Exposition
Frank Stella Recent works
Ceysson
& Bénétière au Domaine de Panery ( près d’Uzès)
Du 5 juillet
au 28 septembre 2024

Frank Stella, La prima spada et l'ultima scopa, 1983. Domaine de Panéry, 2024.
Baroque
mais pas trop
Frank Stella, artiste américain, connu
mondialement pour ses compositions minimales en peinture, les fameux
« shaped canvas » et ses recherches dans le domaine de l’Op Art, est né
en 1932 et nous a quittés le 4 mai 2024. L’évolution permanente de son
travail va le conduire à partir des années 1980 à des œuvres plus excentriques,
où les contrastes visuels entre formes libres, cônes et cylindres jouent à
plein comme, celle exposée au Domaine, La prima spada e l’ultima scopa (1983).
Le titre, en français, La
première épée et le dernier balai fait référence à un conte populaire de Campanie, repris par
Italo Calvino, qui met en scène et en rivalité sept garçons et sept filles. À partir des années 2000,
tout semble exploser avec de nouveaux matériaux comme l’acier, la fibre de
verre, l’aluminium, différents types de plastique, etc., en apparence seulement,
puisque l’artiste continue sur sa lancée en investissant l’espace de façon plus
voyante et plus explosée.
Dans les deux lieux d’expositions, se
trouvent beaucoup d’œuvres récentes, comme les hommages à Domenico Scarlatti et
à ses sonates au travers d’une transposition hardie grâce à l’enchevêtrement
même de ses matériaux. Entre le compositeur du 17ème - 18ème
siècle et l’artiste du 20ème - 21ème siècle, se glisse à
la fois l’esprit de sérieux, mais aussi une certaine malice avec cette
transposition utilisant des composantes plastiques et métalliques. La lettre K se
réfère à la numérotation des sonates par le grand musicologue et claveciniste Ralph Kirkpatrick. Plusieurs œuvres murales, nommées Fluid Motion Extended
(2020 et 2021) proposent des travaux réalisés avec de la peinture automobile
tandis que des nuages en plastique blanc enrobent l’ensemble, reconstituant la
fumée des cigares appréciés par le créateur.

Frank Stella, Split Star, 2015-2022, Domaine de Panéry, 2024.
Peut-on faire l’économie de la thématique des
étoiles, surtout en se nommant Stella ? Une brassée d’étoiles sur un
support (socle ?) nommée Split Star (2015-2022), inox et peinture, semble
jouer avec l’idée de ribambelle ou de constellation très colorée tandis qu’en
contrepoint une étoile géante en bois de teck, démontable, Frank’s Wooden
Star (2024) se trouve à l’extérieur. La circulation entre intérieur et
extérieur oblige aussi à réfléchir sur le clinquant volontaire d’un côté et la
dimension presque sacrée de l’autre.
Enfin, apparaissent quelques réalisations planes issues du temps du confinement, des Corona collages (2023) fort surprenantes. L’artiste avait travaillé sur de petits formats pendant la période d’isolement obligatoire. Ces derniers ont été agrandis par la suite, devenant de grandes toiles peintes à l’acrylique où la narration interne convoque des références inattendues. Dernière surprise, trois œuvres sur papier, sur les murs du caveau de dégustation, guettent patiemment le regard des amateurs et amatrices.
Christian Skimao
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