Exposition Friedlander/Coen
Lee Friedlander Framed by Joel Coen
LUMA, La
Tour, galerie des archives, Arles
Dans
le cadre des rencontres de la Photographie / Arles associé
Eté
2024
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| Séquence avec cadres tiré du film de Joel Coen sur Lee Friedlander, LUMA Arles, 2024. |
Un pas de deux
Partant
de l’œuvre de Lee Friedlander, immense photographe, Joel Coen (l’un des deux
frères), grand cinéaste a réalisé un film consacré au premier intitulé Joel
Coen Reframes Lee Friedlander. La participation active de Frances McDormand,
talentueuse actrice, doit se trouver soulignée, sans oublier la mise en espace
très convaincante, côté français, de Matthieu Humery.
Ce déplacement d’outre-Atlantique à Arles opère
à partir d’une sélection de 70 photographies de Friedlander, soit une
exposition petite en taille, mais grande en qualité. Son travail s’inscrit sur
une longue durée, une soixantaine d’années. Il est né en 1934 à Aberdeen (Etat
de Washington) et a commencé très tôt la photographie. Poursuivant une
recherche à la fois documentaire et esthétique sur le « paysage social »
américain, la rue, la vie quotidienne, mais aussi la nature avec les arbres ou
les monuments (série The American Monument). Les compositions
fonctionnent de façon élaborée, tout en tenant compte des impondérables comme
les ombres ou les objets parasites. Les personnes semblent traverser ses photos,
sérieuses ou rieuses, prises sur le vif, parfois dans des positions
inattendues.
L’accrochage des photos repose sur un rythme
binaire, parfois ternaire, clin d’œil aux rythmes musicaux, créant ainsi pour
l’œil une nouvelle partition. On se souviendra que des années 1950 aux années
1970, Friedlander photographie aussi des artistes de jazz, de country et de
blues, avec qui il entretient une relation souvent étroite (série American
Musicians). Cadrer , recadrer, décadrer, encadrer, … voilà des point
d’ancrage du film de Joel Coen qui opte pour une suite d’oeuvres, en plan fixe,
à un rythme soutenu ; au niveau du son, le passage d’une photo à l’autre joue
avec le bruit du déclic des anciens appareils de projection de diapositives ou encore
celui des anciens appareils photos argentiques. On peut aussi poursuivre du
côté de la mise en abyme en rappelant que dans un autre bâtiment de la LUMA se
trouve exposée au même moment la collection Astrid Ullens de Schooten Whettnall,
avec précisément des écrans de télévision photographiés par Friedlander (série The
Little Screens). Chez les deux créateurs, le champ apparent du réel se
trouve mis à mal par la mise en scène de son dévoilement. Des images naissent
de complexes narrations qui suivent des pistes de traverse pour aboutir à un
questionnement permanent.
Christian Skimao

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