vendredi 26 juillet 2024

Exposition Friedlander/Coen, LUMA Arles, 2024

 

Exposition Friedlander/Coen

Lee Friedlander Framed by Joel Coen

LUMA, La Tour, galerie des archives, Arles

Dans le cadre des rencontres de la Photographie / Arles associé

Eté 2024

 

 

Séquence avec cadres tiré du film de Joel Coen sur Lee Friedlander, LUMA Arles, 2024.

 

                                              Un pas de deux

 

 

   Partant de l’œuvre de Lee Friedlander, immense photographe, Joel Coen (l’un des deux frères), grand cinéaste a réalisé un film consacré au premier intitulé Joel Coen Reframes Lee Friedlander. La participation active de Frances McDormand, talentueuse actrice, doit se trouver soulignée, sans oublier la mise en espace très convaincante, côté français, de Matthieu Humery.

 

  Ce déplacement d’outre-Atlantique à Arles opère à partir d’une sélection de 70 photographies de Friedlander, soit une exposition petite en taille, mais grande en qualité. Son travail s’inscrit sur une longue durée, une soixantaine d’années. Il est né en 1934 à Aberdeen (Etat de Washington) et a commencé très tôt la photographie. Poursuivant une recherche à la fois documentaire et esthétique sur le « paysage social » américain, la rue, la vie quotidienne, mais aussi la nature avec les arbres ou les monuments (série The American Monument). Les compositions fonctionnent de façon élaborée, tout en tenant compte des impondérables comme les ombres ou les objets parasites. Les personnes semblent traverser ses photos, sérieuses ou rieuses, prises sur le vif, parfois dans des positions inattendues.

   

  L’accrochage des photos repose sur un rythme binaire, parfois ternaire, clin d’œil aux rythmes musicaux, créant ainsi pour l’œil une nouvelle partition. On se souviendra que des années 1950 aux années 1970, Friedlander photographie aussi des artistes de jazz, de country et de blues, avec qui il entretient une relation souvent étroite (série American Musicians). Cadrer , recadrer, décadrer, encadrer, … voilà des point d’ancrage du film de Joel Coen qui opte pour une suite d’oeuvres, en plan fixe, à un rythme soutenu ; au niveau du son, le passage d’une photo à l’autre joue avec le bruit du déclic des anciens appareils de projection de diapositives ou encore celui des anciens appareils photos argentiques. On peut aussi poursuivre du côté de la mise en abyme en rappelant que dans un autre bâtiment de la LUMA se trouve exposée au même moment la collection Astrid Ullens de Schooten Whettnall, avec précisément des écrans de télévision photographiés par Friedlander (série The Little Screens). Chez les deux créateurs, le champ apparent du réel se trouve mis à mal par la mise en scène de son dévoilement. Des images naissent de complexes narrations qui suivent des pistes de traverse pour aboutir à un questionnement permanent.

 

 

 

                                                                                                                                                   Christian Skimao

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