vendredi 25 avril 2025

 

Festival du Dessin d’Arles, 3ème édition

Expositions dans toute la ville d’Arles

Hommage à Jean-Michel Folon

Du 12 avril au 11 mai 2025

 

 

Stéphane Mandelbaum, sélection d'oeuvres graphiques, Arles, 2025

 

                                               Un dessein, des dessins

 

 

    Cette troisième édition internationale du Festival du dessin, créé par Vera Michalski (Présidente) et Frédéric Pajak (Directeur artistique), table sur un éclectisme susceptible de rassembler des publics très différents. En ces temps de technologies dévorantes, la pratique du dessin questionne l’humanité depuis ses origines.

 

  Avec Jean-Michel Folon (1934-2005) en tête de liste, avec ses réalisations montrées à la chapelle du  Museon Arlaten, artiste quelque peu oublié depuis quelques années et qui semble revenir en force actuellement. Le musée Réattu propose des estampes japonaises d’une grande pureté, prêtées par la BNF, dont celles d’Utagawa Togani (1769-1825) ou de Kitagawa Utamaro avec sa gravure sur bois polychrome intitulée Ivresse à trois ; des dessins d’Ossip Zadkine (1888-1967) sur la guerre de 1914-18 et des autoportraits tardifs donnent la mesure du talent de ce sculpteur dont le musée conserve en permanence deux volumes Odalisque (1932) et Torse de femme (1935). Mention spéciale pour un Jean Moulin inattendu qui figure ici en caricaturiste et en dessinateur de presse.

 

Jean Moulin, Le Marin aux trois filles, vers 1931, Arles 2025

  Trois « femmes puissantes » se trouvent au palais de l’Archevêché : Gudrun von Maltzan et sa déclinaison d’arbres réalisés comme lors d’une performance, avec l’avancée du dessin, le déroulé du papier et le temps qui passe. Françoise Perronno qui mixe dessins et plaques de verre, créant dans la pénombre un environnement d’une simplicité magique. Et Pascale Hémery dont la finesse du tracé et la précision toute classique, en apparence, ouvre sur l’intimité des cités. Il faudrait y ajouter la grande Annette Messager, à l’Espace van Gogh, qui décline son univers onirique, privilégiant ici des dessins de squelettes à l’aquarelle dans une installation traitant de la vie et de la mort. La présence d’artistes moins connus, du moins pour le grand public, comme Francine Simonin (1936-2020) et ses encres, la rapprochent d’une calligraphie gestuelle très lyrique, avec Les parleuses (1991).

 

Deux oeuvres de David Jacot, Arles, 2025

  La sélection d’œuvres de la collection d’Antoine de Galbert, à l’Église Sainte-Anne demeure le plat de résistance de la manifestation. L’art moderne avec Louis Soutter y donne rendez-vous à l’art contemporain avec Markus Raetz. Une découverte de taille, Stéphane Mandelbaum (1961-1986), artiste néo-expressionniste, fasciné par les bas-fonds, assassiné par la pègre et d’un talent foudroyant. Sans oublier l’énigmatique travail réaliste de Stéphane Borremans et le surréalisme tardif d’Olivier O. Olivier (1931-2011), membre du groupe Panique avec Fernando Arrabal et Alejandro Jodorowsky. À la fondation Lee Ufan, au second étage, des gouaches lumineuses de Bram van Velde d’un côté et un hommage à Nadia Léger, femme de Fernand Léger, qui a suivi bien des courants de la modernité avec une sorte de décalage temporel.

 

  Concernant l’humour, une sélection de dessinateurs se trouve au rez-de-chaussée du Croisière avec l’immense Sempé, Tetsu, Loup, Maurice Henry ou Bara, pour ne citer qu’eux.  Au premier étage, trois personnalités fortes, classées dans le cadre d’un art brut récent : Clemens Wild et ses personnages « invisibles » ou plutôt invisibilisés, infirmières, aides soignantes, femmes de ménage, etc. ; les cas hors-limites de Sandrine Mbala ; enfin David Jacot et ses très émouvants personnages liés par l’étreinte. Leurs compositions flirtent avec certaines obsessions personnelles, tout en dénonçant une société par trop normée, la nôtre ! Tout à fait différent, une belle sélection du grand illustrateur belge Ever Meulen qui revisite une modernité encore heureuse au travers d’un étonnant dialogue entre vision américaine et ligne claire locale. En espérant la tenue d'un grand hommage à Joost Swarte pour une édition future. Pour terminer, citons le grand Chaval (1915-1968), sa détermination sans faille, son humour noir, au sens où l’entendait André  Breton, et son film dessiné, Les oiseaux sont des cons, chef-d’œuvre répétitif en noir et blanc, à la Chapelle du Méjean.

 

 A suivre pour 2026 …

 

                                                                                                                                                      Christian Skimao

 

 

 

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