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| Kader Attia, "Culture, Another Nature Repaired", vue partielle, MO.CO., Montpellier ,2024. |
Exposition
Descente au Paradis de Kader Attia
MO.CO.
Montpellier
Du 22
juin au 22 septembre 2024
Les
cieux sous la terre
En fonction de l’énigmatique agencement des
lieux de l’Hôtel de Montcalm (MO.CO.) qui oblige à commencer les visites par le
haut et à les achever par le bas, Kader Attia a mis en place un dispositif « inversé ».
Le Paradis se trouve donc au sous-sol, l’Enfer au rez-de-chaussée, enfin le Purgatoire
se situe auuu premier étage. L’artiste français, d’origine algérienne, réinterprète
ainsi les structures complexes de la Divine Comédie de Dante Alighieri.
Une série de photographies nommées
« Rochers carrés » ouvre la visite. Elles représentent de jeunes gens
à Alger, vus de dos, en train de regarder de l’autre côté de la Méditerranée.
Cette symbolique d’un futur (possible ou impossible) se trouve contrebalancée
par le seul protagoniste qui lit un journal, avide de nouvelles locales. Une
vidéo « Oil and Sugar #2 » montre un cube composé de morceaux de
sucre blanc sur lequel se répand du pétrole noir. Peu à peu, tout s’assombrit,
le sucre s’effondre tandis que le pétrole s’impose. Cette désintégration d’un
monde, le nôtre, prend toute sa force avec le changement d’échelle puisque les petits
morceaux semblent des blocs de pierre et que le supposé grand édifice finit en
bouillie noirâtre.
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| Kader Attia, "Rochers carrés", série photographique, 2008. MO.CO. Montpellier,2024. |
Le Purgatoire propose diverses œuvres dont
une composition à la fois triviale et mystique, « Halam Tawaff », où
des canettes de bière vides représentent les comportements addictifs de l’être
humain qui le conduisent dans un cercle infernal. Passons aux Enfers avec « Culture,
Another Nature Repaired ». Des bustes en bois taillés à la hache par
l’artiste reprennent des images de soldats de La Première Guerre mondiale. Ces
blessures convoquent à la fois le primitivisme et l’expressionnisme dans
l’histoire des arts et la possible réparation actuelle. On trouvera ensuite des
arbres composés de lance-pierres et une installation de bâtons de pluie en
mouvement cyclique. Entre pensée révolutionnaire et apaisement de l’âme lié aux
sonorités bienfaisantes s’ouvre un nouveau décor. Le Paradis, situé dans ce
sous-sol de l’institution, dont le caractère chthonien frappe à chaque visite.
C’est dans ce lieu paradoxal que Kader Attia propose sa vaste monstration avec
un film, Pluvialité # 1, tourné dans diverses localités du nord de la
Thaïlande. Il est question d’un corps de jeune homme possédé par un esprit
féminin. Il tombe malade en résistant, en l’acceptant il renaît. La mise en
rapport des architectures, de la nature foisonnante et de la pluie omniprésente,
crée les conditions de cette mise en images d’une trans-formation. Aux divers
coins de la salle interne de projection, des masques recouverts d’éclats de
miroirs, nommés Mirrors and Masks, nous défient dans nos certitudes,
totems et tabous d’un ancien art occidental.
Ressentons-nous du désenchantement, de la désillusion ou une potentielle résurrection ? À chacune et chacun de traverser les différents cercles (ou étages) de cette Comédie et d’éprouver le monde qui bouge.
Christian Skimao


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