Exposition Reeve Schumacher
Origines d’un monde
[Rendez-vous, sous-sol], Collection
Lambert, Avignon
Du 25 mars au 28 mai 2023
Approches
magico-magnétiques
Reeve Schumacher, Phare (2020) à la Collection Lambert, 2023.
Reeve Schumacher est un artiste américain au profil atypique, ce qui ne peut que fortement nous intéresser. La musique ou plutôt diverses approches musicales s’inscrivent dans une recherche convoquant l’esprit de nature, mais aussi la connaissance des technologies contemporaines. À l’entrée, un tourne-disques posé sur une colonne de pierre fait de l’objet vinyle une œuvre nouvelle, l’artiste effectuant directement de petites entailles au cutter sur le support pour recréer un nouveau langage entre le braille et le solfège. Une somptueuse installation y fait écho, Phare (2020) où deux assemblages d’enceintes et de tubes lumineux, tournoient sur eux-mêmes, semblables à des derviches tourneurs. Lancinante et inspirée, cette mise en scène nous entraîne vers une transe personnelle et collective. Plus apaisante, Echo (2021) présente un assemblage de 300 mètres de cordes de pêcheur qui forment des motifs complexes. Une référence à des talismans indiens ou encore une subtile relecture de compositions bouddhiques. Le sel de la mer se mélange à celui de la terre, le travail à la pensée, la fugacité à l’éternité.
Origines d’un monde
(2023), vidéo très inspirée, nous propose un voyage à la fois extérieur et
intérieur. Si Schumacher s’y met en scène avec beaucoup de talent, il multiplie
les plans proches et lointains dans l’optique d’un grand voyage. La notion de
cercle, omniprésente dans son œuvre s’inscrit du côté de la circonférence, donc
du vinyle, bien sûr, mais aussi de références plus archétypales comme celles
présentes dans Spiral Jetty, l’œuvre absolue de Robert Smithson qui apparaît
et disparaît en fonction de la montée des eaux du Grand Lac Salé aux USA. Ici, grâce
aux deux écrans simultanés, une sensation nouvelle se met en place avec la
présence du corps de l’artiste qui plonge ou s’envole à son gré, en fonction
des vents et de la caméra. Les cordes se retrouvent réutilisées dans
l’élaboration de mandalas mystérieux tandis que nous pénétrons dans un univers
magique.
Reeve Schumacher, Echo (2021), à la Collection Lambert, 2023. |
Spiralées, circulaires, labyrinthiques, elliptiques, les réalisations de Reeve Schumacher cassent les codes d’une écologie trop naïve. Elles inspirent et respirent comme un organisme en constante évolution. Ce sous-sol, lieu de découvertes, à la collection Lambert, ouvre encore une fois sur d’infinies promesses ; l’Ouest demeure non pas un objet de conquête, mais une découverte de soi.
Christian Skimao
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire