Installation
monumentale de William Kentridge
Je
n’attends plus
LUMA, La
Mécanique Générale, Face Nord, Arles
Eté
2024
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| William Kentridge, "Je n'attends plus", vue partielle, LUMA, Arles, 2024. |
Vaisseau fantôme pour Afrique du Sud surréelle
More Sweetly Play the Dance, vue à Arles en 2016 dans les locaux provisoires
de la Luma, apparaît
comme une parade sans fin où des personnages réels ou imaginaires parcourent un
long chemin ponctué musicalement par des références multiples. Le but demeure
la marche elle-même, optant non pour une parade mortuaire mais pour la vie, toujours
recommencée. En parallèle, Oh To Believe in Another World fonctionne
avec un orchestre jouant la Symphonie n° 10 du compositeur russe Dmitri
Chostakovitch. On retrouve Nose (2010), d’après un opéra de 1930 du
compositeur précédent, d’après une nouvelle de Gogol, où le ridicule le dispute
souvent au tragique. Les problématiques liées à l’héritage colonial et
l’apartheid pour l’Afrique du Sud se trouvent évoquées avec La politique des
cartes et sa série Porter. KABOOM ! une
installation issue de la performance The Head & The Load (2018),
se présente en tant qu’hommage aux porteurs africains enrôlés dans les armées
anglaise, française et allemande entre 1914 et 1918 et qui furent
oubliés -volontairement- par l’historiographie officielle des nations
européennes.
La mise en relation entre
artistes et courants idéologiques s’incarne au mieux avec les avant-gardes
héroïques du 20ème siècle. On retrouve les
interrogations de Kentridge sur le mouvement Dada, les diverses intersections
existant entre le théâtre, la peinture, la sculpture, le ballet et la poésie.
La littérature, déstructurée par ces recherches formelles ainsi que l’absurde
et l’utilisation de l’inconscient inspirent aussi les recherches de l’artiste
sud-africain. Il en profite pour introduire des notions personnelles dans ce
vaste champ opératoire. Ainsi le parcours rejoint l’anecdotique sur fond
historique et détournement avec O
Sentimental Machine (2015)
qui rappelle l’exil de Léon Trotski sur l’île turque de Büyükada de 1929 à 1933,
avec une reconstitution de sa chambre. Diverses vidéos évoquent ses discours
tandis que sa secrétaire Evgenia Shelepina se trouve placée dans des situations
burlesques.
Toutes ces installations semblent
fonctionner
comme une sorte de mille-feuille conceptuel où les couches se superposent dans
un ordre défini. Bien sûr Kentridge ne respecte pas cet arbitraire pâtissier,
il déplace les propositions et les couches, établissant dès lors des connexions
improbables. Le Surréalisme retrouve une place, non pas coincé dans certains
carcans historiques, mais dans son déplacement même, à l’intérieur d’une
contemporanéité mouvante.
Christian Skimao

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