jeudi 17 avril 2025

Exposition Daniela Montecinos, Arles, 2025

 

Exposition Daniela Montecinos

Dans le cadre du Off du Festival du dessin

Saillies graphiques. Dessins

Aux Docks d’Arles , galerie d’art , Arles

Du 11 au 25 avril 2025

 

 


 

                   Contours voyageurs

 

  Les dessins de Daniela Montecinos racontent son monde et racontent le monde. Si sa source d’inspiration apparaît semblable à celle de ses toiles (l’exil, la révolte contre l’injustice, les figures d’un cinéma déjà passé, le vécu personnel, l’enfance, etc.), l’utilisation du medium dessin ouvre la porte à une approche paradoxalement plus brutale et plus subtile. Le tracé du crayon suivrait la trace des pas d’une voyageuse qui circule entre les continents (Amérique-Europe et vice-versa) et les histoires qui en découlent. Loin de faire du passé, table rase, l’artiste l’orchestre à nouveau dans un récit contemporain qui nous emporte dans son tourbillon.

  Les techniques utilisées diffèrent en fonction du propos : un dessin traditionnel dans le cadre d’un champ figuratif ou parfois un éclatement de la représentation au travers d’un tachisme de circonstance. Les personnages, parfois flous et vibrionnants, jouent avec l’effet du mouvement comme dans certaines recherches cinétiques. Mais il s’agirait plutôt de mettre en avant mouvement et immobilisme, les deux cohabitant dans un espace-temps difficile à définir exactement. Ainsi fonctionne un diptyque de grand format intitulé Crossing Borders avec des silhouettes de chiens et chats qui se trouvent en contact avec des pinceaux et des silhouettes. L’artiste présente à la fois l’œuvre en train de se faire et le passage vers un ailleurs (meilleur, forcément meilleur) où s’engage une silhouette portant un lourd bagage sur sa tête. Il ne s’agit ni d’exotisme, ni de complaisance de circonstance comme nous en voyons de temps à autre, mais d’une grande empathie de la part de l’artiste avec celles et ceux qui doivent fuir. La force de la narration que l’on rencontrait déjà dans sa production de toiles se conjugue ici avec une sorte d’urgence. Si la thématique de l’exil, même intérieur, résonne comme une évidence, d’aucuns préfèrent d’illusoires enracinements, parfois inventés la veille, par crainte de l’altérité.

Daniela Montecinos, Dessins, vue partielle, 2025


  Daniela Montecinos pratique donc un art du dessin où l’allusif le dispute au figuratif. Du texte prend aussi place dans ses valises, frappées de vignettes qui mettent en abyme d’autres scènes. L’espace tragique du monde se pare de l’élégance de sa dénonciation au travers de ce que l’on nommerait son style. Comme dans ses peintures qui optent pour une référence cultivée à l’histoire de l’art, l’artiste explore ces territoires mentaux en y apportant sa science du dessin. Les tracés des histoires intimes se retrouvent dans les enjeux de l’Histoire ; chez elle n’existe aucun sentimentalisme de pacotille, mais une vibrante nostalgie qui irrigue la totalité de sa production.

       

                                                                                                             Christian Skimao

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