mercredi 29 octobre 2025

Expositions Gabriel Abrantes et Constantin Nitsche, Collection Lambert, 2025-26

 

Deux expositions

Gabriel Abrantes  LIMBO

Du 26 octobre 2025 au 20 mars 2026

Constantin Nitsche La Valse des fleurs

Du 26 octobre 2025 au 25 janvier 2026

Collection Lambert, Avignon

 

 

Gabriel Abrantes, peinture, installation, exposition Collection Lambert, 2025

 

                               Une traversée du miroir

 

 

   Gabriel Abrantes est un réalisateur américano-portugais, mais aussi un créateur polymorphe. Dans les salles de l’Hôtel de Montfaucon, l’installation Bardo Loop comprend quatre vidéos Chanteur triste, Je veux avoir un bébé, Victimes et Rupture qui convoquent, en images de synthèse, des fantômes. Ceux-ci engagent des dialogues et nous donnent un spectacle consternant, allant de la non-communication à l’agressivité. Ils semblent suivre les travers des discussions sur les réseaux sociaux, où l’on ne sait jamais quand se trouvera atteint le fameux point Godwin, lorsque les arguments laissent place aux analogies. Formellement ses images semblent irréelles, prises dans des cadres élégants, avec un piano émergeant d’une eau surgie de nulle part ou dans des décors apocalyptiques avec flammes. La mise en espace au travers de plans inclinés laisse apparaître l’image d’une surface de téléphone portable, mais hors d’échelle. La narration prend parfois une tournure plus personnelle, incluant la perte d’un être cher. La distance établie par l’intelligence artificielle fait que ces êtres irréels, errant dans le Bardo (sorte de limbes), se trouvant prisonniers dans cette boucle (Loop) à la fois métaphysique et grotesque, finissent par acquérir une dimension humaine. Trop humaine ? Dans un autre registre, plus plaisant, la vidéo A brief History of Princess X (2016) compte une narration improbable entre Brancusi et l’une de ses œuvres aux formes suggestives avec Marie Bonaparte, la psychanalyste et l’amie de Freud. Des peintures existent également, installées dans un décor théâtral, dans la salle du fond. Le minimalisme de ce décor suggéré, entre construction et évolution, permet de voir les œuvres d’un œil neuf. Nous nous trouvons, une fois encore, dans un monde hybride où l’artiste utilise ses recherches avec l’IA, puis passe à l’huile, non sans talent. Des fantômes se trouvent mis en lumière dans un cadre fixe tandis que l’histoire de l’art défile devant nos yeux. Des dessins font transition dans le couloir, remplissant une fonction de potentielles réalisations à offrir.

 

 

Constantin Nitsche, peinture, exposition Collection Lambert, 2025

  Constantin Nitsche, artiste allemand, vit et travaille à Marseille et ce déplacement Nord-Sud n’est point anodin. Il expose pour sa première exposition monographique en France dans le sous-sol de l’Hôtel de Montfaucon. Son travail pictural interroge le semblant des choses, la face cachée de l’art, le point de dissolution des réalités. Sa peinture, référentielle et cultivée, annonce souvent Matisse et Bonnard, mais seulement en apparence. La construction initiale se trouve mise en suspens par la mémoire de l’artiste au travers de repentirs nombreux qui interrogent le dessous des cartes. Ainsi apparaissent des visages, simplement suggérés, semblables à des fantômes. Là encore, la vraie vie se trouve ailleurs, c’est-à-dire dans l’acte même de peindre. En ces temps de retour de la figuration, à la vitesse d’un cheval au galop, Nitsche opte pour le pas de côté qui nous rappelle que la peinture est à la fois « cosa mentale » et réappropriation de la matière même. Une série nommée Valse des Fleurs, nous montre, au travers d’un découpage spécifique, que la rigueur apparente cache une étrangeté toute freudienne. La notion d’atmosphère semble également importante ainsi que le décalage spatio-temporel. La luminosité très spécifique du sous-sol avec sa blancheur parfois éblouissante donne une vie singulière aux œuvres de l’artiste. Ainsi la nostalgie perdure au travers de l’éblouissement d’un soleil de théâtre.

                                                 

                                                                                                                                                Christian Skimao

 

                                                                                                      

 

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