samedi 23 juillet 2022

Exposition "MC1R", Dana-Fiona Armour, Collection Lambert, Avignon, 2022.

 Exposition Dana-Fiona Armour

Projet MC1R

Rendez-vous, Sous-sol, Collection Lambert, Avignon

Du 2 juillet au 9 octobre 2022

 

 

DF ARMOUR Scan Micro CT Nicotiana Benthamiana - Pre Transgenesis 2022 participation de Valero Constance et Furlan Lorenzo © Dana Fiona Armour 1

                                                

             Plantes transfusées, vies infusées


   Le mélange des espèces s’inscrit résolument dans le projet MC1R de Dana-Fiona Armour. Elle a travaillé en collaboration avec une société de recherche nommée Cellectis qui intervient sur les génomes et œuvre pour la mise en place de thérapies pour maladies graves.  Ainsi est née une plante hybride, humaine et végétale, qui comprend un gène humain (carnation, couleur de cheveux, rousseurs diverses) portant le nom éponyme du projet, introduit dans des plants de tabac indigène d’Australie, Nicotiana Benthamiana. Une partie de la créatrice, possédant les caractéristiques physiques précitées, se trouve donc littéralement présente dans ces plantes exposées à nos regards interrogatifs. La dimension scientifique se trouve auréolée d’une poétique de l’étrange au travers d’une mise en scène luminescente. Une bande-son permet également d’entendre les plaintes des végétaux soumis au stress.

Dana-Fiona Armour Projet MC1R (détail), Collection Lambert

  Dans la deuxième salle, une projection en réalité virtuelle continue l’exploration de la plante au travers d’un vertigineux voyage à l’intérieur et à l’extérieur de ses racines. Là encore, l’imaginaire le dispute à la réalité, puisque l’artiste s’appuie sur des fondements scientifiques pour aboutir à un véritablement questionnement sur notre devenir. Il existe bien sûr un léger malaise face à cette exploration hors limites de ce qui apparaissait il y a peu comme un monde défini et figé.

  Enfin, dans la troisième salle de ce « laboratoire » l’artiste propose une œuvre nommée 1,45 diamètre (calcinose secondaire) datée de 2021, vaste disque de marbre suspendu qui représente son autoportrait. Lisse, parfait, inaltérable, et pourtant fragile, cette réalisation explore les champs de la perfection de la reproductibilité numérique, mais aussi ceux des statues de l’Antiquité. Ce grand écart philosophique ouvre bien sûr des perspectives pour une représentation post-mortem de nous-mêmes, figés dans une peau de marbre, et se balançant au rythme des étoiles mortes. D’étranges structures en verre parsèment l’espace, appartenant à sa série Pneumatophore.

  Entre réalité et mise en scène, cette exposition peu ordinaire, nous embarque pour un voyage vers un futur, en train d’exister dès maintenant. La réflexion sur ces grands problèmes de circulation entre les différents éléments constitutifs du vivant crée un véritable vertige, car ces concepts se heurtent à nos grilles d’interprétation par trop normées. Et pour passer à l’international, à la Biennale de Venise, elle rejoindra au Palazzo Bollani, une exposition nommée Planet B, organisée par Nicolas Bourriaud et sa coopérative curatoriale Radicants.

                                                                                                                       Christian Skimao

                                                                                                            

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