lundi 12 mai 2025

Exposition Maria Lassnig, LUMA Arles ,2025

 

Archives Hans Ulrich Obrist

Exposition Maria Lassnig “Vivre avec l’art empêche de se faner », La Tour, galerie des Archives, galerie du Cerisier, niveau -2, LUMA, Arles

Saison 2025, ouverture en mai

 

 

Maria Lassnig, Früstück mit Ohr (Petit-déjeuner avec oreille), 1967. LUMA 2025.

 

                                                Éclectismes (partie 2)

 

   Retour à la peinture avec une importante présentation d’œuvres de Maria Lassnig  (1919-2014), grande créatrice autrichienne qui s’inscrit dans une peinture très particulière, à la fois expressionniste et surréaliste, mais qui penche aussi du côté de l’informel et la Nouvelle Figuration. L’importance de son engagement féministe se traduit par une mise en scène de sa propre personne, sans aucune complaisance, en utilisant souvent des couleurs criardes, exprimant à la fois la dureté des temps et une certaine hostilité du milieu où elle vit. Elle a beaucoup pratiqué l’autoportrait qui repose sur la notion de « conscience corporelle » qui peut se traduire par le fait qu’elle peint, non pas ce qu’elle voit, mais ce qu’elle ressent au travers des parties de son corps. Ce subjectivisme ne demeure néanmoins pas à l’état de rêverie mais apparait comme le moteur d’un activisme tous azimuts. 

 

Maria Lassnig, Selbst als Almkuh (Moi-même en vache alpine), 1987. LUMA 2025.

  Avec Selbst als Almkuh (Moi-même en vache alpine) de 1987, se met en place une fusion de la nudité de l’artiste avec la silhouette d’une vache alpine à cornes. Elle inscrit son propos dans une relecture mythologique sous-jacente tout en gardant une ironie constante par rapport à cette interprétation trop éthérée, car la vache pourrait être aussi un animal doué d’une intelligence limitée. Par contre au niveau de la figuration, nous nous trouvons face à un autoportrait féminin aux seins nus : naturisme ou naturalisme ? La forme générale demeure dans le registre du grotesque tout en évoquant un fort sentiment de puissance qui l’autonomise par rapport à un regard masculin. Enfin, les couleurs pastel apportent une gaieté inattendue évoquant une plaisanterie sur fond d’alpages autrichiens de sa jeunesse, tout en optant pour des tracés assez bruts. Elle est intervenue dans le domaine de l’animation avec un film comme Selfportrait (1971), où sa tête, peinte au feutre, chante en anglais avec un très fort accent autrichien. La présentation de ses désirs et de sa quête éternelle se trouve tournée en dérision par elle-même, une approche très parodique, proche du style d’une chanteuse de cabaret des années 1930.  Maria Lassnig recevra conjointement avec Marisa Merz, le Lion d’Or de la Biennale de Venise en 2013. Hans Ulrich Obrist a été frappé à 17 ans par sa rencontre ans avec elle dans son atelier de Vienne. Il a continué à la défendre et à mettre en avant son travail, tant au niveau critique qu’à la Serpentine Gallery de Londres. Des affiches d’exposition, des entretiens vidéo entre eux deux ainsi que leur correspondance, classée chronologiquement, complètent l’ensemble.

 

 

                                                                                                                                                        Christian Skimao

 

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