lundi 31 mars 2025

Exposition "Les Historiens du futur" de Léo Fourdrinier, Lattes 2025

 

Site archéologique Lattara-Musée Henri Prades, Lattes

Exposition Les Historiens du futur de Léo Fourdrinier

Du 25 janvier au 30 juin 2025

 

 

Vénus, Léo Fourdrinier, exposition "Les Historiens du futur", 2025

 

                                         Yamaha mon amour

 

 

 Nous ne pouvions faire l’économie de cette allusion à Hiroshima …, titre d’un film célèbre d’Alain Resnais, scénario écrit par Marguerite Duras, sorti en 1959 qui nous entraîne d’emblée dans l’Histoire et les histoires des deux protagonistes. L’exposition de Léo Fourdrinier, produite dans le cadre des expositions réalisées par le MO.CO. Montpellier Art Contemporain avec le Musée Henri Prades, s’inscrit dans une sorte de glissement du futur dans notre passé. L’oeuvre installée à l’entrée, Vénus (2024), mixe des parties de moto Yamaha, avec du marbre de Carrare, de l’acier, et de la résine. Ainsi la notion d’hybridation se trouve énoncée d’emblée tandis que s’établissent les correspondances avec ces « historiens du futur ».

 

Léo Fourdrinier, exposition "Les historiens du futur", 2025

  Dans les diverses salles, une tribu de motards ou plutôt leur représentation deviennent les archéologues de nos illusions perdues. Cette collaboration voulue entre vieilles pierres, combinaisons plus ou moins clinquantes, récits antiques et modernes, crée un cocktail détonant et extrêmement contemporain. Ces personnages, revêtus de combinaisons de cuir, chaussés de bottes ou de chaussures de ski, sans visage visible, puisque cachés derrière les visières plus ou moins surdimensionnées de leurs casques, semblent comme disséminés. A la recherche d’une eau disparue (celle du port de Lattara ?), quête philosophique ou triviale réalité d’un monde qui nous guette, ils ne possèdent ni sexe défini, ni hiérarchie apparente. Seuls deux enfants « cosmonautes », (fille et garçon, ou pas), avec une bannière siglée « Love », rompent ce bel ordonnancement des chercheurs en train de chercher. Nos historiens, harnachés de reproductions archéologiques diverses, surtout des moulures de visages antiques, se trouvent aussi reliés à des néons énergisants. Assis nonchalamment, postés en hauteur, accroupis trivialement sur une mosaïque antique, en train de se réunir autour d’une véritable moto Kawasaki (infidélité donc à la Yamaha précitée), dans un décor d’amphores, de jarres, de pots de statues et de bas-reliefs, ils ressemblent à des cueilleurs-guetteurs en train de suivre les dernières traces d’un monde perdu. L’utilisation de la  science-fiction apparaît à la fois très forte mais aussi très parodique. La littérature pourrait nous permettre de situer cette monstration dans le domaine de l’antiquité revisitée, autour de l’œuvre d’un grand auteur français, quelque peu oublié aujourd’hui, Alain Nadaud (1948-2015), influencé par l’imaginaire de Jorge Luis Borges.

 

Léo Fourdrinier, "Les Historiens du futur", 2025



  En tout cas, Léo Fourdrinier possède un sacré sens de la mise en scène et un grand talent pour saisir nos enjeux sociétaux. L’ensemble fonctionne à merveille au travers de ce syncrétisme historique, avec une élégance teintée d’émotion.

 

                                                                                                                                            Christian Skimao

 

 

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