Exposition « Musées en exil » (Chili, Bosnie-Herzégovine, Palestine)
MO.CO. Hôtel des collections,
Montpellier
Du 11 novembre 2022 au 5 février 2023
Ulysse conservateur
Cette exposition fort étonnante concerne trois
musées « exilés » avec une volonté commune de conserver une mémoire. Le
Musée International de la Résistance Salvador Allende au Chili, le projet Ars
Aevi en Bosnie-Herzégovine, le futur Musée national d’Art moderne et
contemporain de la Palestine, dont les œuvres se trouvent à Paris à l’Institut
du Monde arabe. Le premier est arrivé à bon port puisqu’il a rejoint le Museo
de la Solidaridad Salvador Allende à Santiago ; le second, dans des locaux
temporaires devra s’installer dans des locaux contemporains spécialement
réalisés pour lui à Sarajevo ; enfin, le troisième n’a en vue qu’un lieu très potentiel
dans la partie orientale de Jérusalem.
La monstration, dont le commissariat se trouve assuré par Pauline Faure et Vincent Honoré, a opté pour un rappel historique avec l’évacuation du musée du Prado à Madrid en 1936 devant l’avancée des troupes franquistes, l’évacuation du Louvre à Paris et du musée Fabre à Montpellier durant la Seconde Guerre mondiale ; enfin une salle dédiée aux artistes ukrainiens qui comprend 16 réalisations actuelles, imprimées et imprimables pour faciliter leur diffusion.
Pour le Chili, des artistes historiques comme
Wifredo Lam, Roberto Matta, Victor Vasarely, très connus comme Jesús Raphael
Soto, Joan Rabascall, Edouard Pignon, etc. ont réalisé des donations. Il y a
une volonté pour certains de répliquer plastiquement et explicitement au coup
d’état des militaires comme Lou Laurin-Lam, Alexandro Marcos ou Robert Forgas. Concernant Sarajevo, la collection se
construit entre 1994 et 2007 avec le soutien de nombreuses institutions
européennes. Une belle sélection avec une installation de Marina Abramovic, la
présence de grands noms comme Christian Boltanski, Sophie Calle, Roman Opalka, ou
Bill Viola pour ne citer qu’eux. Une œuvre très parlante de Tony Cragg, Quarry
(1990) propose 30 sacs de ciment et une grue miniature, préfiguration d’une reconstruction
des bâtiments et des esprits. Le dernier, concernant la Palestine, n’a toujours
pas de lieu d’ancrage, si ce n’est celui, toujours temporaire, de l’Institut du
Monde arabe à Paris. Elias Sanbar y a beaucoup contribué avec le soutien de
Jack Lang. Cette sélection de la collection s’expose en dehors des murs de
ladite institution pour la première fois à Montpellier. Là encore des œuvres de
grande qualité ont trouvé leur place avec pas mal d’artistes français comme Alberola,
Buraglio, Cueco (Marinette et Henri), Fromanger, Loste, etc. Sans oublier des
créateurs d’autres nationalités comme Rachid Koraïchi, Antonio Segui, … et bien
sûr des Palestiniens, natifs de Gaza, Mohammed Joha et Taysir Batnaji.
Le
musée peut ne pas exister encore, néanmoins il doit impérativement tendre vers
sa concrétisation. Son importance, mais aussi sa fragilité, depuis la première entité
européenne, l’acquisition du « cabinet Amerbach » en 1661 par la
bourgeoisie bâloise, noyau du Kunstmuseum Basel d’aujourd’hui, apparaît dès que
la tourmente frappe une contrée. Conserver des œuvres pour les montrer au public
demeure un acte salutaire de transmission.
Christian
Skimao


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