en plateaux permet de s’asseoir et/ou de s’allonger dans des conditions optimales afin de mieux voir et ressentir ces fortes images.
La troisième salle contient divers films
courts, des sérigraphies, des textes et des installations en bois posées à même
le sol, comme les miscellanées d’un livre en train de s’écrire. Les trois lieux
constituent un parcours intéressant et questionnant, mettant en relation des
imaginaires, des lieux réels et une exploration corporelle d’une grande
intensité. L’intelligence de la construction du binôme apparaît petit à petit
lors du déroulement des séquences jusqu’à devenir un souvenir
« joyeux » en fin de séance.
Exposition Suspension/Stillness
De l’autre côté de Carré d’art, toujours au second étage, prennent place les œuvres de cinq artistes femmes. Deux peintres, Etel Adnan(née en 1925, récemment disparue en 2021), qui jongle avec des variations chromatiques sur de petits formats et Suzan Frecon (née en 1941) qui joue avec de grands formats présentant des formes courbes et abstraites. Deux artistes présentent des volumes : Lili Dejourie (née aussi en 1941) avec une installation posée à même le sol intitulée Côté Couleurs, Côté Douleurs (1969) et Charlotte Posenenske (1930-1985) qui a participé à l’aventure de l’Art minimal américain. Sa singularité réside dans son approche critico-économique puisque ses volumes modulables se trouvaient vendus à des prix de série très peu onéreux. Luttant ainsi contre une récupération de son art par le marché, elle s’insérait dans une contestation radicale qui ne manquait pas de panache avant d’abandonner l’art et de se tourner vers la sociologie. Enfin, Trisha Donnelly (née en 1974) propose au regardeur une « situation sculpturale ». Sans titre (2014) est une image numérique de grand format qui se voit comme un tableau vibrant ou encore comme une image énigmatique. L’artiste ne donne pas d’explications sur son œuvre, jouant l’unicité de l’image contre la multiplication actuelle des représentations.
Ces propositions issues de diverses
générations de créatrices, avec leurs différences d’approche, se sont trouvées parfois
incluses dans l’art de leur temps et parfois mises en marge à leur époque.
Aujourd’hui leurs travaux s’insèrent dans la vaste réécriture d’une histoire de
l’art plus inclusive.
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