Exposition
Éprouver l’inconnu (Saison Art et Science)
Exposition
collective avec Isabelle Andriessen, Art Oriente Objet, Verdaguer & Pejus,
Hicham Berrada, Morgan Courtois, HR Giger, Joey Holder, Tishan Hsu, Cooper
Jacoby, Funchal Kim, Josh Kline, Roy Kohnke, Kinke Kooi, Tetsumi Kudo, Emma
Kunz,Candice Lin, Pei-Ying Lin, Špela Petrič, Dimitris Stamatis & Jasmina
Weiss, Mary Maggic, Guadalupe Maravilla, Nam June Paik, Jean Painleve, Bernard
Palissy, Eduardo Paolozzi, Luboš Plny, Lea Porsager, Josephine Pryde, Victorien
Sardou, Jeremy Shaw, Kiki Smith, Alina Szapocznikow, Haena Yoo, Anna Zemankova.
Et les
collections scientifiques de l’Université
MO.CO.
Montpellier Contemporain, du 15 février au 18 mai 2025
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Joey Holder, Charybdis, vue partielle. Exposition MO.CO. Montpellier 2025 |
Croisements insolites
Cette grande exposition
propose une sorte d’hybridation, tant au niveau des œuvres, la plupart
provenant d’artistes actuels, mais aussi d’artistes très historiques (Bernard
Palissy, par exemple), d’autres provenant des réserves de la Faculté de
médecine, du Jardin Botanique, et de diverses institutions scientifiques de
Montpellier. Cette collaboration se retrouve aussi avec la double rédaction des
cartels, comprenant une partie bio-artistique habituelle et un commentaire
d’accompagnement nommé « Regard scientifique » rédigé par des
universitaires du Comité de pilotage des instituts de recherches concernés.
D’emblée, nous interpelle une réalisation flamboyante
de Joey Holder avec Charybdis (2025). Elle travaille sur les
cryptozoologies, l’étude de créatures dont l’existence ne peut être encore
prouvée actuellement. Sur ses écrans défilent des animaux complexes et
fantastiques, animés d’une vie potentielle. Le glissement progressif entre
données réelles et résultats irréels crée un effet de sidération poétique des
plus impressionnants. Yunchul Kim propose également une machinerie complexe de grande
taille nommée Dust of Suns II (2022). Si la beauté scintillante de sa
réalisation apparaît de suite, il ne faut pas négliger sa pensée en action. Ses
poussières se déclinent avec des soleils en une relecture de l’infiniment grand
et de l’infiniment petit. Hicham Berrada propose un envoûtant voyage bleuté, au
travers de cinq vitrines en verre où s’épanouissent des jasmins. Cette installation,
Mesk ellil (2015), montre ce qui n’est pas vu de la croissance des
plantes puisqu’il inverse le cycle lumineux et nous transporte au clair de lune,
quelque part au Maghreb.
Pour quitter, momentanément la technologie,
une sculpture en bronze de la grande Kiki Smith ouvre la monstration, Digestive
System (1998-2024). Cet intestin montre la transposition possible entre la
réalité du corps et de ses organes et une autre imagerie à définir. N’oublions
pas le couple Berdaguer & Péjus avec leurs questionnantes Sculptures
hystériques (2017) tandis qu’Isabelle Andriessen expose deux Ghouls
(2024). Ses réalisations quelque peu cauchemardesques suintent de l’eau et se transforment
de façon insidieuse mais irrévocable. Guadalupe Maravilla propose une série de Disease
Throwers, de grandes pièces avec gong, issues des traditions d’Amérique
latine qui serviraient à des cérémonies de guérison du cancer. Vrai ou faux
l’ensemble demeure saisissant. Les odeurs existent aussi avec Morgan Courtois qui
présente des fragments de corps stylisés en céramique, enduits de parfums
inventés pour l’occasion. Cette évanescence, liée à la trivialité même de notre
existence, ouvre sur une interrogation existentielle.
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Guadalupe Maravilla, Disease Throwers, exposition MO.CO. Montpellier, 2025 |
On trouve aussi de « grands anciens » disparus de l’art contemporain comme Nam June Paik, pionnier de l’art vidéo et ses télévisions très minimales ou encore Eduardo Paolozzi, précurseur du Pop Art britannique. Une mention spéciale pour l’œuvre graphique de H.R. Giger qui a permis à Ridley Scott de donner une dimension extraordinaire à son film Alien et rendre mondialement célèbre le fameux xénomorphe. Un volume, Passage (1971) tout à fait insolite, accompagne les esquisses. Depuis quelque temps déjà, l’apparition des œuvres du dessinateur designer, dans le monde des musées met en avant sa contribution au fantastique biomécanique. Enfin, des oiseaux naturalisés parsèment l’ensemble, ainsi que des squelettes floraux, provenant de la Faculté des Sciences de Montpellier.
L’ensemble des œuvres et leurs interactions
fournissent un copieux programme lors d’une visite qui ne pourra s’envisager de
façon rapide. L’approfondissement des connexions obligera aussi à diverses
recherches passionnantes mais chronophages pour celles et ceux qui voudront
approfondir cette très riche thématique.
Christian Skimao
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