Exposition « Une histoire intime de l’art »
Donation Lambert à la Collection
Lambert, Avignon
250 œuvres de près de 90 artistes
Du 25 mars au 4 juin 2023
Jean-Michel Basquiat, Asbestos (1981-1982), gouache sur papier marouflé sur toile, 282 x 272 cm |
Révisions
(partielles) en histoire de l’art
Cette monstration d’une partie de donation Lambert (250 œuvres réalisées par 90 artistes, allant par ordre alphabétique de Carlos Amorales à Lawrence Weiner) donne un aperçu de sa richesse et du parcours exemplaire d’un marchand, doublé d’un collectionneur. Cette sélection opère parmi les 600 données à l’Etat en 2012 et gérées par le CNAP (Centre national des arts plastiques).
Promeneur agile, promeneuse intrépide, voici les espaces printaniers de l’art. Il n’est guère facile de faire son choix devant ce parterre d’artistes. Ne s’agit-il point ici de les humer tour à tour, en épousant les méandres d’une histoire en perpétuel mouvement ? On saisit mieux l’importance des aventures héroïques du Minimal et du Conceptuel qui se heurteront aux retours d’une peinture, parfois pensée et parfois pensive. Les contradictions foisonnantes de cette seconde partie du 20ème siècle conduisent paradoxalement à un éternel retour, certes mâtiné d’une contemporanéité dissimulée dans l’œil [qui] écoute.
Le parcours débute par le fameux Sas de
contamination (2000), restauré, de Thomas Hirschhorn qui permet à chaque
visiteur de se préparer mentalement et physiquement à l’action de voir de l’art,
en déchaînant son regard. La division du parcours en six thématiques, bien que
quelque peu contraignantes, permet une classification de type muséal. Optant
pour une non-chronologie salutaire avec « De retour du réel » qui comprend
des réalisation plus récentes comme Andres Serrano, Barbara Kruger,… on termine
sur « Ruptures et promesses - Les nouvelles avant-gardes » avec des
œuvres plus anciennes de Carl Andre, Brice Marden, Richard Tuttle,… Au milieu
se situent « Je reflèterai ce que tu es - Présences intimes »
comprenant Christian Boltanski, Roni Horn, Bruce Nauman, Jana Sterbak,… puis
« La peinture est morte ! Vive la peinture ! » avec Miquel Barceló,
Robert Combas, Anselm Kiefer,… Avec « Les nouveaux anciens - la question
de l’antique » nous explorons des domaines chers à Francesco Clemente,
Jannis Kounellis ou Cy Twombly,… Et
n’oublions pas « Au-delà du paysage » avec Marcel Broodthaers,
Christo, On Kawara,… On ne peut bien sûr pas citer tout le monde, et pourtant
que de célébrités !
Roni Horn, Untitled (Isabelle Huppert), 2005-2007, cinq épreuves chromogènes, 34,1 x 28 cm chacune |
L’émotion affleure aussi devant certaines pièces, trop larges, trop superbes, trop exacerbées : on songe aux œuvres présentes en permanence dans la Collection comme celle de Sol LeWitt, intitulée Wall Drawing#538 : On Four Walls, Continuous Forms with Color Ink Washhes Superimposed (1987) qui occupe quatre murs créant un environnement différent à chaque passage ; ou encore trop intimes comme les cibachromes de Nan Goldin et sa projection de 83 diapositives dans un endroit un peu retiré, derrière un mystérieux rideau. Enfin Daniel Dezeuze et la réalisation la plus iconique de Supports-Surfaces, Châssis (1971), se composant d’un film plastique transparent cloué sur un châssis en bois, qui explique par sa simplicité même la pensée complexe du mouvement.
En creux se dessine également le portrait
d’Yvon Lambert, entre Vence, Paris et New York. Si Montpellier n’a pas réussi à
le retenir au siècle dernier, Avignon le consacre au suivant. Des palais ouverts
aux multiples publics, déjà s'envole une imperceptible musique proustienne.
Christian
Skimao
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