mardi 18 février 2025

Exposition "Éprouver l’inconnu", MO.CO. Montpellier Contemporain, 2025

 

Exposition Éprouver l’inconnu (Saison Art et Science)

Exposition collective avec Isabelle Andriessen, Art Oriente Objet, Verdaguer & Pejus, Hicham Berrada, Morgan Courtois, HR Giger, Joey Holder, Tishan Hsu, Cooper Jacoby, Funchal Kim, Josh Kline, Roy Kohnke, Kinke Kooi, Tetsumi Kudo, Emma Kunz,Candice Lin, Pei-Ying Lin, Špela Petrič, Dimitris Stamatis & Jasmina Weiss, Mary Maggic, Guadalupe Maravilla, Nam June Paik, Jean Painleve, Bernard Palissy, Eduardo Paolozzi, Luboš Plny, Lea Porsager, Josephine Pryde, Victorien Sardou, Jeremy Shaw, Kiki Smith, Alina Szapocznikow, Haena Yoo, Anna Zemankova.

Et les collections scientifiques de l’Université

MO.CO. Montpellier Contemporain, du 15 février au 18 mai 2025

 

           

Joey Holder, Charybdis, vue partielle. Exposition MO.CO. Montpellier 2025

                          

 

                    Croisements insolites

 

  Cette grande exposition propose une sorte d’hybridation, tant au niveau des œuvres, la plupart provenant d’artistes actuels, mais aussi d’artistes très historiques (Bernard Palissy, par exemple), d’autres provenant des réserves de la Faculté de médecine, du Jardin Botanique, et de diverses institutions scientifiques de Montpellier. Cette collaboration se retrouve aussi avec la double rédaction des cartels, comprenant une partie bio-artistique habituelle et un commentaire d’accompagnement nommé « Regard scientifique » rédigé par des universitaires du Comité de pilotage des instituts de recherches concernés.

 

  D’emblée, nous interpelle une réalisation flamboyante de Joey Holder avec Charybdis (2025). Elle travaille sur les cryptozoologies, l’étude de créatures dont l’existence ne peut être encore prouvée actuellement. Sur ses écrans défilent des animaux complexes et fantastiques, animés d’une vie potentielle. Le glissement progressif entre données réelles et résultats irréels crée un effet de sidération poétique des plus impressionnants. Yunchul Kim propose également une machinerie complexe de grande taille nommée Dust of Suns II (2022). Si la beauté scintillante de sa réalisation apparaît de suite, il ne faut pas négliger sa pensée en action. Ses poussières se déclinent avec des soleils en une relecture de l’infiniment grand et de l’infiniment petit. Hicham Berrada propose un envoûtant voyage bleuté, au travers de cinq vitrines en verre où s’épanouissent des jasmins. Cette installation, Mesk ellil (2015), montre ce qui n’est pas vu de la croissance des plantes puisqu’il inverse le cycle lumineux et nous transporte au clair de lune, quelque part au Maghreb.

 

  Pour quitter, momentanément la technologie, une sculpture en bronze de la grande Kiki Smith ouvre la monstration, Digestive System (1998-2024). Cet intestin montre la transposition possible entre la réalité du corps et de ses organes et une autre imagerie à définir. N’oublions pas le couple Berdaguer & Péjus avec leurs questionnantes Sculptures hystériques (2017) tandis qu’Isabelle Andriessen expose deux Ghouls (2024). Ses réalisations quelque peu cauchemardesques suintent de l’eau et se transforment de façon insidieuse mais irrévocable. Guadalupe Maravilla propose une série de Disease Throwers, de grandes pièces avec gong, issues des traditions d’Amérique latine qui serviraient à des cérémonies de guérison du cancer. Vrai ou faux l’ensemble demeure saisissant. Les odeurs existent aussi avec Morgan Courtois qui présente des fragments de corps stylisés en céramique, enduits de parfums inventés pour l’occasion. Cette évanescence, liée à la trivialité même de notre existence, ouvre sur une interrogation existentielle.

Guadalupe Maravilla, Disease Throwers, exposition MO.CO. Montpellier, 2025


    On trouve aussi de « grands anciens » disparus de l’art contemporain comme Nam June Paik, pionnier de l’art vidéo et ses télévisions très minimales ou encore Eduardo Paolozzi, précurseur du Pop Art britannique. Une mention spéciale pour l’œuvre graphique de H.R. Giger qui a permis à Ridley Scott de donner une dimension extraordinaire à son film Alien et rendre mondialement célèbre le fameux xénomorphe. Un volume, Passage (1971) tout à fait insolite, accompagne les esquisses. Depuis quelque temps déjà, l’apparition des œuvres du dessinateur designer, dans le monde des musées met en avant sa contribution au fantastique biomécanique. Enfin, des oiseaux naturalisés parsèment l’ensemble, ainsi que des squelettes floraux, provenant de la Faculté des Sciences de Montpellier.

 

  L’ensemble des œuvres et leurs interactions fournissent un copieux programme lors d’une visite qui ne pourra s’envisager de façon rapide. L’approfondissement des connexions obligera aussi à diverses recherches passionnantes mais chronophages pour celles et ceux qui voudront approfondir cette très riche thématique.

 

 

 

 

                                                                                                                                                         Christian Skimao

 

 

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