Festival
du Dessin d’Arles, 3ème édition
Expositions
dans toute la ville d’Arles
Hommage
à Jean-Michel Folon
Du 12
avril au 11 mai 2025
Stéphane Mandelbaum, sélection d'oeuvres graphiques, Arles, 2025 |
Un
dessein, des dessins
Cette troisième édition internationale du Festival
du dessin, créé par Vera Michalski (Présidente) et Frédéric Pajak (Directeur artistique),
table sur un éclectisme susceptible de rassembler des publics très différents.
En ces temps de technologies dévorantes, la pratique du dessin questionne l’humanité
depuis ses origines.
Avec Jean-Michel Folon (1934-2005) en tête de
liste, avec ses réalisations montrées à la chapelle du Museon Arlaten, artiste quelque peu oublié
depuis quelques années et qui semble revenir en force actuellement. Le musée
Réattu propose des estampes japonaises d’une grande pureté, prêtées par la BNF,
dont celles d’Utagawa Togani (1769-1825) ou de Kitagawa Utamaro avec sa
gravure sur bois polychrome intitulée Ivresse à trois ; des dessins
d’Ossip Zadkine (1888-1967) sur la guerre de 1914-18 et des autoportraits
tardifs donnent la mesure du talent de ce sculpteur dont le musée conserve en
permanence deux volumes Odalisque (1932) et Torse de femme (1935).
Mention spéciale pour un Jean Moulin inattendu qui figure ici en caricaturiste et
en dessinateur de presse.
Jean Moulin, Le Marin aux trois filles, vers 1931, Arles 2025 |
Trois « femmes puissantes » se
trouvent au palais de l’Archevêché : Gudrun von Maltzan et sa déclinaison
d’arbres réalisés comme lors d’une performance, avec l’avancée du dessin, le
déroulé du papier et le temps qui passe. Françoise Perronno qui mixe dessins et
plaques de verre, créant dans la pénombre un environnement d’une simplicité
magique. Et Pascale Hémery dont la finesse du tracé et la précision toute
classique, en apparence, ouvre sur l’intimité des cités. Il faudrait y ajouter
la grande Annette Messager, à l’Espace van Gogh, qui décline son univers
onirique, privilégiant ici des dessins de squelettes à l’aquarelle dans une
installation traitant de la vie et de la mort. La présence d’artistes moins
connus, du moins pour le grand public, comme Francine Simonin (1936-2020) et
ses encres, la rapprochent d’une calligraphie gestuelle très lyrique, avec Les
parleuses (1991).
Deux oeuvres de David Jacot, Arles, 2025 |
La sélection d’œuvres de la collection
d’Antoine de Galbert, à l’Église Sainte-Anne demeure le plat de résistance de
la manifestation. L’art moderne avec Louis Soutter y donne rendez-vous à l’art
contemporain avec Markus Raetz. Une découverte de taille, Stéphane Mandelbaum (1961-1986),
artiste néo-expressionniste, fasciné par les bas-fonds, assassiné par la pègre et
d’un talent foudroyant. Sans oublier l’énigmatique travail réaliste de Stéphane
Borremans et le surréalisme tardif d’Olivier O. Olivier (1931-2011), membre du
groupe Panique avec Fernando Arrabal et Alejandro Jodorowsky. À la fondation
Lee Ufan, au second étage, des gouaches lumineuses de Bram van Velde d’un côté
et un hommage à Nadia Léger, femme de Fernand Léger, qui a suivi bien des
courants de la modernité avec une sorte de décalage temporel.
Concernant l’humour, une sélection de
dessinateurs se trouve au rez-de-chaussée du Croisière avec l’immense Sempé,
Tetsu, Loup, Maurice Henry ou Bara, pour ne citer qu’eux. Au premier étage, trois personnalités fortes,
classées dans le cadre d’un art brut récent : Clemens Wild et ses personnages
« invisibles » ou plutôt invisibilisés, infirmières, aides
soignantes, femmes de ménage, etc. ; les cas hors-limites de Sandrine Mbala ;
enfin David Jacot et ses très émouvants personnages liés par l’étreinte. Leurs
compositions flirtent avec certaines obsessions personnelles, tout en dénonçant
une société par trop normée, la nôtre ! Tout à fait différent, une belle
sélection du grand illustrateur belge Ever Meulen qui revisite une modernité
encore heureuse au travers d’un étonnant dialogue entre vision américaine et
ligne claire locale. En espérant la tenue d'un grand hommage à Joost Swarte pour une édition future. Pour terminer, citons le grand Chaval (1915-1968), sa détermination sans
faille, son humour noir, au sens où l’entendait André Breton, et son film dessiné, Les oiseaux
sont des cons, chef-d’œuvre répétitif en noir et blanc, à la Chapelle du
Méjean.
A suivre pour 2026 …
Christian Skimao
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